Les Gabonais sont-ils tombés sur la tête pour que tout plein de petits paradoxes impactant négativement leurs vies, continuent de relever de la normalité ? Abslow s’interroge et interroge.

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Parfois, des instants de lassitude envahissent mon âme. Quand je suis en proie à ce drôle de sentiment, je regrette d’être resté dans ce pays aux mille paradoxes, alors que j’ai eu tant d’occasions de le quitter, lorsque mes rêves étaient encore intacts. Mais j’ai toujours naïvement pensé que seul le Gabon était digne de mes rêves et de mes ambitions. Tant de Gabonais sont comme moi et n’osent pas imaginer ce que leur vie aurait pu être dans un pays normal.

Leurs rêves et leurs ambitions se sont définitivement brisés sur le mur des multiples incohérences d’un peuple et de son incapacité à bâtir un pays à peu près normal, où les ambitions font pousser des ailes pour que les rêves prennent vie. Comme ils regrettent d’être restés dans ce pays illogique avec ce peuple irrationnel ! Leur vie n’y est qu’un long et pénible soupir poussé devant tant d’incohérences systémiques devenues normales par leur répétition.

Comment vivre tranquille dans un pays qui ne s’émeut plus du fait que le litre de bière coûte plus cher que le litre de soda, tous deux pourtant produits localement ? Ces boissons, parmi les plus consommées par la population, coûtent elles-aussi moins cher que l’eau minérale, liquide vital par excellence dont l’accessibilité participe au calcul de l’IDH ? Cette aberration qui a traversé les générations est un paradoxe entré dans la normalité.

Comment vivre comme si de rien n’était dans un pays où le système éducatif est l’otage d’un affairisme malsain, qui fait de la bonne formation, un luxe inaccessible au plus grand nombre ? Dans ce pays, la maternelle est plus chère que le primaire et le primaire est plus prohibitif que le secondaire et ces 3 premiers cycles sont plus onéreux que l’université. Dans un pays normal, un tel paradoxe aurait dû interpeller pour une inversion de la tendance.

La conséquence de cette paradoxale aberration est de faire de l’université gabonaise, le réceptacle ou le déversoir de tous ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir une meilleure formation. Pendant qu’on s’applique à liquider par ces petits paradoxes persistants qui sont autant dysfonctionnements, les enseignants y commercent allègrement en monnayant aux étudiants, librement, leurs fascicules et aussi leurs moyennes sexuellement transmissibles.

Comment ne pas s’indigner de cet autre paradoxe, conséquence immédiate du premier, qui oblige les étudiants gabonais à partir dans les grandes écoles et universités du Sénégal, du Ghana, d’Afsud, du Maroc, du Cameroun, de France…? Ils fuient ou désertent les grandes écoles gabonaises où, en plus d’une scolarité onéreuse, on leur impose en sus des dépenses qui n’ont rien à voir avec l’instruction. Comme ces tenues vendues à prix d’or.

Dans ce même pays renversé, nul ne s’offusque qu’avec l’appui des organismes de financement, on achète plus facilement une voiture qu’un terrain ou une maison. Cette énième aberration tombe sous le sens quand l’Etat lui-même peine à construire des logements et préfère acheter chaque année plus de voitures que de lits d’hôpitaux et d’équipements médicaux. IRM, scanner et radios manquent dans nos hôpitaux pendant que les fonctionnaires se pavanent dans des voitures de luxe.

La liste de telles aberrations ne s’arrête pas là, loin s’en faut. Nul n’est choqué, par exemple dans ce pays, de voir qu’on voyage plus facilement à l’étranger qu’à l’intérieur du Gabon. Le billet d’avion pour aller à Douala, Malabo ou Brazzaville depuis Libreville, est curieusement moins prohibitif que d’aller à Franceville, Oyem où Tchibanga. Les gabonais passent alors plus facilement leurs week-ends ailleurs que dans leur propre pays, les routes étant dans le même temps impraticables.

Le comble de toutes ces aberrations paradoxales, c’est de voir les Gabonais devenir peu à peu des étrangers dans leur pays. A compétences égales, en administration ou en affaires, dès lors qu’on vient d’ailleurs, on a plus de chance de faire carrière ou de faire fortune dans les affaires qu’un Gabonais de souche. Seul un pays illogique marginalise ainsi ses propres ressortissants en les contraignant, de façon sournoisement sadique, à regarder briller des apatrides et rastaquouères qui profitent avec indécence de leurs richesses ?

Sommes-nous tombés sur la tête pour que ces petits paradoxes nombreux, qui impactent négativement nos vies, continuent de relever de la normalité ? Nous devons plus que jamais remettre dans le bon sens notre pays qui fonctionne à l’envers à plusieurs égards et évolue à contre-sens des logiques les plus élémentaires. Résoudre les petites aberrations de notre quotidien est le début d’une révolution mentale sans laquelle aucun pays, ni aucun peuple, ne peut prospérer.

ABSLOWMENT VRAI !

 
GR
 

2 Commentaires

  1. atonenze dit :

    Bonjour là- bas

    Lorsqu’on a parcouru un tel texte, il devrait naître en nous un sentiment de révolte. L’obligation de changer de paradigme s’impose tout de suite et maintenant.Nous sommes tous coupables. Ceux qui ont causé la ruine de ce beau pays, autant que ceux qui ont laissé faire sans dénoncer les paradoxes sus mentionnés. ll est encore possible de sauver ce qui reste de notre dignité de Gabonais. Chaque consultation politique est une occasion à saisir pour changer les choses (confère déclaration de la conférence épiscopale du dimanche du 29/01/2023).

  2. udfr dit :

    constat tellement vrai et tellement désolant…aux Gabonais de se réveiller, mais en ont ils la volonté réelle ?? j’en doute.

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