Les autorités gabonaises ambitionnent de doter le pays de 38 barrages hydroélectriques destinés à alimenter l’ensemble du territoire, notamment des usines de production de minerais, dont 28 dans le bassin versant de l’Ogooué. Selon une étude publiée le 5 février dans la revue scientifique Ecosphère, ce projet constitue une menace pour les espèces de la faune halieutique marine, avec effets négatifs sur le plan culturel et économique.

Les barrages hydroélectriques sont une menace pour la faune halieutique marine. © D.R.

 

Selon une étude publiée le 5 février 2020 par les chercheurs, Joseph S. Cutler J. Andrés Olivos, Brian Sidlauskas et Ivan Arismendi, dans la revue scientifique Ecosphère, le projet de construction de 38 barrages hydroélectriques envisagé par le gouvernement aura des effets néfastes sur l’environnement.

L’ambition du gouvernement est de doter le pays de 38 barrages hydroélectriques destinés à alimenter l’ensemble du territoire, notamment des usines de production de minerais, dont 28 dans le bassin versant de l’Ogooué. C’est vrai que ce type d’énergie a le mérite d’être renouvelable, d’avoir un faible coût d’exploitation et est responsable de peu d’émissions de gaz à effet de serre. De même, la capacité de stockage de ses réservoirs contribue à la compensation des variations de la demande ainsi que de celles des énergies intermittentes (éolien, solaire).

Un impact néfaste sur les poissons

Toutefois, pour ces scientifiques, ce projet constitue une menace importante pour les espèces de la faune halieutique marine, avec effets négatifs sur le plan culturel et économique pour le pays. Selon les chercheurs de l’Université d’Oregon State, les barrages et leurs réservoirs peuvent augmenter la production d’énergie, mais ils fragmenteraient et modifieraient les systèmes fluviaux relativement intacts, et menaceraient potentiellement les pêcheries que ces rivières intactes soutiennent.

Un important nombre de poissons dans les rivières du Gabon sont associés-marins. Ces espèces comprennent le thon à tête noire (Polydactylus quadrifilis), les vivaneaux (Lutjanus spp.), les croasseurs (Pseudotolithus spp.), Bonga Shad (Ethmalosa fimbriata), mulets (Parachevons grandisquamis, Neochelon falcipinnis ), Tarpon Atlantique (Megalops atlanticus ) et semelles de langue ( Cynoglossus spp.).

«Bien que ces poissons soient connus pour pénétrer régulièrement dans les rivières, la plupart des 38 sites de barrage potentiels n’ont jamais été scientifiquement étudiés pour la présence de poissons associés à la mer, et aucune étude formelle du mouvement des poissons dans les écosystèmes d’eau douce du Gabon n’a été menée. En raison de ces lacunes dans les données, il est difficile de prédire comment les barrages proposés peuvent affecter la biodiversité fluviale ou modifier les habitats critiques pour les espèces de poissons économiquement importantes du Gabon», indique l’étude d’évaluation rapide des impacts des barrages sur la faune halieutique marine du Gabon, réalisée à travers l’utilisation de la modélisation MaxEnt.

En effet, il y a trois grandes rivières à écoulement libre (> 500 km) sur le territoire gabonais : l’Ivindo, coulant sans interruption pendant 1063 km; la Nyanga, indemne sur ses 559 km de longueur; et l’Ogooué, qui coule sans interruption sur 557 km de sa longueur totale de 1200 km. Selon les résultats de l’étude, si les 38 barrages sont construits, les poissons associés à la mer perdront environ 17% des habitats fluviaux (7400 km), dont 7% de l’habitat de meilleure qualité (466 km), car les grands barrages et leurs réservoirs empêchent les mouvements de la faune d’eau douce. Ces pertes seront plus importantes sur les fleuves Nyanga, Ogooué, Mvoung, Lolo, Komo et Okano.

Les barrages concernés par ce projet sont : Chutes Boou, Tsengue-Leledi, Dérivation Ogooue ‐ Lolo, Mingouli, Kouata ‐ Mango, Kongue, Grand Poubara, Lifoula, Liboka, Ngoulmendjim, Mafoula Matato, Souka‐Minimal, Angouma, Chutes de l’Imperatrice, Nemguembani, Tchimbele, Ibola, Kinguele aval, Kinguele, Tchimbele aval, Lebombi, Kinguele amont, Poubara 1 & 2, Faga, Omvan amont, Fe II, Omvan aval, Dibwangui Mounana, Makongonio, Igotchi, Ovan,Booue, Iroungou, Iboundji, Mbigou, Mboungou, Medouneu, Mouyanama, Guietsou, Ndindi, Dakota du Nord, Moulengui‐Bindza et la Lope.

 
GR
 

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