En dépit de la réponse donnée par le président de la Transition, le 2 avril dernier, lors de l’ouverture officielle du Dialogue national inclusif, la Coalition pour la nouvelle République (CNR) persiste à exiger la mise en place d’une commission dite vérité-justice-réparation. Elle assure que cette plateforme n’a rien à voir avec la vengeance ou les règlements de comptes, et que cette structure aura vocation à travailler tout le temps nécessaire à la manifestation de la vérité.

Rachel Andeme, la porte-parole de la CNR, s’exprimant le 11 avril 2024. © GabonReview/Capture d’écran

 

Alors que dans l’imaginaire de plus d’un la justice transitionnelle commande la mise sur pied d’une commission de vérité et justice pour la reconstruction du vivre-ensemble après un passé de violences, au Gabon les autorités de la Transition n’envisagent pas la mise en place d’une telle commission en cette période de Transition. Si le 22 mars, le ministre de la Réforme des institutions annonçait déjà qu’il n’y aurait pas de commission dite ‘Vérité-Justice-Réconciliation’ lors du Dialogue national inclusif (DNI) d’avril, ouvrant les travaux de ces assises, le 2 avril dernier, le président de la Transition réitérait que la Transition n’a pas la prétention de régler cette question.

«Le temps d’une transition me semble bien trop étroit pour établir les responsabilités de chaque évènement en ré-évoquant les circonstances qui ont prévalu au moment des faits», déclarait Brice Clotaire Oligui Nguema pour qui sous d’autres cieux les commissions de ce type ont ouvert des brèches qui ne sont toujours pas refermées malgré les années. «Il est bon de revenir dans le passé, j’en conviens, mais cela ne doit pas nous empêcher d’avancer», soutenait le général président dont les propos n’ont visiblement pas réussi à convaincre ceux qui appellent à la mise en place d’une telle commission.

Pour ainsi dire, après les voix qui s’étaient élevées depuis l’appel de la présidente du Sénat de la Transition en janvier 2024, depuis la prise de parole de Brice Clotaire Oligui Nguema d’autres convoquent avec insistance cette commission. Plus récemment, le 11 avril, la Coalition pour la nouvelle République (CNR) de Jean Ping a réitéré son appel. Notant que certaines thématiques importantes ont été retenues pour le DNI, la CNR estime que «le refus de la mise en place de la Commission Vérité-Justice-Réparation-Réconciliation, sollicitée par une très large majorité des contributions, constitue un vrai problème sur le chemin de la réconciliation nationale et du Gabon voulu par tous».

Pour la formation politique de Jean Ping, cette Commission devait permettre aux victimes du régime Bongo/PDG de faire leur deuil et aux auteurs de se libérer du fardeau de leurs crimes. «La vertu recherchée par cet exercice est une catharsis qui n’a rien à voir avec la vengeance ou les règlements de comptes», a déclaré la porte-parole. «Personne n’a jamais dit que cette Commission devait se tenir en un mois», a-t-elle ajouté précisant que «la CNR demande tout simplement sa mise en place ici et maintenant, sachant qu’elle travaillera tout le temps nécessaire à la manifestation de la vérité».

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Mezzah dit :

    La commission vérité-justice-condamnation-réparation-réconciliation qui englobe les crimes de toute nature est une obligation. Les gabonais savent qui on veut protéger. Une chose est certaine, avec ou sans le CTRI, cette commission se fera un jour et les gens rendront des comptes.

    CE N’EST QU’UNE QUESTION DE TEMPS.

  2. DesireNGUEMANZONG dit :

    Il faut falloir relire la Constitution gabonaise en vigueur depuis le 17 août 1960 inspirée de la Constitution française de la Vème République.

    Dans la Constitution française de la Vème République, c’est le Président de la République qui est le Chef des armées et a autorité sur l’arme nucléaire. Or aux États-Unis, il y a un Chef d’Etat-major des armées (4) qui conseille le Président américain.

    Si notre Constitution gabonaise est le symétrique parfait de la Constitution française, alors c’est le Président de la République qui est Chef des armées. L’armée agit sur « décision politique ». Auquel cas, toute opération militaire n’a de sens que pour ceux à qui elle bénéficie. Aux politiques!

    Ma réflexion est purement théorique. C’est pourquoi il est important de faire « parler » les archives. Le PDG nous a tout pris. Mais rendez-nous au moins notre histoire. Le récit de la vérité. Car aujourd’hui nous sommes en guerre contre ce mensonge d’Etat permanent. Qu’allons-nous raconter à nos enfants et petits-enfants?

    L’histoire ne se décrète pas. Elle est le résultat d’une conscience collective. D’un travail rigoureux de « sequençage » d’événements précis: politique, économique, social, etc. Un peuple digne de ce nom (considérable) est en paix avec son histoire et s’engage avec sûreté dans son avenir.

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