Il était un étrange mélange d’artiste, de champion de full-contact et de manageur visionnaire. Connu du monde des affaires comme promoteur d’une entreprise dénommée «Made in Gabon» et de «Radio Mandarine» aujourd’hui disparue, Bouddha Cardot s’est éteint il y a dix ans déjà, plus exactement le 24 Décembre 2010 à Marseille (France). Retour sur la success story d’un ninja du management. Adaptation d’un article de François Ndjimbi paru pour la première fois en février 2011 dans Économie Gabon+

Bouddha Cardot quitte la planète des hommes dans la nuit de Noël de l’année 2010. © Droits réservés

 

L’entreprise, Made in Gabon, qu’il avait créé au milieu des années 80 et qui fut leader de son secteur ne lui a malheureusement pas survécu bien longtemps. Durant plus d’une dizaine d’années en effet, Bouddha Cardot était à la tête d’un Groupement d’intérêts économiques (GIE) comprenant Made in Gabon (impression textile, tee-shirts et vêtements de travail), Brod’Or (broderie numérique sur polo, casquettes, serviettes et autres supports), Couleurs Plus (imagerie numérique, panneaux 4X3, enseignes lumineuses, objets publicitaires, marquage numérique divers). Démarrée avec quatre personnes, le groupe comptait 50 employés au moment de la disparition de son Manitou.

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Champion d’Europe de Full-Contact

Fils d’armateur et de commerçante-restauratrice, Bouddha Cardot était né le 20 mars 1960. Il s’était d’abord révélé au public gabonais comme champion d’Europe de Full-Contact. Mais, ainsi qu’il le racontera plus tard, «Un jour, en descendant du ring où je venais de remporter le titre de champion d’Europe de Full-Contact, on m’a remis cinq cent francs français, cinquante mille francs CFA, et un sandwich. Dedans, il y avait une tranche de jambon et pas même du beurre. Je me suis dit que je ne voyais pas mon avenir comme ça. Autant d’efforts pour si peu ! Je suis revenu au Gabon

Il avait déjà renoncé à des études de comptabilité entreprises, après son bac, dans une école supérieure parisienne. Rentré au Gabon au début des années 80, il intègre une entreprise de sondages géologiques, travaille un petit moment chez Publi-Séné, la seule une entreprise Librevilloise de sérigraphie dans le milieu des années 80. Il s’investit ensuite dans la restauration rapide à bord de la navette Ekwatta qui reliait alors Libreville et Port-Gentil. Ses cousins tiennent à l’époque l’un des tous premiers magazines indépendant gabonais, «Cocotiers», qui comportait de nombreuses bandes dessinées. C’est dans ce petit univers artistique qu’il rencontre un élève de l’École nationale d’art et manufacture (Enam), et Walker Onewin (aujourd’hui Sénateur après avoir été ministre délégué à la Culture) qui enseignait alors à l’Enam.

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«Made in Gabon»

Conjonction de faits créés par une bonne fée, sa mère démarre alors une imprimerie artisanale de tee-shirts. Il y donne un coup de main, et ses amis de l’Enam complètent sa petite expérience de sérigraphie ramenée de Publi-Séné. Bouddha Cardot est alors un jeune homme fortement inspiré par le Rastafari. Il a d’ailleurs laissé l’image d’un rasta chic, avec ses dreadlocks tombant sur les épaules, son regard pénétrant, ses vêtements de BCBG (Bon Chic Bon Genre) décontracté et cette allure sportive qu’il gardera toute sa vie, même lorsque, du fait d’une calvitie naissante et de ses responsabilités de chef d’entreprise, il se résoudra à couper ses nattes rasta. Il ne perdra cependant jamais ses tablettes abdominales.

«Made in Gabon», l’entreprise de sérigraphie qu’il avait créée et managée jusqu’à sa mort, est ainsi désignée du fait que Bouddha Cardot voulait casser les étiquettes, tordre le cou aux préjugés selon lesquels «les gabonais sont paresseux, ils ne savent pas gérer, n’ont pas de compétences.» N’ayant pas un grand capital, il travaille manuellement, sans machines. Après quelques années ainsi passées à ramer dans l’artisanat, il acquiert auprès de Publi-Séné, qui fermait définitivement, sa première «araignée», une machine de sérigraphie semi-industrielle. Made in Gabon devient ainsi une petite industrie.

Du haut de sa taille moyenne (1,70 m environ), l’ancien champion de Full-Contact a alors une méthode de management qu’il appliquera toute sa vie avec succès : Gérer la structure comme une équipe sportive. «L’entreprise c’est le laboureur et ses enfants. C’est la valeur du travail. Il n’y a pas de secrets : c’est le travail qui donne la force», confiera-t-il en 2007, non sans ajouter qu’il fallait «de la technique, de la stratégie et une hygiène de vie adaptée à ses objectifs.» À ses collaborateurs de Made in Gabon, il instaure alors un programme santé avec du sport, des vitamines à prendre tous les matins et beaucoup de formation. Son frère Auguste Cardot en a témoigné : «Le sport c’était sa vie, sa nourriture quotidienne. Il était toujours à la recherche de la performance, c’est ainsi qu’après le Full-Contact, il est passé à la natation, au cyclisme VTT et à la marche qu’il a inculqué à ses collaborateurs de Made in Gabon

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Radio Mandarine et Rainbow

Bouddha Cardot pense alors que son entreprise doit offrir un package de prestations en communication aux clients qui y viennent. Il saisit donc au bond l’idée d’une radio qui taraudait l’esprit de son cousin Jean-Charles Davain. Il faut dire que Bouddha réalisait déjà, dans des studios d’emprunts, des jingles sonores pour certains de ses clients et qu’il avait déjà contribué à la création, avec Jean-Yves Messan, du Studio Mandarine. Cette radio fm tiendra le haut du pavé près d’une décennie durant. Son cousin Jean-Charles ayant choisi de s’installer définitivement en Europe, Bouddha Cardot décide alors de mettre en hibernation Radio Mandarine. La station n’a jamais été officiellement fermée.

Il se lance entretemps dans une autre aventure musicale en créant le groupe musical “Rainbow” dans lequel il est lead vocal et tient la guitare. On retrouve dans les partitions du groupe des rythmes, des harmonies Rock et même des sons venus d’Amérique du Sud, mais aussi inspirés du Bwiti du Gabon profond ou du Njobi du Haut-Ogooué.

Dans la nuit de Noël de l’année 2010, Bouddha Cardot, qui luttait avec la maladie depuis un bon moment, quitte la planète des hommes. Il n’a alors que 50 ans. Mais quel parcours.

Les grandes œuvres survivent à leur créateur et son frère Auguste Cardot de conclure : «Ce qu’il reste de Bouddha, c’est surtout son côté professionnel. C’est la détermination qu’il savait insuffler aux autres. C’est sa bonté, sa main sur le cœur et surtout cette intuition, ce flair, que ce soit au niveau des opportunités d’affaires ou au niveau de la stratégie d’entreprise. Il nous entrainait parfois sur des sentiers dont on doutait d’abord mais qui finissaient toujours par lui donner raison

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Anguile dit :

    Bouudha ! Tu avais mis notre Gabon sur le podium

    de hautes valeur

    une fierté nationales

    ONERO , walewana awè !!!!

  2. yaali dit :

    il y a beaucoup d erreurs dans cet article concernant Boudha. mais bon, on retiendra que ce monsieur était un monsieur très bien, un mentor pour ceux qui l’ont côtoyé et je fais parti de ceux qui l’ont trop bien connu. Il nous manque à tous. c’etait un ami tres precieux.

  3. tataYo dit :

    UN GRAND MATIN MONSIEUR, vraiment ONERO !
    PAIX À SON ÂME ET A SA MÉMOIRE ! 🙏🏽❤️🇬🇦

  4. Alex2brazza dit :

    Moi,je l’appelais le dieu du full-contact, mon voisin à London dans l’immeuble de son père et moi à Toulon, à côté. Il aimais bien

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