Le gouverneur de la province de l’Estuaire a convoqué, par un arrêté daté du 18 juin, le Conseil municipal d’Akanda à une session spéciale relative à l’élection, le lundi 22 juin, du maire et du premier adjoint au maire de la commune. Contexte et perspective budgétaire.

Dès ce lundi 22 juin, les habitants d’Akanda auront un nouveau maire. Les problèmes sont nombreux et les délais courts pour connaitre les candidats à ce poste. © D.R.

 

Près d’un an après l’interpellation, dans le cadre de l’opération Scorpion, de son maire, Grégory Laccruche Alihanga, la commune d’Akanda vit ses dernières heures sous l’exercice d’un maire intérimaire. Par arrêté du gouverneur de la province de l’Estuaire, Guillaume Adjangoué-Lappel, une session spéciale relative à l’élection du maire et du premier adjoint au maire de la commune d’Akanda se tiendra le lundi 22 juin prochain.

La décision, prise en application des dispositions des articles 31 et 32 de la loi organique n°001/2014 du 15 juin 2015 et 21 de la loi n°19/96 du 15 avril 1996, est censée favoriser le retour de la légalité et de l’orthodoxie dans la gestion de cette municipalité. La gestion inconvenante de cette municipalité a été, en effet, tant décriée par les 11 conseillers municipaux du groupe politique Rassemblement pour la patrie et la modernité-Union nationale (RPM-UN).

Si la décision visant à mettre fin à l’intérim itératif est saluée par le conseiller municipal du groupe de l’opposition RPM-UN, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, sa mise en œuvre doit cependant être analysée dans un cadre bien plus large que les critiques formulées depuis bientôt un an sur la gestion de la municipalité par la majorité du Parti démocratique gabonais.

Grégory Laccruche : quid de la présomption d’innocence et de l’exclusion du PDG ?

Pour Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, joint au téléphone, l’élection convoquée lundi «est d’abord une conséquence de l’état de monsieur Ali Bongo et de l’imposture qui s’est installée à la tête de l’État gabonais depuis.» Appelant à ne pas oublier les raisons de la détention préventive du maire élu d’Akanda, il estime que l’élection de lundi «doit également inviter à la réflexion nos compatriotes qui cautionnent cette imposture et se croient intouchables du fait des positions qu’ils occupent.»

Assurant n’avoir aucune affinité particulière avec le maire d’Akanda qu’il ne connaissait pas personnellement avant de se retrouver tous à ladite mairie, l’élu municipal du groupe RPM-UN n’en souligne pas moins qu’«en violation de la présomption d’innocence», le gouverneur de l’Estuaire convoque le Conseil municipal pour l’élection d’un nouveau maire alors que Grégory Laccruche Alihanga est en détention préventive.

Pour ce faire, poursuit Ntoutoume Ayi, le gouverneur « indique dans son arrêté que la Cour constitutionnelle aurait rendu une décision le 9 juin 2020, à la suite d’une saisine du Parti démocratique gabonais. Est-ce à dire que le maire d’Akanda a été exclu du PDG sans qu’il ne soit condamné par la justice et sans qu’il ne lui soit possible de se défendre devant les instances disciplinaires de son parti ? Et que la Cour constitutionnelle a validé cette démarche

Quid du budget primitif 2020 irréaliste ?

Puisqu’il est question de retour à la légalité et à l’orthodoxie dans la gestion de cette municipalité, on peut se demander si, par ailleurs, l’élection d’un nouveau maire sera l’opportunité pour améliorer et corriger son projet de budget primitif 2020. Les conseillers municipaux de l’opposition ont, en effet, jugé ni crédible ni sincère et encore moins conforme aux attentes légitimes des populations d’Akanda, ce projet de budget voté par la majorité PDG-PDS et indépendants, arrêté à la somme de 1,480 milliard de francs CFA. En réponse de quoi, le conseiller municipal UN-RPM indique qu’il sera difficile d’espérer une telle posture de la part de la majorité PDG au Conseil municipal.

«Il est clair le budget qui a été voté le 5 juin 2020 par la totalité des Conseillers municipaux du PDG, ainsi que leurs alliés du PDS et Indépendants, est l’expression d’un amateurisme et d’une incompétence innommables. Dans un pays normal, l’autorité de tutelle ne manquerait pas de le rejeter afin d’obliger le Bureau du Conseil municipal à élaborer un budget plus crédible et plus sincère. Mais à Akanda, on a plus le sentiment que la tutelle est, comme le disait Maître Pierre-Louis Agondjo Okawé, un organisme spécialisé du PDG», a-t-il déploré.

Il reste que dès lundi, les habitants d’Akanda auront un nouveau maire. Si les délais sont courts pour connaitre les candidats à ce poste, on peut penser que le nouvel édile sera encore issu de la majorité PDG soutenue par ses alliés du PDS et  indépendants, tout comme l’intérimaire pourrait transformer l’essai.

 
GR
 

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