À Bongoville, la campagne pour les élections locales du 27 septembre ne se jouerait pas seulement dans les urnes. Elle passerait aussi par le tribunal administratif de Franceville. Selon des documents et notifications judiciaires, la section locale du Parti démocratique gabonais (PDG) chercherait à faire invalider les listes de ses adversaires. Mais cette démarche serait elle-même mise en cause, car la signature sur la plainte serait contestée.

PDG contre UDB à Bongoville : une bataille de signatures et de soupçons. © D.R.

 

Dans cette commune du Haut-Ogooué, le climat électoral serait de plus en plus tendu. Entre recours en justice, accusations de faux et méfiance générale, le débat politique se déplacerait peu à peu du terrain aux prétoires. Les habitants, eux, suivent avec inquiétude une bataille où la loi et la stratégie politique s’entremêlent dangereusement.

Une plainte du PDG pour annuler des listes

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Un électeur présenté comme M. Randy Mbagui aurait saisi le tribunal administratif de Franceville pour demander l’annulation des listes UDB et Indépendants à Bongoville. Selon la plainte, certains candidats inscrits sur ces listes seraient encore membres du PDG et n’auraient pas présenté de démission officielle.

Le Code électoral interdit en effet qu’un militant actif d’un parti se présente sous une autre bannière. Si cette accusation était confirmée, le tribunal pourrait annuler les listes contestées et demander leur remplacement.

Une signature jugée douteuse

Mais l’UDB, visé par la plainte, a répliqué avec force. Pour ce parti, les preuves avancées par le PDG seraient trop anciennes et ne suffiraient pas à prouver une appartenance actuelle. Plus grave encore : l’UDB mettrait en avant une irrégularité formelle. La signature de la plainte ne correspondrait pas à celle que M. Mbagui a déposée dans ses documents officiels.

Selon l’UDB, M. Mbagui ne se serait même pas présenté au greffe du tribunal, et aucun mandat spécial n’aurait été produit. Certains parlent donc d’un possible “faux et usage de faux”, ce qui pourrait entraîner l’irrecevabilité de la plainte.

Derrière cette affaire, une idée domine : la section locale du PDG chercherait à éliminer la concurrence par tous les moyens. Mais cette stratégie risquerait de se retourner contre ses auteurs, puisque l’article 87 du Code électoral prévoit des sanctions contre tout électeur qui dénonce des faits inexacts.

Pour l’instant, seule une vérification officielle, par le tribunal, et éventuellement une expertise de la signature, pourra dire si la plainte est valable. En attendant, la campagne électorale à Bongoville reste marquée par la suspicion, et les électeurs se demandent si la bataille politique ne se joue pas davantage devant les juges que devant les citoyens.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Il serait bénéfique, pour la démocratie et pour la restauration du Gabon, qu’il y ait enfin une véritable compétition électorale à Bongoville, une première depuis plusieurs décennies. Jusqu’ici, Ali et Malika Bongo allaient jusqu’à faire embastiller leurs compatriotes afin de se retrouver seuls candidats, preuve que les Bongo, à l’exception peut-être de Denis passé par Harvard, n’ont jamais rien obtenu par le mérite.

    Aujourd’hui, c’est la ville d’Oligui qui a repris les pratiques jadis instaurées par les Bongo à Bongoville : un seul candidat, et toujours issu de la famille. Plus troublant encore, le cousin d’Oligui, candidat unique dans sa propre ville, est membre du PDG. Cela ne confirme-t-il pas qu’Oligui demeure, dans le fond, un PDGiste convaincu et que l’UDB ne sert qu’à masquer cette continuité avec le PDG ?

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