Malgré des avancées dans le financement climatique, la COP 29, tenue à Bakou, a laissé un goût amer aux pays en développement. Ces derniers, espérant des engagements financiers à la hauteur de leurs besoins, jugent les 300 milliards de dollars annuels promis pour 2035 largement insuffisants. Retour sur une conférence marquée par des ambitions limitées et des critiques acerbes.

Malgré des avancées dans le financement climatique, la COP29, tenue à Bakou, a laissé un goût amer aux pays en développement. © GabonReview

 

La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 29), qui s’est achevée dans la nuit du 23 au 24 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, a marqué une étape majeure avec l’adoption d’un nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique (NCQG). Cet engagement prévoit de tripler le financement des pays en développement à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035, avec l’objectif ambitieux d’atteindre 1 300 milliards par an à la même échéance en mobilisant des fonds publics et privés. Cependant, cet accord, fruit de deux semaines de négociations intenses, a suscité de vives réactions, en particulier parmi les pays du Sud.

Une promesse jugée insuffisante

Malgré l’enthousiasme affiché par certains dirigeants occidentaux, les pays en développement, notamment les États africains et insulaires, ont exprimé leur frustration. «Si nous rentrons chez nous avec 300 milliards, c’est une insulte», a déclaré Nkiruka Maduekwe, du Conseil national sur le changement climatique au Nigeria. Ces nations, confrontées à des sécheresses, inondations et autres catastrophes climatiques exacerbées par le réchauffement, réclamaient un financement minimal de 600 milliards par an d’ici 2035.

Le groupe africain, par la voix de Hussein Alfa Nafo, a néanmoins souligné que l’accord stipule que ce montant est un plancher, laissant espérer des révisions à la hausse. «Nous avons ajouté le terme ‘au moins’ pour garantir que ce soit un minimum», a-t-il précisé.

Une responsabilité historique en débat

La COP29 aura laissé un bilan en demi-teinte. © D.R.

Pour les pays du Sud, cet accord ne reflète pas la responsabilité historique des nations développées dans la crise climatique. Ali Mohamed, représentant du groupe africain, a rappelé que «les promesses des grandes puissances demeurent largement non tenues». Ce sentiment est partagé par les petits États insulaires, qui ont dénoncé le manque de volonté politique pour répondre à leurs besoins urgents.

Evans Njewa, représentant des 45 pays les plus pauvres, a résumé la déception générale : «Cet accord n’est pas ambitieux. Il ne permet pas de faire face à l’urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés.»

Des voix discordantes dans le Nord

Du côté des nations développées, l’accord est perçu comme un progrès notable. Le commissaire européen Wopke Hoekstra a salué «le début d’une nouvelle ère pour la finance climatique», insistant sur le caractère réaliste et réalisable des objectifs fixés. Joe Biden, président des États-Unis, a décrit l’accord comme un « pas important », tout en reconnaissant que la route est encore longue.

Des avancées partielles mais stratégiques

Parallèlement, la COP 29 a permis de finaliser un accord mondial sur les marchés du carbone, un dossier en suspens depuis près d’une décennie. Ce développement, selon le président de la COP, Mukhtar Babayev, représente une «victoire stratégique» dans un contexte de tensions géopolitiques.

D’autres initiatives, notamment sur la réduction du méthane et la gestion de l’eau, ont également été adoptées, mais elles n’ont pas suffi à apaiser les critiques. Les ONG climatiques, tout comme les experts indépendants, estiment que ces engagements restent en deçà de l’urgence climatique.

La COP 29 aura laissé un bilan en demi-teinte. Si des progrès indéniables ont été réalisés sur le plan des engagements financiers et des mécanismes internationaux, la fracture entre le Nord et le Sud demeure béante. Pour les pays en développement, cet accord, bien qu’un point de départ, reste loin de répondre aux défis climatiques auxquels ils font face. Comme l’a résumé le secrétaire exécutif de l’ONU Climat, Simon Stiell : «Cette assurance pour l’humanité ne pourra fonctionner que si les primes sont payées intégralement et à temps

 
GR
 

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