Près de 10 milliards d’arbres en Afrique sub-saharienne semi-aride stockent moins de carbone qu’on ne le croyait auparavant, soit environ 0,84 pétagramme ou 840 millions de tonnes de carbone, selon une étude menée par des scientifiques de la NASA et ceux de l’Université de Copenhague, en collaboration avec l’INRAE, le CEA et le CNRS.

Près de 10 milliards d’arbres en Afrique sub-saharienne semi-aride stockent moins de carbone qu’on ne le croyait auparavant, soit environ 0,84 pétagramme ou 840 millions de tonnes de carbone. © D.R.

 

En marge du One Forest Summit au Gabon, une équipe de scientifiques internationaux comprenant des chercheurs de la National Aeronautics and Space Administration des États-Unis a publié, le 1er mars, une étude qualifiée de révolutionnaire du fait de sa méthode de suivi combinant images satellitaires de très haute résolution et intelligence artificielle.

Pour Jean-Pierre Wigneron, chercheur INRAE de l’unité Interactions sol-plantes-atmosphère et coauteur de l’étude, «cette étude est exceptionnelle, car elle est pionnière dans un type d’approche qui va révolutionner le suivi des arbres et des forêts à l’échelle de notre planète : à court terme, il va devenir possible de cartographier les arbres de la planète depuis le centre de l’Amazonie jusqu’à nos cours d’école. Beaucoup de champs d’applications vont devenir beaucoup plus efficaces et précis : suivi des stocks de carbone, biodiversité, monitoring des coupes, protection vis-à-vis des dégradations forestières illégales, etc., en quasitemps réel.»

Intitulée «Les stocks de carbone à l’échelle sous-continentale d’arbres individuels dans les zones arides africaines», cette innovation a permis d’estimer à partir de plus de 326 523 images satellites haute résolution, les caractéristiques de plus 9,9 milliards d’arbres situés en Afrique subsaharienne, ainsi que leur quantité de carbone stockée, évaluée à 840 millions de tonnes de carbone. En comparaison, le carbone stocké par les forêts françaises est estimé à 2,4 milliards de tonnes. Les chercheurs montrent également que cette valeur ainsi que la densité des arbres dispersés sont sous-estimées dans la plupart des modèles de végétation utilisés dans les simulations du climat.

Les valeurs ont été réparties en différentes zones pluviométriques : hyper-aride (0-150 mm de pluie par an), aride (150-300 mm par an), semi-aride (300-600 mm par an) et sèche subhumide (600 –1 000 mm par an). Le stock moyen de carbone pour un seul arbre est de 51 kilogrammes de carbone (kg C) dans la zone hyper-aride, 63 kg C dans la zone aride, 72 kg C dans la zone semi-aride et 98 kg C dans la zone sub-humide.

Le dénombrement des arbres des terres arides et leur densité, leur couverture, leur taille, leur masse et leur teneur en carbone sont inconnus aux échelles sous-continentales à continentales. Selon les scientifiques, les précédentes estimations par satellite du carbone des arbres dans les zones arides d’Afrique confondaient souvent les graminées et les arbustes avec les arbres. Cela aurait conduit à des surestimations du carbone là-bas. Ainsi, disposer d’une estimation précise du carbone des arbres est essentiel pour les projections du changement climatique, qui sont influencées par la durée pendant laquelle les arbres et autres végétaux stockent le carbone.

«Notre équipe a rassemblé et analysé des données sur le carbone jusqu’au niveau de l’arbre individuel dans les vastes régions semi-arides d’Afrique ou d’ailleurs, quelque chose qui n’avait été fait auparavant qu’à petite échelle locale», a précisé le scientifique principal du projet, par ailleurs scientifique de la Terre au Goddard Space Flight Center de la NASA, Compton Tucker.

 
GR
 

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