Impossibilité d’évacuer la production des essences non interdites à l’export, blocage de la transformation, non-respect des délais de livraison, impossibilité pour l’Etat de collecter les droits et taxes, risque d’une baisse de 50% sur les salaires dans le secteur, menace de chômage pour plus de 5.000 employés, chamboulement de la programmation des escales maritimes sur le Gabon, etc. C’est la conséquence de ce que, depuis le scandale du Kévazingo, la brigade d’Owendo est bloquée. L’Union des forestiers industriels du Gabon et aménagistes (Ufiga) lance l’alerte sur le risque imminent de naufrage de la filière bois.

Françoise Van De Ven entourée des DRH de Rougier Gabon et Precious Wood, le 27 mai 2019, à Libreville. © Gabonreview

 

Les entreprises exerçant dans le secteur bois depuis le scandale du kévazingo, broient du noir. Parmi elles, les affiliées de l’Union des forestiers industriels du Gabon et aménagistes (Ufiga). L’enquête en cours et l’absence des agents de l’administration forestière qui doivent assister à l’empotage des conteneurs avec ceux de la Douane, pour la vérification des produits à l’export, en sont les principales raisons. Après un arrêt du 3 mars au 4 avril 2019 puis une reprise du 5 avril au 1er mai, l’empotage des containers à l’export a de nouveau été suspendu à cause de l’absence des agents des Forêts de la brigade d’Owendo et du cachet nécessaire pour le visa.

Sur les sites à l’intérieur du pays, 3.314 m³ de grumes sont bloqués en attente d’évacuation vers les unités de transformation. Il en en est de même pour 11.798 m³ de grumes arrivées par train au parc de Setrag, alors que les bordereaux de roulage et spécification visés pour le transport par rails existent mais doivent faire l’objet d’un nouveau bordereau avec visa des agents des Forêts pour l’acheminement vers les usines d’Owendo. Aussi, un stock de 29.000 m³ de produits transformés prêts à l’exportation ne peut être acheminés vers l’extérieur.

N’ayant plus de matière première et ne pouvant plus évacuer leurs productions à l’export, les 14 des 15 sociétés de l’Ufiga se retrouvent dans «une situation très précaire». Pour tenir le coup, elles ont dû ralentir leurs activités. Selon l’Ufiga, elles devraient appeler les agents à rester à la maison certains jours de la semaine et, en plus des 373 agents déjà en chômage technique, 760 autres sont menacés. Aussi, les délais de livraison étant largement dépassés, les membres de l’Ufiga craignent la perte de leur crédibilité auprès des clients très mécontents qui feront des réclamations.

Françoise Van De Ven. © Gabonreview

Droit dans le mur

Selon Françoise Van De Ven, secrétaire générale de l’Ufiga, les stocks à l’exportation ont atteint des volumes qui nécessiteront des mois pour être transformés et exportés. Or, durant les vacances plusieurs entreprises ne feront plus de commandes. Ce qui impactera négativement les ventes. «Les pertes pour les opérateurs économiques, membres de notre syndicat, sont très importants et de même pour l’Etat qui n’a pu collecter les droits et taxes sur la transformation/exportation des bois», a-t-elle déclaré ce 27 mai au cours d’une conférence de presse. Selon la dame, certains opérateurs ont perdu un mois et demi de trésorerie. Si la fin du mois de mai, le paiement sera encore possible, au mois de juin ce sera catastrophique puisqu’il n’y a pas de recettes. Les salariés courent le risque de recevoir 50% de leur salaire de base et aucune prime de production. Ce qui pourrait desservir la paix socioéconomique.

Comptant parmi ses membres des sociétés certifiées FSC et PAFC, l’Ufiga détient 26% des 15.000.000 d’ha de permis attribués aux entreprises forestières pour 5.184 employés aussi bien en forêt que dans des usines de transformation. Après des courriers aux administrations concernées et au Premier ministre, l’Ufiga souhaite que l’Etat rétablisse la possibilité d’évacuer et d’exporter à nouveau le bois non-listé dans les annexes de convention CITES relative aux espèces menacées.  Si elle soutient toute démarche visant à éliminer l’exploitation illégale du bois, elle souhaite que la brigade des Eaux et forêts d’Owendo soit renforcée en nombre pour «assister ensemble, avec les agents de la Douane, à l’empotage de bois en conteneurs et ainsi garantir aux navires qui ont des escales programmées, le chargement des marchandises», souhaite Françoise Van De Ven. Ce qui évitera, dit-elle, l’annulation des escales comme c’est le cas pour certaines lignes maritimes à ce jour.

Alors que les entreprises situées à Port-Gentil ou dans la Zes de Nkok continuent leurs activités, d’autres qui travaillent avec la brigade des Eaux et fortes d’Owendo à l’instar de Rougier qui est membre de l’Ufiga, mettent certains sites forestiers à l’arrêt. Et à en croire les propos des opérateurs, d’autres devraient suivre d’autant plus que «si les grumes ne sont pas travaillées en usines, ce n’est pas la peine de les couper en forêt». D’où la nécessité pour la brigade d’Owendo, de reprendre les activités.

 
GR
 

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