Une semaine après la saisine du juge d’instruction par Alfred Bongo pour exiger de BGFIBank des explications, sur la disparition de 1,5 milliard de francs CFA dans le compte de son d’étude notariale en 2015, la banque a livré sa part de vérités, le 11 avril à Libreville, par la voix de son conseil Raymond Obame Sima. Invitant Alfred Bongo à la retenue, l’avocat a affirmé que «la disparition de la somme est due à la faute professionnelle et déontologique» du frère d’Ali Bongo.

Raymond Obame Sima, l’avocat de BGFI Bank, le 11 avril 2019. © Gabonreview

 

Les contours de l’affaire opposant BGFIBank et Alfred Bongo ont été dressés par le conseil de la banque, le 11 avril à Libreville. L’exercice consistait à «livrer non pas sa version des faits, mais la vérité», a précisé Raymond Obame Sima. Le fils du président Omar Bongo se plaint de la disparition de 1,5 milliard de francs CFA dans le compte de son d’étude notariale en 2015.

Selon Raymond Obame Sima, «le 4 décembre 2014 par délibération, le Conseil d’administration du Fonds gabonais d’investissement stratégiques (FGIS) a procédé à un appel de 1,5 milliard de francs CFA, représentant une fraction non libéré du capital social de Tropical Holding S.A. Ladite somme a été indiscutablement déposée par virement en date du 13 mars 2015 dans le compte d’étude d’Alfred Bongo ouvert dans les livres de la BGFI Bank». Pour la constitution de cette société, a révélé l’avocat, le FGIS a été invité à libérer «40% du montant, soit 600 millions de francs CFA. Un mois après, le dépôt dans le compte d’Alfred Bongo, le FGIS a sollicité de ce dernier le retour de l’excèdent de 900 millions francs CFA afin de virer sur le compte du Fonds souverain du Gabon domicilié à la Beac».

Contre toute attente, l’opération de restitution de la somme n’a pas eu lieu, faute de provisions dans le compte d’Alfred Bongo. Au regard de la situation, une série de rencontres ont été organisées entre la banque et son client afin de procéder aux vérifications d’usage. «Il est en ressorti que les sommes recherchées avaient été dépensées par le cabinet Alfred Bongo lui-même», a précisé Raymond Obame Sima. À en croire l’avocat de BGFIBank, «l’historique des mouvements du compte révèle  qu’entre 16 et le 23 mars 2015, celui-ci a été débité de plusieurs sommes bien au-delà de celles qu’il avait reçues. Plus grave, les libellés ou motifs des opérations sont d’une éloquence indiscutable. D’autant que la plupart d’entre eux ont été effectués par chèques facilement et objectivement vérifiables».

Vu la clarté de ces investigations amiables, Alfred Bongo aurait décidé de décliner la responsabilité de la banque et battre en retraite. En dépit de l’insuffisance des provisions dont l’origine était connue des deux parties, une obligation avait tout de même été faite à Alfred Bongo, en vue de restituer les sommes que lui réclamait le FGIS. Ce dernier aurait «demandé à BGFI Bank par correspondance le 23 juillet 2015, la mise en place d’une ligne de découvert d’un milliard de francs CFA sur la durée de trois mois». Une requête rejetée la banque pour «manque de confiance».

Non content de ce refus, Alfred Bongo aurait initié de poursuites judiciaires contre la banque. Ces procédures «visaient à faire croire malicieusement au véritable propriétaire des sommes litigieuses qu’il y avait un conflit entre la banque et lui, alors qu’en réalité, il était parfaitement édifié sur les mouvements bancaires qu’il a ordonnés», a expliqué Raymond Obame Sima.

Au sujet de ces procédures, Alfred Bongo a premièrement saisi le juge de référé d’expertise afin de faire la lumière sur les fonds virés dans le compte du FGIS. Au cours de l’audience, BGFIBank a indiqué au juge de référé qu’elle ne trouvait aucun inconvénient à cette demande, vu qu’une investigation à l’amiable avait eu lieu. Vidant la saisine, le juge de référé a, entre autres, ordonné une expertise comptable et financière contradictoire. Cette expertise visait à consulter le compte d’Alfred Bongo, et de préciser si celui-ci a été crédité d’un milliard de francs CFA dans la période de janvier 2013 à juillet 2015, en vue d’en déterminer la provenance. En exécution de la décision, le rapport de l’expert du 24 octobre 2016 concluait que la tenue du compte de l’étude d’Alfred Bongo par la BGFI Bank est correcte.

Mécontent de la décision, Alfred Bongo est revenu à la charge par voie d’huissier, en exigeant la communication de certaines informations et pièces du dossier pour justifier les mouvements dans son compte. Suite à cette nouvelle saisine, le juge de référé a rejeté la fin de non-recevoir tirée de la règle «non ibis in idem» soulevée par BGFIBank. De même, le juge a débouté la banque pour sa demande reconventionnelle et ordonné l’exécution provisoire de la décision sur minute et avant enregistrement. Pour l’avocat de la banque, toutes ces décisions ont conduit à la conclusion que le compte d’étude d’Alfred Bongo est correct.

Face à tous ces éléments, BGFIBank s’étonne de la campagne médiatique organisée et planifiée contre elle par Alfred Bongo. Pour Raymond Obame Sima, ce dernier «choisit la délation et la calomnie pour espérer détourner les regards suspects pesant sur lui en jetant l’opprobre sur la banque qui l’a toujours accompagnée dans ses activités». Aussi, l’avocat soutient que la «disparition de la somme est consécutive à une faute professionnelle et déontologique de sa part. En procédant comme il l’a fait, Alfred Bongo a commis une faute élémentaire d’une gravité qu’il ne peut imputer qu’à sa propre légèreté».

En fin de compte, la banque dit se réjouir de la saisine du juge d’instruction par Alfred Bongo. Car, cette procédure «permettra assurément de révéler au grand jour les insuffisances professionnelles et déontologiques du cabinet Alfred Bongo dans sa gestion du dossier», a lancé l’avocat. Aussi, BGFIBank a-t-elle invité Alfred Bongo à «la retenue qu’exige son statut professionnel» et «privilégier les procédures judiciaires, intellectuellement plus convenables».

 
GR
 

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