Ils sont en premier plan de l’actualité du moment concernant la lutte contre le coronavirus. Pourtant, plusieurs membres du personnel soignant, dont le président du syndicat des médecins, se plaignent de leurs conditions de travail et du matériel manquant. Témoignages.

© Getty image/David Sacks

 

En cette période de crise mondiale du nouveau coronavirus, des médecins tirent la sonnette d’alarme. Manque d’équipement de protection, manque de matériel, mais aussi non-renouvellement du personnel soignant. Telles sont, grosso modo, les constatations du docteur Adrien Mougougou, président du Syndicat des médecins fonctionnaires du Gabon (Symefoga).

À gauche, le Dr Adrien Mougougou, président du Symefoga. © Facebook

«Alors que nous avons grand besoin des fameux équipements de protection individuels (EPI) dans les hôpitaux, plus de 76.000 masques et autres équipements sont d’abord donnés aux politiciens, comme si nous étions en campagne électorale», s’insurgeait le leader syndicaliste dans un entretien à Gabonreview en début de semaine.

Par ailleurs, le personnel médical, qui s’occupe des patients en dehors du Covid-19, ne bénéficie que de deux masques par jour, se plaignait, il y a une semaine, un médecin travaillant au Centre hospitalier et universitaire de Libreville (CHUL). Plus grave, ce même médecin faisait remarquer des «absences d’eau courante» dans cet hôpital. Il ajoutait que le personnel soignant était déjà «fortement affecté par les infections nosocomiales» avant la crise du coronavirus. Depuis lors, une grande partie du CHUL a été réquisitionnée pour la lutte contre le Covid-19. Plusieurs personnes en cours de traitement avaient alors dû quitter les lieux.

Des infrastructures nouvelles mais pas toujours fonctionnelles

Le Gabon a certes construit ou rénové des hôpitaux, acheté du matériel ces dernières années, mais cela ne suffit pas, estiment les médecins. Un soignant du CHUL joint par Gabonreview indique que les scanners sont «rarement fonctionnels», et que le laboratoire est «rarement fourni en réactifs». Alors que le même hôpital possède un plateau technique neuf et un bloc de chirurgie cardiaque, un spécialiste note, cependant, qu’il n’y a pas de cœur poumon artificiel, empêchant toute opération à cœur ouvert.

«Nos plateaux techniques, pourtant renouvelés il quelques années, ont été laissés à l’abandon depuis trois ans suite au départ de VAMED, unique maintenancier que nous avions dans tout le pays», se plaint le Dr Adrien Mougougou. Pour lui, il n’existe que 30 respirateurs « fonctionnels » au Gabon. Pourtant, le gouvernement parle quant à lui de 700 lits et 100 respirateurs «pour les cas les plus critiques», réquisitionnés pour la lutte contre le Covid-19.

En 2016, la Banque mondiale s’inquiétait du système de santé au Gabon

«Le Gabon est un pays à revenu intermédiaire tranche supérieure (PRIS), qui affiche des dépenses raisonnables dans le secteur de la santé. Toutefois, ses résultats sanitaires évoquent ceux d’un pays à revenu faible et intermédiaire», écrivait la Banque mondiale dans un rapport de 2016.

«Les centres de soins de santé primaires et les programmes de santé publique manquent de moyens. Le personnel est concentré dans les hôpitaux et les zones urbaines», écrivait l’institution de de Bretton Woods, notant que «bien que le Gabon ait augmenté les ressources globales allouées à la santé, certaines inquiétudes persistent sur l’utilisation de ces fonds. À ce jour, ils n’ont pas contribué à améliorer les résultats sanitaires.»  L’organisation internationale reconnaissait tout de même des «efforts» dans «l’accès aux services de santé», ainsi que «l’augmentation de la couverture sociale

Pour autant, «le Gabon n’a pas atteint les cibles des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en matière de santé», expliquait-elle, ne pronostiquant non plus d’amélioration éclair dans l’avenir.

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    Quelle honte pour un pays pétrolier. A Ntare Nzame !!! A quand la.fin de cette souffrance ?

    Quand je pense que les français qui nous ont toujours imposé les Bongo sont les premiers à oser nous dire qu’ils n’ont pas droit d’intervenir dans les problèmes du Gabon. QUELLE BELLE HYPOCRISIE !!!

  2. Ulys dit :

    « Pays à revenu intermédiaire »… Où sont les retombés ? Le Gabon s’eveillera uniquement après le départ des Bongo. Tant que cette famille sera à la tête du Gabon, le peuple gabonais demeurera un peuple esclave, pour ne pas dire mendiant de ses propres richesses. Inadmissible tout simplement.

    C’est comme si c’est fait exprès de laisser ce peuple ainsi dans la misère totale. Il faut qu’il soit toujours à genoux pour mendier son bout de pain dans sa propre terre qui est riche de tout. Jusqu’à quand Seigneur ça va durer ?

  3. Ikobey dit :

    Il parait que l’on est au pic de la pandémie, donc il y en a pour l’instant suffisamment. Bien que je crois plutôt que l’on est au début !? qui vivra verra.

  4. matho dit :

    L’hôpital manque de tout ou presque, pendant ce temps l’accent est massivement mis dans les dons et distribution de riz et de dindon. La banque alimentaire plutôt que l’équipement des centres de traitement et des personnels soignant. L’impression de campagne électorale est du coup très forte.

  5. moundounga dit :

    Bjr. interviewer dans le cadre de la lutte contre le COVID un des Ministres a évoqué le manque de confiance des populations à l’égard des politiques, des ministres, des institutions de la République bref tous ce qui concerne « les dirigeants du Gabon. A t-elle tort je ne sais pas, ce que je sais par contre c’est que le COVID a une fois de plus donné l’occasion à cette population de constatée malheureusement encore l’inadmissible amalgame des genres dans la gestion de cette pandémie. Tenez par exemple, au moment ou le ministère des solidarités distribue des bons d’achats, d’autres donne des vivres frais pendant ce temps des associations à l’instar de celle de SK s’active également sans oublier des particuliers (qui confondent le ministère de la solidarité et celui de l’économie dans la centralisation des aides). en résumé il y a comme un désordre face à l’absence de centralisation de ces aides multiformes. La raison d’être de la création d’un comité autonome et indépendant s’imposait ici car à l’examen les services régaliens sont débordés. Amen.

  6. Fille dit :

    Le Sénégal a pris les choses en main. Le gouvernement de ce pays encourage toutes les initiatives et compétences pour la lutte du covid 19 en comptant sur la ressource endogène. De jeunes chercheurs ont inventé des respirateurs avec des imprimantes 3D et ce qu’ils ont sous la main sans attendre de l’extérieur. Le Burkina Faso, le Ghana, Madagascar, l’Afrique noire se bouge concrètement contre ce fléau. Il faut que le Gabon fasse sa mue, se désaliène et cesse de s’autodénigrer. On ne peut vraiment avancer qu’en comptant d’abord sur soi-même et éviter de se complaire sur les béquilles de la dépendance. Ceci dit, il existe des esclaves heureux. Prenez soin de vous.

  7. Observateurrrr dit :

    Le PDG oyéeeeeeee soutient ! Bravo les gars vous avez bien géré le pays. Villes bien urbanisées, l’eau est accessible à tout le monde, les hôpitaux sont bien équipés, les routes sont impeccables, 80 % des 2 millions des gabonais vivent au-dessus du seuil de pauvreté, tous sont bien logés etc etc. Vous avez fait un travail formidable ! On espère que vous êtes content de votre résultats. Bravo !
    Pdg oyé oyé oyé soutient !
    Vous avez tout eu pour marquer ce pays à jamais. Mais malheureusement la cupidité a été plus forte. Aujourd’hui nous sommes tous confondus riches et pauvres, grandes puissances et petit pays, tanpis pour ce qui ont bricolé le développement de leur pays.

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