Cambriolages à répétition, braquages, vols de compteurs d’eau et d’électricité, multiplication des bars, nuisances sonores, éclairage public devenu presque inexistant… le quartier Haut de Gué-Gué, dans le 1er arrondissement de Libreville, n’est plus ce qu’il était. Les habitants, plutôt aisés pour la plupart, vivent désormais dans la psychose, au point d’avoir récemment créé une sorte de brigade de surveillance et d’autodéfense au regard du peu d’intérêt affiché par les autorités saisies sur cette situation d’un genre nouveau pour eux. Habituées au calme et à la quiétude, même les cités les plus sures sont devenues dangereuses la nuit tombée.

Plusieurs bars se sont installés au cœur d’une des cités. Une vue de l’état des petites voies jadis bitumées, désormais privées de trottoirs. © GabonReview

 

Changement d’ambiance après des décennies de calme et de sérénité. Jadis parmi les plus sécurisées de Libreville en raison du statut de ses habitants plutôt aisés pour la plupart, la cité du Haut de Gué-Gué, dans le 1er arrondissement, tend à rejoindre le nombre des quartiers populaires et sous-intégrés de la capitale. Depuis quelque temps, ce quartier résidentiel connaît les mêmes réalités que les fameux «mapanes», ces bidonvilles à la gabonaise autant décriés que redoutés.

Le quotidien des résidents est désormais rythmé par l’insécurité, le vacarme et, chose commune à tous les quartiers de la capitale : le manque d’eau. «Depuis que je suis dans cette cité, c’est-à-dire depuis mon enfance, on n’avait jamais connu ces coupures d’eau. Ici, désormais, Blanc comme Noirs, tout le monde cherche de l’eau, au point que son arrivée dans les robinets aux heures tardives de la nuit est diffusée sur nos différents groupes WhatsApp comme une information majeure, bien plus que les informations que l’on pourrait avoir dans le quotidien L’union ou au JT de Gabon 1ère», plaisante l’air amer V.M, 40 ans.

Braquages et cambriolages

La ruelle d’une des cités. Plusieurs véhicules y ont été cassés par des voleurs. © GabonReview

Si les habitants peuvent s’accommoder, bon gré mal gré, du manque d’eau que certains justifient pour se rassurer par les travaux entrepris partout à Libreville et les nombreuses difficultés enregistrées par la SEEG, unique société publique chargée d’approvisionner les populations, une autre nouveauté s’est invitée au lieu-dit “Derrière la mairie du 1er” : les vols à domicile et les braquages. Jordan B., déplore : «Un phénomène tout à fait nouveau lié à la délinquance est apparu dans notre zone ces derniers mois : les braquages. Plusieurs personnes rapportent s’être fait déposséder de leurs biens dans certaines ruelles de la cité. D’autres ont été victimes de vol de compteurs d’eau et même de casses de leurs voitures garées en bordure de route. Des personnes mal intentionnées ont cassé les vitres de plusieurs véhicules pour en voler le contenu.»

Les cités du Haut de Gué-Gué, particulièrement celle commençant dès l’entrée de la mairie du 1er arrondissement et l’école Les Comelines jusqu’au bout de l’impasse Patrice Nziengui, sont également confrontées depuis quelques mois au phénomène des cambriolages. «Depuis le mois de juin, nous sommes, de façon très récurrente, visités par des voleurs dans nos domiciles. Ces faits dont a été victime un de nos commerçants se déroulent dès la tombée de la nuit», raconte un propriétaire, membre d’un groupe récemment créé dans le but d’assurer la surveillance dans la cité. «Nous, habitants de la cité, nous nous sommes constituées en collectif afin de trouver des solutions. Ce qui nous a déjà permis d’appréhender deux voleurs en moins d’une semaine d’écart ; le premier une nuit, et le second un après-midi, à 14h. Mais ce n’est pas notre rôle en tant que citoyens. Nous souhaitons donc attirer l’attention des pouvoirs publics, non seulement sur la situation que nous vivons dans notre cité, mais aussi de façon générale, sur la montée de la délinquance dans la ville de Libreville», lance-t-il.

Complaisance des autorités ?

L’entrée de la cité dite derrière la mairie. © GabonReview

Aux dires de certains riverains, les deux jeunes gens qui ont été appréhendés auraient depuis été libérés. Leurs parents seraient intervenus auprès des autorités pour leur éviter la prison. Ce qui accentue la crainte des habitants vivant désormais dans la psychose. Mais Moïse N., un enseignant, ne croit pas qu’il s’agisse des jeunes qui vivent dans la cité :  «C’est une cité cinquantenaire qui a toujours été caractérisée par une véritable quiétude. Je vois mal comment nos enfants qui ont grandi là seraient devenus nos voleurs et braqueurs. Ces jeunes délinquants, y compris ceux qui ont été mis à la disposition des autorités, reviennent d’ailleurs, sûrement d’autres quartiers comme Derrière la prison, d’autant que certains raccourcis relient les deux quartiers», analyse-t-il.

Les habitants évoquent plusieurs raisons qu’ils pensent à l’origine de cette situation. Parmi celles-ci, le mauvais éclairage public dû aux lampadaires défectueux, la détérioration de certaines ruelles les rendant impraticables à la circulation, contraignant ainsi les propriétaires de véhicules à les garer au carrefour de la mairie à la merci des voleurs. La prolifération des bars dans certaines zones occasionnant des nuisances sonores et la présence de grandes quantités de personnes à l’intérieur et aux abords de ces bistrots sont autant de réalités nouvelles auxquelles sont désormais confrontés les résidents, qui soupçonnent que leur quartier est devenu un des lieux d’approvisionnement de drogues et autres stupéfiants au regard de l’aspect de certains visiteurs inconnus.

Les autorités vont-elles laisser faire ? Voilà toute l’inquiétude des riverains.

 

 
GR
 

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