Au Gabon où le président Ali Bongo a ouvert le 13 février la concertation politique en réponse à la classe politique qui la réclamait, les travaux de cette messe n’ont pas débuté à la date prévue, les partis de l’opposition ne s’étant pas accordés sur leurs représentants. Après deux sursis accordés pour l’établissement de leur liste, le gouvernement a retenu sur la base de trois critères, les participants aux travaux. Figurent en bonne place les noms des acteurs majeurs de la scène politique ayant annoncé le 15 février leur retrait de cette concertation. Vont-ils se rétracter ? 

Lambert-Noël Matha, le 15 février 2023. © Gabonreview/capture d’écran

 

Les partis politiques de l’opposition n’ayant pu s’accorder sur l’établissement d’une liste consensuelle de leurs délégués à la concertation politique au terme du délai imparti du 14 février 2023, a rappelé le ministre de l’Intérieur à travers un communiqué le 15 février, le président de la République a de nouveau accordé une plage de 24h aux partis politiques de l’opposition afin qu’ils fassent parvenir une liste harmonisée au ministère de l’Intérieur. À l’expiration de ce délai supplémentaire, a indiqué Lambert-Noël Matha, il a été observé à nouveau que l’opposition a fait parvenir plusieurs listes au ministère de l’Intérieur. Au regard du retard dans le démarrage des travaux censés débutés depuis le 13 février en après-midi, le gouvernement sur la base de ce constat a été amené à considérer la constitution de la délégation de l’opposition sur la base de trois critères.

Au titre de ces critères, la représentativité au sein des deux chambres du Parlement, la représentativité au sein des conseils locaux et la prise en compte des noms mentionnés deux à trois fois sur les listes établies. 40 personnes issues des rangs de l’opposition et répondant à ces critères ont donc été retenues pour participer aux travaux qui devraient finalement débuter ce jeudi 16 février. Parmi ces personnalités, figurent en bonne place les noms des acteurs politiques ayant, la veille, annoncé le retrait de leurs formations politiques de la concertation. Principalement, Alexandre Barro Chambrier et son Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) ainsi que Pierre-Claver Maganga Moussavou et son Parti social-démocrate (PSD).

Sans Barro Chambrier et Maganga Moussavou ?

Au-delà des critiques à l’encontre de la Cour constitutionnelle, ces acteurs justifiaient leur retrait des travaux par le fait que le bureau du Centre gabonais des élections (CGE), entité majeure dans le processus électoral, ait été installé dans des «conditions contestables». Aussi, ils doutaient de la crédibilité de la concertation qui ont-ils laissé entendre, consacrait au profit d’une «opposition factice», la marginalisation des partis politiques de l’opposition les plus représentatifs. Soit, ceux ayant des élus nationaux et locaux qu’ils considèrent comme ceux étant réellement engagés dans la compétition électorale. Alors que cet argument a vraisemblablement été pris en compte par le ministère de l’Intérieur qui en élaborant sa liste type des participants de l’opposition, l’a retenu au nombre des critères, d’aucuns se demandent si ces acteurs politiques reviendront sur leur décision.

Si Pierre-Claver Maganga Moussavou n’écartait pas l’éventualité de revenir sur sa décision au cas où les critères de participation des opposants étaient revus, Barro Chambrier lui, semblait convaincu que ladite concertation «comporte les germes d’une inefficacité programmée», en plus de la taxer de «stratagème mis en place pour soigner l’image auprès de la communauté internationale». Alors que l’on est tenté de croire que les travaux de cette concertation « enfin » démarrée, reste à savoir s’ils se feront sans Barro Chambrier et Maganga Moussavou qui estiment que leurs voix comptent dans la prise de décisions majeures. En cas d’absence avérée de leurs partis, l’opposition y participera avec un déficit d’au moins 4 voix, le RPM et le PSD ayant chacun deux représentants aux travaux de cette concertation politique.

 
GR
 

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