Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes, témoins de l’intervention des forces de l’ordre à Libreville et à l’intérieur du pays, condamnent l’usage disproportionné de la force publique ces dernières heures. L’un d’eux, Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre, a lui-même été victime ce mercredi 10 avril au PK8, et évoque l’usage d’armes de poing et de grenades lacrymogènes.

A Libreville et à Port-Gentil, des policiers ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser des marches pacifiques (ici au PK7-8). © D.R.

 

La police gabonaise aurait-elle déjà échoué dans sa mission de maintien de l’ordre face à la contestation des élèves contre les nouvelles conditions d’attribution des bourses d’études aux nouveaux bacheliers ? Sur les réseaux sociaux, beaucoup répondent par l’affirmative, images et témoignages à l’appui. En effet, seulement trois jours après le début des marches pacifiques des élèves, la police a répondu par la violence, particulièrement à Libreville et à Port-Gentil.

Dans la capitale économique, ce sont les élèves du lycée technique Jean Fidèle Otando et du lycée Joseph Ambouroue Avaro qui ont essuyé des tirs de grenades lacrymogènes lundi, lancées par la police locale ayant préféré la manière forte plutôt que d’opter pour la discussion. Plusieurs élèves ont été conduits dans des structures de soin de la ville après avoir inhalé ce gaz toxique.

À Libreville, certains assurent que «c’était pire». Ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima a partagé sur sa page Facebook, ce mercredi 10 avril, la scène qu’il a vécue au PK8. Il évoque les «dérapages» des agents des Forces de police nationale aux alentours du Marché-Banane. «La police a fait à plusieurs reprises usage d’abord de gaz lacrymogène sans tenir compte de ce qu’il s’agissait d’une zone de marché avec des commerçants, des travailleurs d’autres corps de métiers, des voyageurs juste venus emprunter des bus pour aller à l’intérieur du pays et des élèves venus des établissements alentours. Tous, nous avons été gazés», raconte-t-il.

Mais en plus des grenades lacrymogènes, l’ancien chef du gouvernement assure que les policiers en civil ont fait usage de leurs armes de poing à l’encontre des élèves, pour extirper un des leurs ayant foncé dans le groupe des jeunes manifestants. «Dans leur fuite, des policiers en civil ont fait usage de leurs armes de poing à plusieurs reprises. En effet, deux d’entre eux ont sorti et fait usage de leurs armes de poing et tiré certes en l’air, mais clairement en direction des élèves», raconte-t-il, estimant qu’il s’agissait d’«une manœuvre aussi inutile que risquée, parce que susceptible de déraper sérieusement». D’autant que, fait-il remarquer, «en tirant tout en reculant, la direction de ces armes aurait pu être la tête ou le corps de l’un de ces élèves».

Pour tenter d’effacer les traces de leur bavure, les policiers auraient arraché leurs téléphones aux élèves qui filmaient la scène. Cet événement rappelle un autre tout aussi triste : celui survenu en novembre 2017 au PK5 au cours duquel un gendarme avait dégoupillé et jeté une grenade lacrymogène dans un taxi-bus verrouillé avec une dizaine d’élèves à bord.

 
GR
 

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