On ne peut prétendre protéger la vie privée, la vie familiale, le domicile et la correspondance tout en s’intéressant à la nature des ébats dans les chambres à coucher. Pourquoi s’intéresser aux relations intimes entre gens de même sexe et pas entre gens de sexes opposés ?

Reconnu comme le plus fort, l’Etat a-t-il pour autant le droit de faire irruption dans les chambres à coucher ? Est-il fondé à dicter à des adultes consentants leur comportement sexuel ? Après l’homosexualité, quel sera son centre d’intérêt ? © huffingtonpost.co.uk

 

Peut-on entendre les certitudes des tenants de la pénalisation de l’homosexualité ? Leurs arguments résisteront-ils à l’épreuve du temps ? En 1967, le Gabon mettait fin au multipartisme et instaurait le parti unique. On évoquait alors les risques de pertes en vies humaines prétendument induits par les querelles inter-ethniques. On pérorait sur l’éventualité d’une fuite de capitaux du fait des rivalités interpersonnelles ou professionnelles. On dissertait sur la nécessité de conjurer les risques d’acculturation. Malicieusement, la notion de liberté était présentée comme une trouvaille «intrinsèquement liée à la conception du multipartisme chez l’Occidental». Y aurait-il aujourd’hui des gens pour soutenir cette thèse ? On peut en douter.

Garantir le respect de la vie privée

Pourtant, plus d’un demi-siècle plus tard, certains ressortent la même rengaine : ils évoquent nos «mœurs» pour renvoyer l’homosexualité dans le patrimoine culturel occidental. A en croire les tenants de la pénalisation de l’homosexualité, notre société ne doit pas être corrompue par des pratiques «occidentales» ou faussement modernes. Seulement, depuis quelques années, des informations tendent à établir un lien entre la présence dans les hautes sphères de l’Etat et la pratique de l’homosexualité. Jamais vérifiées mais véhiculées par la bande, elles font état d’une transformation de cette pratique en ascenseur social. Dans ce contexte, on peut très bien comprendre l’intolérance de certains observateurs. On peut aussi entendre leurs récriminations.

Après tout, comme l’affirment d’aucuns, les termes «homosexuel», «pédéraste», «gay» ou «lesbienne» ne sont pas toujours traduisibles dans nos langues maternelles. Généralement, ils n’ont même pas d’équivalents. N’empêche, les sociétés humaines sont mues par un principe intangible : la quête puis la reconnaissance d’une liberté toujours plus grande. Or, juridiquement, la notion de «bonnes mœurs» renvoie d’abord aux libertés individuelles. Si elle fait référence aux habitudes et usages conformes à la moralité, à la religion ou à la culture, elle vise avant tout à garantir le respect de la vie privée. A la différence de l’ordre public, cette notion n’est pas légale. Evolutive, elle est laissée à l’appréciation des juges et tribunaux. Quand l’ordre public convoque la loi et l’autorité, les bonnes mœurs font appel à l’équité et aux libertés individuelles.

Idée reçue

Depuis quelques jours, un seul argument est servi à toutes les sauces : l’homosexualité est contraire à «nos mœurs», c’est-à-dire aux bonnes mœurs. Peut-on se satisfaire de l’usage abusif de cette idée reçue ? Evidemment non. Contrairement à une certitude répandue, l’homosexualité n’est pas une invention occidentale. A travers les âges, toutes les civilisations humaines l’ont expérimentée et pratiquée. Sur cette question, des écrits existent, nombreux : selon Cheikh Anta Diop, des pratiques sodomiques furent documentées dans la région de l’actuel Mali à la faveur de la destruction de l’empire Songhaï au XVIe siècle ; le jésuite Pierre de Jarric parle de l’existence de mariages entre hommes au XVIIe siècle chez les Kimbundu en Angola ; l’explorateur Peter Kolb décrit l’homosexualité chez les Bushmen d’Afrique du Sud au XVIIIe siècle.  Même si elle a été documentée durant les pénétrations étrangères, l’homosexualité n’est pas une pratique importée. En Afrique comme ailleurs, elle a une origine endogène. Fallait-il légiférer là-dessus ?

Au moins depuis la Conférence nationale de 1990, le Gabon a décidé de placer son vivre-ensemble sous le signe du respect des libertés individuelles. On ne peut prétendre protéger la vie privée, la vie familiale, le domicile et la correspondance tout en s’intéressant à la nature des ébats amoureux. Pourquoi s’intéresser aux relations intimes entre gens de même sexe et pas entre gens de sexes opposés ? Au nom de la nature et de ses lois ? Mais la loi de la nature c’est la loi de la jungle, la loi du plus fort. Reconnu comme le plus fort, l’Etat a-t-il pour autant le droit de faire irruption dans les chambres à coucher ? Est-il fondé à dicter à des adultes consentants leur comportement sexuel ? Après l’homosexualité, quel sera son centre d’intérêt ? Les pratiques sado-masochistes ? L’amour bucco-génital ou génito-anal ? Loin de jouer sur l’argument de la pente glissante, il faut élargir la réflexion. N’en déplaise aux tenants d’une tradition fantasmée, le Gabon vient d’adopter une disposition confiscatoire, discriminatoire et liberticide.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. SERGE MAKAYA dit :

    L’HOMOSEXUALITÉ, C’EST LA FIN DE L’HUMANITÉ. A INTERDIRE A TOUT PRIX POUR LE BIEN DE L’HUMANITÉ… QU’ILS AILLENT SE FAIRE SOIGNER AU PLUS VITE EN PSYCHOLOGIE, EN PSYCHANALYSE OU EN PSYCHIATRIE… A NTARE NZAME, OU VA LE MONDE. PITIÉ !!!

  2. SERGE MAKAYA dit :

    LES PD DOIVENT VRAIMENT SE SOIGNER. ILS SONT DES MALADES QUI S’IGNORENT…

  3. Jon OBIANG dit :

    Trouvez-vous normal que deux personnes du même sex couchent ? Même la nature nous enseigne là dessus, notamment les animaux, présumés inférieures ne le font pas. Les attributs sexuels masculins et féminins se complètent naturellement, selon l’ordre des choses. L’homosexualité est une maladie et nous devons y mettre un terme avant que toute ne l’espèce dire soit corrompue. Alors, ne dites pas que l’État est intrusif à ce niveau, cette loi est justifiée. Si les occidentaux l’ont légalisée, tant pis pour eux : Ne les immitons pas bêtement.

  4. EYUI EYAA dit :

    Aimer son prochain est un difficile apprentissage c’est plus facile de jeter la pierre en se convaincant que si on fait du mal aux autres c’est pour la bonne cause d’ailleurs c’est une pêcherie d’ailleurs c’est un mécréant – toutes les justifications religieuses morales bien pensantes vont sortir du chapeau du
    Magicien – qd on veut se débarrasser de son chien on l’accuse de rage – c’est la même chose – il y a toujours eu des pharisiens pour faire la morale et les lois selon leurs croyances leurs vérités leurs intérêts et leurs peurs – pénaliser l’homosexualite qu est ce que ça révèle de la société – on devrait en analyser les raisons profondes ?

  5. diogene dit :

    Bravo madame de rappeler brillamment que l’homosexualité n’est qu’une pratique qui ne regarde que des adultes consentants. Que de nombreuses sociétés, l’ont pratiqué sans entraves.
    Quant aux ignorants qui affirment que dans la nature il n’y a pas d’homosexualité, ils se trompent.
    Pour déclarer une maladie, il faut être pour le moins médecin, appliquer une méthode,développer un argumentaire, etc…

  6. Sophie Obiang dit :

    Quelle horreur, ces commentaires homophobes de mes frères gabonais. Consternants. Vous n’avez pas encore compris que nous sommes au XIXème siècle ? Et que les innovations qui vont dans le bon sens, mises en œuvre sous la présidence d’Ali Bongo, supposent de la sérénité et de la tolérance ?

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