Au Gabon, une vive polémique est née au lendemain de l’inauguration et de la remise des clés, par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, aux premiers bénéficiaires de la cité de relogement Lékolo 2, à Moanda. Investissement de plus de 19 milliards de francs CFA, cette cité et ses maisons sont diversement appréciées. Face au tollé, l’Administrateur directeur général (ADG) de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), Léod Paul Batolo, a apporté des éclaircissements sur ce projet devant considérablement améliorer les conditions de vie des 3 000 âmes vivant actuellement sur le périmètre minier de la Comilog et dans des conditions d’une rare précarité.

L’Administrateur directeur général (ADG), Léod Paul Batolo et le Comité de direction de la Comilog. © GabonReview

 

Quelques logements de la cité Lékolo 2. © GabonReview

Face à ce grabuge qui, pour certains observateurs, est sans réel fondement, l’Administrateur directeur général (ADG) de la Comilog, Léod Paul Batolo, accompagné du directeur des Relations publiques et de la Communication, André Massard, de la directrice du Développement durable, Flore Mouelé, du directeur Infrastructures, Équipements et Patrimoine, Olivier Mouckocko, a récemment apporté la part de vérité de l’entreprise minière sur ce dossier. «Le problème des Gabonais c’est l’emploi. Mais tout cela est occulté», a regretté l’ADG. «Ce ne sont pas seulement des maisons qu’on a construites. C’est une nouvelle ville, Moanda 2», a-t-il fait noter. 

«Les populations sont gagnantes à 100% de ce relogement»

Projet ne datant pas d’aujourd’hui, l’idée du relogement des habitants des «bordures» des extensions du plateau Bangombé, notamment des quartiers Léyima et Lekolo à Moanda, court depuis au moins 2007. Entre études de faisabilité, d’impact environnemental, inventaires et les démarches administratives, de l’eau a coulé sous le pont. Aujourd’hui, le projet a vu le jour. Mais, des voix discordantes montent, particulièrement sur les réseaux sociaux où des activistes et des collectifs se sont formés pour «dénigrer cette nouvelle cité devant fournir de meilleures conditions de vie aux populations impactées».  

Si le débat enfle sur la qualité des maisons depuis l’inauguration, début-février, de la cité de Lékolo 2, considérée comme la nouvelle ville de Moanda, le top management de la Comilog y voit indéniablement des manœuvres des personnes mal intentionnées. «Il y a quelques personnes qui entretiennent la polémiques», a dénoncé M. Batolo. «Au début, il n’y avait pas de cahier de charges, mais plutôt des doléances des populations», a précisé le patron de la Communication de Comilog, ajoutant qu’«au départ, il y avait 219 maisons après inventaires pour finir à 417 maisons». «Les populations sont gagnantes à 100% de ce relogement», a déclaré le directeur de la Communication de la Comilog.

Les études d’impact environnemental, les modes de compensation en relation avec les arbres fruitiers, les plantations ont été adoptés et validés par l’ensemble des parties prenantes. Ce, après plusieurs dizaines de réunions et de séances de travail. Le chantier a été engagé, les jeunes de la localité ont été recrutés par les PME locales engagées sur le projet. Toute chose ayant permis de les former et de leur permettre de sortir du chômage et surtout de pratiquer un métier. Le tout dans un climat apaisé. «D’où proviennent donc aujourd’hui toutes ces récriminations ? Pourquoi cette polémique après le passage du président de la République à Moanda ?» interroge le Comité de direction de la Comilog.  

«Nous avons choisi le plus difficile. Mais le plus raisonnable»

Léod Paul Batolo explique qu’ils auraient pu simplement indemniser les populations installées sur ce périmètre minier. «On s’est dit : on va reloger les populations au lieu de les indemniser. Parce que si on les indemnisait seulement, ça serait aussi quelque part développer ou entretenir la précarité», a-t-il dit, se demandant «pourquoi c’est seulement aujourd’hui qu’il y a tant de bruit sur ce projet déjà arrivé à son terme ?» «À qui profite ce tapage médiatique ?» s’interrogent encore les administrateurs de la Comilog.

Tout compte fait, il assume le choix de ce type de technologie et de maisons. «Nous avons choisi le plus difficile. Mais le plus raisonnable… Dans 5 ou 10 ans, l’histoire nous donnera raison parce que ce choix a été fait pour donner de meilleures conditions de vie aux Gabonais», a ajouté M. Batolo.

Sur le type de constructions (béton moulé), ils expliquent l’avoir choisi pour aller plus vite et reloger les populations. Ce, d’autant plus qu’il s’est agi, a déclaré André Massard, «du relogement le plus important de notre pays depuis les indépendances». Et ces constructions monolithiques enregistrent des délais de réalisation très courts. Pour le cas d’espèce, ils font savoir qu’on pouvait totaliser 30 jours pour une maison, même si à Séville (Espagne) où cette technologie est à la mode, les délais sont de 12 à 20 jours.  

Des habitations des quartiers Léyima et Lékolo. © GabonReview

«Nous sommes dans un processus transparent parce que tout est encadré »

D’autre part, la Comilog fait savoir qu’elle n’a rien inventé. Elle assure avoir recruté le bureau d’études Insuco, recommandé par la Banque mondiale (BM) pour l’accompagner dans ce processus de relogement. Par ailleurs, «tout ce processus a été accompagné d’un cadre juridique réglementaire, respectant les normes internationales», tout comme les indemnisations respectent les mêmes standards internationaux. «Nous sommes dans un processus transparent parce que tout est encadré… nous invitons les gens à la table des négociations, pas dans la rue, sur les réseaux sociaux. On a une approche orientée vers la solution», a dit l’Administrateur directeur général.

Si on croit avoir tout entendu sur ce dossier, un natif de coin, en poste à l’entreprise minière, estime que le problème est ailleurs. «Les maisons sont bonnes. Tout le monde le sait. Tout ce désordre est simplement dû à une guéguerre de leadership entre les communautés Awandji et Téké. Voilà la vérité !» s’est exclamé cet employé de la Comilog.

Toujours est-il que rendu à Léyima ou à Lékolo, face à leurs conditions de vie précaires, la plupart des bénéficiaires des logements de Lékolo 2 attendent impatiemment de s’en aller. Ils le savent et le disent, ils ont construit, sans autorisation, leurs maisons sur le terrain de la Comilog, qui détient un permis minier attribué en 1953 par l’État gabonais. «Tout le monde que vous voyez-là veut partir. Même aujourd’hui, on part», scandait un notable de Lékolo. 

 
GR
 

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