Une large zone de la mangrove du Cap Esterias, située dans la zone d’emprise de l’arboretum Raponda Walker et non loin du parc d’Akanda, a été rasée en toute impunité. Si le ministère en charge des Eaux et Forêts y a dépêché une mission, les organisations de la société civile dénoncent le laxisme de cette administration qui assiste passivement à la destruction de cet écosystème très utile, à la fois comme barrière naturelle et zone de reproduction des poissons.

Marc Ona s’exprimant sur la question. © Capture Gabonreview

 

La mangrove d’Idolo, un village situé dans la commune d’Akanda au nord de Libreville, a été détruite. Heurtés par la destruction de 2 hectares de cet écosystème, les villageois ont filmé les dégâts et publié les vidéos sur les réseaux sociaux. Alertés, les ONG de défense de l’environnement s’y sont rendues pour constater les dégâts. «Cette destruction de la mangrove se déroule au Cap Esterias à 20 km de Libreville dans la zone d’emprise de l’arboretum Raponda Walker et non loin du parc Akanda. Pourquoi le ministère des forêts a laissé faire jusqu’à ce niveau des dégâts ?», a réagi sur son compte Twitter Marc Ona Essangui de l’ONG Brainforest.

Stanislas Stephen Mouba. © Capture Gabonreview

Le défenseur de l’environnement accusent les agences immobilières qui veulent s’installer sur les mangroves pour y établir des sites au regard de l’attrait touristiques de ces espaces. «Cette spéculation immobilière menace les mangroves qui jouent un rôle important dans l’écosystème» a fait savoir Mar Ona indiquant que «le Cap constitue une sorte de barrière naturelle contre les agressions marines». La zone détruite, a-t-il souligné, a un statut de « zone tampon », permettant aux personnes d’y construire sous conditions mais sans y ériger des constructions permanentes. «Au Gabon, l’article-64 du Code de l’environnement promulgué en 2014 interdit les constructions proches des espaces naturels littoraux sensibles ou proches du rivage», a-t-il rappelé.

Un habitat construit sur la mangrove. © Brainforest

Le destructeur voulait se faire un accès à la mer

L’affaire a fait grand bruit et a suscité plusieurs indignations si bien que le ministère en charge des Eaux et Forêts a dépêché une mission sur le terrain. Selon le directeur général de l’Environnement et de la protection de la nature, un contentieux lié à la destruction massive de la mangrove dans la commune d’Akanda existe déjà et est en instruction à la direction générale de l’Environnement. Toutefois, «force a été de constater sur le terrain que malgré les premières interpellations réalisées, notamment à l’endroit des auteurs de ces travaux pour leur demander de cesser lesdits travaux, ces travaux ce sont poursuivis et même amplifiés détruisant une surface qui est en cours d’évaluation».

Mangrove détruite. © Brainforest

Selon Stanislas Stephen Mouba, une quantité importante de mangrove a été fraîchement détruite sur «une zone qui devrait totalement être interdite de tout travaux et même d’attribution de titres fonciers conformément à l’article 64 du Code de l’Environnement». Selon lui, les « propriétaires » dudit terrain ont été convoqués par le ministère pour répondre de leurs actes. Ceux-ci, possèdent une concession à la limite de la zone tampon, ils voulaient «se faire un accès à la mer en détruisant la mangrove, ce qui ne correspond pas aux exigences environnementales au Gabon».

Les coûts liés aux opérations ont été évalués et il a été décidé que les auteurs de cette destruction doivent replanter les essences coupées. «La direction générale de l’Environnement a des équipes sur le terrain, mais n’a pas empêché les destructions. Ils auraient pu arrêter les travaux dès les premiers coups de tronçonneuse», s’indigne Marc Ona. Pour lui, le village Idolo n’est qu’une toute petite partie du problème de la destruction des mangroves particulièrement au Cap Esterias.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. le nouveau dit :

    Bravo Marc Ona
    Venez aussi à la pointe, il y a des dégats partout !
    Il y a beaucoup de sensibilisatuon à faire !

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