Ayant, le 14 février, sanctionné le journal en ligne « Mediaposte.ga » pour un article intitulé «Des gendarmes gabonais pillent et saccagent un village au Congo-Brazzaville», la Haute autorité de la communication (Hac) s’est littéralement fait remonter les bretelles par « Les Echos du Congo-Brazzaville », média congolais à l’origine de l’information condamnée. Quand, avec un petit discours de la méthode, le procédé du père fouettard des médias gabonais est affublé d’épithètes peu reluisantes.

Bertrand Boukaka : «nous sommes des journalistes, pas des diplomates. Notre travail consiste à rendre compte des faits, pas à les placer sous éteignoir (…) afin, pourquoi pas, d’éviter, le cas échéant, un conflit ouvert».© Gabonreview/Shutterstock

 

Fidèle à sa posture de censeur et père fouettard, la Hac a, une nouvelle, fois frappé le 14 février dernier. Elle a suspendu, pour un mois, le journal en ligne Mediaposte.ga. Ce, du fait d’un article intitulé «Des gendarmes gabonais pillent et saccagent un village au Congo-Brazzaville». Le régulateur gabonais des médias blâme «l’inexactitude de cette information», jugée «sans équivoque». Il déplore la non-vérification préalable auprès des seules «sources autorisées» et taxe l’article d’anti-professionnel, tendancieux et dangereux. «Car, visant à mettre en péril les relations fraternelles entre les deux pays partageant une même frontière, une même histoire, des cultures communes, des communautés identiques». Soit.

Questionnement erroné, raisonnement simpliste et incohérent… légèreté

À l’origine de l’information reprise par Mediaposte.ga, le journal congolais Les Echos du Congo-Brazzaville a tenu à recadrer les choses. Son rédacteur en chef, Bertrand Boukaka, n’y est d’ailleurs pas allé de main morte pour infliger une leçon au collège des conseillers-membres de la Hac, pourtant constitué en grande partie de journalistes chevronnés.

Sans doute piqué au vif pour avoir vu son information si facilement qualifiée d’inexacte et non sans reconnaître qu’il enjambe le parallélisme des formes devant prévaloir en l’occurrence, le rédacteur en chef congolais refuse de laisser passer «certaines approximations induites par un questionnement erroné, sur la base d’un raisonnement tout aussi simpliste qu’incohérent, non en phase avec les us du métier, notamment l’investigation journalistique». Il rappelle au régulateur gabonais que «le substrat même de certaines informations sensibles ne se récolte pas dans les officines institutionnelles» et que son journal n’a jamais rien publié ne pouvant être prouvé. «C’est pourquoi, sans faire injure à la Haute Autorité de la Communication du Gabon, nous nous étonnons de la légèreté avec laquelle cette institution a aligné un questionnement inductif et tout aussi déductif à la fois, pour asseoir une conclusion à l’évidence simpliste», regrette-t-il.

Vérité ou ignorance de la Hac et mutisme de la Gendarmerie

Estimant que l’ignorance par la Hac des informations diffusées ou leur récusation par la Gendarmerie ne signifie nullement leur inexistence, Les Echos du Congo-Brazzaville persistent et signent : «les informations publiées sont authentiques». Rappelant que la Gendarmerie est une constituante de la «Grande muette» et n’est donc pas encline aux révélations, le journal assène au collège des conseillers membres de la Hac, qui compte tout de même cinq journalistes de renom : «La logique professionnelle aurait été que votre institution mène sa propre enquête en recoupant les informations à la source avant de déduire de quoi que ce soit. Surtout que le média-source est congolais».

Peignant un tableau sombre de ce qui se passe dans la zone frontalière entre le Gabon et le Congo, Bertrand Boukaka se veut on ne peut plus clair : «nous sommes des journalistes, pas des diplomates. Notre travail consiste à rendre compte des faits. Parfois en lanceur d’alerte, pas à les placer sous éteignoir, au nom de quelconques intérêts bilatéraux, impliquant les deux pays, afin, pourquoi pas, d’éviter, le cas échéant, un conflit ouvert».

La mise au point du journal source congolais va-t-elle déboucher sur la levée de la sanction qui frappe le journal en ligne Mediaposte.ga ? Si les médias se nourrissent des médias, est-il encore autorisé au Gabon de relayer des médias étrangers ? A titre d’exemple, est-il encore permis de parler du Coronavirus (Covid-19) en relayant les médias chinois, sans se référer aux «voix autorisées du Gabon», en l’occurrence le ministère de la Santé ?

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Lewaka dit :

    Ça sert absolument à rien ce truc de HAC…

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