Ika Rosira nous invite à dresser le bilan sans fard de cette année mouvementée. Entre drames personnels, trahisons, coups du sort et lueurs d’espoir, elle nous pousse à regarder 2023 droit dans les yeux pour en tirer les leçons qui nous permettront d’aborder 2024 la tête haute. Une chronique qui sonne comme un appel à la résilience et à la combativité. Es-tu prêt à livrer les batailles décisives de ta vie ?

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Et si on demandait à chacun d’entre vous de donner une note à 2023 sur une échelle de 0 à 10. Sachant que 0 indique l’échec total et 10 la réussite totale de cette année d’un point de vue personnel et non sociétal. La réponse variera en fonction de votre vécu, de vos combats, de vos expériences personnelles.

Quand arrive une nouvelle année, sonne l’heure du bilan. On oublie volontairement le CTRI et leur coup de maître. On essaye de se concentrer sur nos vies. Et là, on réalise tout simplement que nous avons la grâce d’être encore de ce monde pendant que de nombreuses personnes ont fait le voyage ultime, manquent à nos vies et seront absents définitivement de tous les futurs grands moments de nos vies, de tous les futurs grands moments de ce monde.

Alors on dresse un pseudo bilan, on aligne des pseudo résolutions, on se promet d’être plus orientés dans nos choix vers tout ce qui définira notre succès. On se prend même pour Dieu en décrétant que cette année 2024 sera notre année de gloire. On se projette dans le temps, on se promet d’investir sur nous en termes de mise ou de remise en forme, de faire plus attention à notre santé et même au poison qu’on peut glisser dans nos verres et/ou dans nos assiettes.

On aura beau jurer que cette fois, ce sera une année sans faute, sans erreur monumentale, sans décision farfelue, sans découragement, sans ombrage et sans bavure… en réalité, nous n’aurons aucun contrôle sur ce que l’avenir nous réserve. L’avenir est incertain et la vie est un combat perpétuel pour lequel nous sommes, soit préparés depuis la naissance, soit en train de découvrir que la vie d’adulte est imprévisible.

Certains d’entre nous, ont perdu un être cher, un grand-père, une grand-mère, une mère, un père, une sœur, un frère, un oncle ou une tante et pire encore un enfant à naître, né récemment, en pleine adolescence ou jeune adulte… certains d’entre nous ont conscience que nous ne sommes que de passage et que la route qu’on emprunte est parsemée d’embûches, de ronces et d’épines. Il est peut-être temps qu’on s’interroge tous, sur le vrai sens de notre existence et comme le dirait Paolo Coelho, sur « notre légende personnelle ».

Dans la vie on ne rencontre que 3 types d’humains, ceux qui nous aiment naturellement, ceux qui nous envient avec ou sans raison et enfin ceux qui nous détestent gratuitement. Les sentiments qui s’animent dans le cœur des gens sont incontrôlables et comme le dirait Igor Ntumba : « l’être humain est versatile ».

On peut aimer d’amour un jour et voir disparaître tout cet amour en un éclair ou en un battement de paupières. On peut haïr de tout notre cœur quelqu’un, puis être seul à essuyer ses plaies quand le karma s’acharne sur cette personne. Mais l’envie, la jalousie et tout ce qui nourrit la sorcellerie, ignemba, le vampaya (comme on dit chez nous) est une maladie quasiment incurable.

Alors quand on décide de survoler les sentiments qu’on anime chez les gens, qu’on nourrit ou encore qu’on ignore totalement, on s’expose à des coups de couteaux dans le dos, dans le cœur et même dans la tête. Et ça que ce soit à cause de notre réputation ou de notre e-réputation!

J’ai l’habitude de dire (sans sourire) que nous devons être ou devenir des marmites en acier inoxydable. Oui ! Soyons des marmites parce que nous savons tous qu’aucun couteau ne peut s’enfoncer dans une marmite. Une fois que vous comprenez ça, lorsque X ou Y, en 2024, s’en prendra à votre vie, à vos rêves, à votre famille ou à vos aspirations, ses actes ne seront perçus que pour ce qu’ils sont réellement des “agitations inutiles”.

La nouvelle année est une année particulière, faut être prêt à lutter pour que sa voix compte, pour qu’elle soit entendue, pour que les rêves scellés dans nos tiroirs, sans perspective de réalisation concrète, en ressortent et prennent enfin vie. Dites enfin adieu à 2023 et saluez aguerris, l’année à venir en étant prêts à remporter toutes vos Victoires. Ne vous dites surtout pas que Dieu va vous bénir, vous avez trop souffert. Dites-vous plutôt que le cornu ne saura pas vous arracher le ballon. Que vous saurez dribbler la malchance, les aléas de la vie et la méchanceté gratuite des uns et des autres, et vous en sortir.

Si quelqu’un ose s’en prendre à ce qui vous rend humain. Luttez, s’il vous plaît, pour conserver votre humanité. L’avenir de ce pays et même de ce monde en dépend. Cessez d’être naïfs, même en ayant une couronne sur la tête, les rois et les reines de ce monde savent qu’il faut apprendre à obtenir, à défendre et à conserver leur couronne.

Si vous avez perdu votre couronne, retrouvez-la, reprenez-la, réappropriez-vous votre pays, votre habitat naturel, votre nature profonde, votre vie, vos rêves et vos valeurs profondes. Ne croyez pas que vos prières monteront jusqu’au ciel et seront automatiquement exaucées… malgré toute la piété du monde, si vous ne savez pas vous battre pour vous-mêmes ou pour garantir l’avenir de votre progéniture, créer et protéger leur patrimoine… vos prières resteront suspendues au plafond.

Dites bye bye au passé, bye bye à 2023, oubliez enfin ce que vous avez vécu de difficile ou de pénible et demandez la dot à la nouvelle année. Acceptez-la en mariage et faites mûrir les fruits de votre union. Que cette année 2024 ne soit pas une année stérile. Que cette année 2024 vous permette d’accéder à un autre niveau de prospérité.

Donnez-vous à fond pour vos ambitions. Que personne n’utilise votre tête comme marchepied pour accéder à votre propre trône. Ne laissez pas le manque d’audace et l’absence de courage faire caca dans votre cerveau lumineux et créatif.

Souvenez-vous surtout que lorsqu’au village, en ville, dans une métropole ou une mégapole, on prépare un festin, on ne donne pas des cotis ou des os aux convives. On rentre dans le poulailler ou chez le meilleur boucher et on choisit la poule la plus grasse, la plus belle, la plus appétissante; on choisit le meilleur gibier ou le meilleur morceau sur l’étal, à mettre dans la marmite.

L’expression “on l’a mis dans la marmite”, vous vous en souvenez ? Ces gens-là ne sacrifient pas les maudits dans nos légendes urbaines ou traditionnelles. Ils choisissent ceux dont la lumière brille sur le front, ceux dont le feu est susceptible de provoquer un incendie, ceux dont l’étoile est susceptible de briller même après leur mort… pour l’éteindre.

Même si vous ne savez pas vraiment définir un « maudit », je vais vous éclairer. C’est quelqu’un qui manque d’ambition pour lui-même. Alors si vous me lisez, si vous savez lire entre les lignes, si vous avez appris à bousculer les cocotiers, si vous êtes conscients d’être destinés à briller dans ce monde… armez-vous de projets nucléaires, le genre qu’on ne peut ni voler, ni bloquer, ni usurper, ni s’approprier. N’oubliez jamais que le Savoir est une arme et donc apprenez à conserver le ballon, surtout si vous savez que de 2024 est votre surface de réparation, surtout si vous avez conscience du fait que nous sommes tous, nous les personnes en transition politique et économique, au même stade que notre propre pays… Au carrefour de nos vies, au carrefour du monde, là même où la direction qu’on prend peut nous mener sur une voie express ou dans un cul-de-sac.

Je m’arrête ici. Rendez-vous au prochain round. Bye bye 2023 !

 
GR
 

6 Commentaires

  1. DesireNGUEMANZONG dit :

    Bonjour Mme Ika Rosira,

    Vous clôturez l’année 2023 sous la prisme de l’introspection. Par définition, ce terme désigne l’observation, l’analyse de ses sentiments, de ses motivations par le sujet lui-même. Une sorte de remise en cause nécessaire, voire indispensable. Il s’agit de faire un bilan. De se poser les bonnes questions pour envisager des pistes de réponses sur son avenir. Car, comme le disait Albert Einstein « un problème sans solution est un problème mal posé ». Plus de logique et donc moins d’imagination.

    Votre point de départ, comme une sorte de pensée récurrente, est la « mort ». Ce terminus fatal qui nous attend toutes et tous. Elle (la mort) vous fascine comme elle vous intrigue tant elle vous dépossède de ce qu’il y a de plus cher en vous et autour de vous. Ainsi, vos peurs (petite et grande) transparaissent dans ce texte. L’avenir vous semble incertain; pipé d’avance. La vie est aussi étrange qu’une chose mystérieuse tombée du ciel qui attire la curiosité ou bien l’intérêt.

    Rudyard Kipling (1932) dans son poème « If » (Si) nous disait (extraits) ceci :
    « Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie et sans dire un seul te mettre à rebâtir, (…) Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre, et te sentant haï, sans haïr à ton tour, pourtant lutter et de défendre (…)
    Si tu peux rencontrer triomphe après défaite et recevoir ces deux menteurs d’un même front, (…) alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire seront à tous jamais tes esclaves soumis, (…) ».

    Votre texte est le reflet exact (le projeté) de ce que vous êtes: un être douée de sensibilités. Notre « ogouée » de sensibilités. Notre océan atlantique de douceurs. Il n’est pas étonnant que vous nous offrez des « roses roses », symbole de la douceur et de la tendresse. Vous semblez vouloir dépassionner la vie.

    Une phrase tirée du texte est le révélateur de votre synesthésie. Je vous rassure. Ce n’est pas une pathologie. Mais l’expression de personnes ayant un sens de la créativité très élevé. Cette phrase est la suivante : »Ne laissez pas le manque d’audace et l’absence de courage faire caca dans votre cerveau lumineux et créatif ». Il est difficile de « censurer » le génie de création qui fait fondre par le feu tous les génies du mal.

    Toutefois à la fin de votre texte, vous nous faites une « belle queue de poisson ». Vous évitez de prendre position. Il y a chez vous comme une forme de procrastination. Une façon peut-être de temporiser les choses, de les voir venir. Et agir en conséquence.

    Au final, ce qui est intéressant c’est que vous nous donnez matière à réfléchir. Vous nous offrez des diamants bruts qu’il convient de tailler à notre façon.

    Hab ein gutes jahr 2024! Bonne année 2024.

  2. Mikouma Paul dit :

    Avec la nouvelle année il serait bien de changer aussi la photo de la fille de Rosira…. JDCJDR

  3. I feel you dit :

    Merci pour ce coup de gueule!

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