Après la confirmation des cas de Covid-19 au lycée français Blaise Pascal de Libreville, l’établissement a été fermé par mesure de précaution. L’alerte d’un parent d’élève qui soupçonnait l’école de cacher cette contamination a suscité un tollé sur la toile et dans l’opinion. Dans cet entretien accordé à Gabonreview, le président de l’Association des parents d’élèves (APE) de ce lycée, Nicolas Chevrinais, et le secrétaire de l’APE, Moussa Owondault Berre, font le point sur la situation. Pour eux, la situation n’est pas dramatique.

De gauche à droite Nicolas Chevrinais et Moussa Owondault Berre. © Gabonreview

 

Gabonreview : Pouvez-vous nous présenter le lycée Blaise Pascal ?

Nicolas Chevrinais : Le lycée français Blaise Pascal, avec 1200 élèves, est l’œuvre de parents qui se sont réunis dans les années 90 au sein d’une association de droit gabonais, pour créer cet établissement privé via une convention mise en place avec l’Agence pour l’Enseignement Français à l’étranger (AEFE). A la différence d’autres écoles où les parents sont certes là, mais essentiellement pour les activités récréatives et sportives, ici ce sont les parents qui gèrent l’établissement pour les aspects administratifs et financiers en partenariat avec l’AEFE. D’où une relation de co-direction avec le proviseur et ses équipes qui ont notamment la conduite des activités pédagogiques et la gestion quotidienne du Lycée

Le lycée fait parler de lui aujourd’hui à cause de la découverte des cas positifs au Covid-19…

Nicolas C : On se retrouve effectivement confronté à ce problème de Covid-19 au sein de l’établissement comme partout ailleurs. Ces cas de COVID 19 sont apparus alors même qu’un protocole sanitaire strict -validé par le Copil- a été mis en place au sein de l’Etablissement depuis septembre 2020 et que les parents et élèves ont été sensibilisés sur l’importance de respecter les gestes barrières non seulement à l’intérieur mais aussi à l’extérieur du Lycée. Cependant, malgré ces précautions, on a dû enregistrer 12 cas de Covid-19 et au fur et à mesure que ces cas se sont déclarés, il y a eu évidemment de plus en plus de cas contacts.

Par mesure de précaution, et en concertation avec l’APE, la décision a été prise par le proviseur d’arrêter les cours en présentiel pour prendre le temps de désinfecter les locaux, tout en s’assurant aussi que les élèves et l’ensemble des encadrants du lycée soient testés. Mais, il faut bien noter que pour l’heure aucun enseignant n’a été testé positif. Mieux vaut s’arrêter quelques jours pour mieux repartir, on l’espère, à court terme. C’est ce qui a guidé le proviseur dans sa démarche avec le soutien des parents d’élèves pour prendre cette décision de fermeture temporaire de l’établissement, sachant qu’on aura des enseignements en distanciel puisque les élèves recevront les devoirs des professeurs et des cours théoriques via le portail digitalisé du Lycée (Pronote) et les outils de visio-conférence (Zoom…).

La chaîne de contamination a-t-elle été remontée, sachant que les enfants auraient pu contaminer, entre autres, leurs chauffeurs qui eux auraient pu contaminer leurs familles ?

Nicolas C : Pour chaque nouveau cas de Covid-19, la chaîne des cas contacts a été établie en liaison systématique avec le Copil qui reçoit de la part de la direction du lycée, des points détaillés tous les jours. Après c’est le Copil qui prend le relais pour les aspects extérieurs au lycée. En interne, les services pédagogiques du lycée exigent un test négatif pour tous les cas contacts, avant de les admettre à nouveau en présentiel au sein de l’établissement.

Moussa Owondault Berre : Le Gabon est un petit pays, tout le monde se connaît et se retrouve souvent. Le Lycée Blaise Pascal a commencé les cours en présentiel dès la rentrée scolaire de début septembre 2020. Par rapport aux chiffres relatifs aux cas contacts, on aura plus de précisions dans les prochains jours. Mais pour ne pas prendre de risques, on a préféré ce principe de précaution. D’où la fermeture momentanée. Il faut qu’on soit responsable parce qu’on peut insister sur le respect des gestes barrières dans l’établissement mais après quand les enfants sortent, on ne maîtrise pas forcément ce qu’ils font. Si effectivement il n’y a pas de respect des gestes barrières, ils peuvent se contaminer mutuellement. D’où la responsabilisation des parents d’élèves et enfants à l’extérieur. Il faut que tout le monde joue le jeu.

La fermeture durera combien de temps ?

Le lycée Blaise Pascal de Libreville. © D.R.

Nicolas C : L’idée à très court terme c’est de faire désinfecter tout le lycée. Puis, avec le soutien du Copil organiser de façon massive un dépistage pour tous les élèves. Plus tôt ce dépistage sera organisé, plus tôt nous aurons les résultats, plus tôt les cours en présentiel au lycée vont reprendre. Le souhait c’est de reprendre les cours en présentiel dès que possible et avant les vacances scolaires de fin février. Après, cette reprise dépendra de l’évolution de la situation sanitaire   du pays et des décisions qui seraient prises par les autorités gabonaises. Les membres du bureau de l’APE sont tous des bénévoles exerçant par ailleurs leurs activités professionnelles dans le secteur privé ou parapublic. Ils sont donc bien intégrés dans l’environnement, informés et conscients de la situation sanitaire de notre pays. Par conséquent nous constatons que le Covid-19 progresse actuellement et bien malin celui qui pourra dira dans quelques jours où en sera l’épidémie.

Les cas testés positifs sont-ils importés ou les enfants ont été contaminés ici au Gabon ?

Nicolas C : Les contaminations se sont sans doute faites au Gabon. Les derniers élèves qui ont eu à voyager, sont arrivés à la rentrée. C’est-à-dire, le 4 janvier. Par rapport à la période d’incubation, s’il y avait eu des cas de Covid-19, on devait les détecter avant. Or, ça vient de se passer. On peut même penser que les contaminations ont eu lieu en dehors du lycée. Ces 12 cas ne sont majoritairement pas dans les mêmes classes. Donc il apparait très probable que c’est à l’extérieur du lycée, dans le cercle amical, dans le cercle familial que les élèves se retrouvent et se contaminent. Au sein du lycée, on applique les gestes barrières, il n’y a pas ou peu de risques. S’il devait y avoir des risques, on aurait des classes entières avec le Covid-19. Or, ce n’est pas le cas.

Les gens ont eu connaissance de l’existence de ces cas, après l’alerte d’un parent d’élève qui dénonçait le manque de communication des responsables de l’établissement. Y-a-t-il eu une volonté de cacher ces contaminations ?

Moussa O.B : Nous sommes en relation étroite avec les autorités en charge de la riposte. Nous avons via Pronote, le logiciel qui permet de gérer la vie administrative du lycée, tenu  les parents informés et répondons à toutes leurs questions et préoccupations. Il n’y a eu aucune volonté de cacher quoi que ce soit.

Nicolas C : Au fur et à mesure de l’évolution de la situation sanitaire, la Direction du Lycée Blaise Pascal a été transparente et a régulièrement communiqué avec les parents d’élèves via Pronote. C’est l’interface informatique entre le lycée et les parents. C’est là où il y a des devoirs des enfants, où se fait la communication entre le lycée et les parents. En réalité, on ne peut pas être plus clairs et transparents, la communication via Pronote étant faite en temps réel et au jour le jour. Mais encore faudrait-il que les parents aillent regarder les informations sur Pronote.

Le proviseur et ses équipes ont remonté les informations non seulement aux parents, mais aussi aux autorités françaises et gabonaises notamment au Copil qui était systématiquement informé tous les jours de l’évolution de la situation sanitaire au lycée et qui d’ailleurs, s’est beaucoup impliqué pour suivre cette situation, et a même validé notre protocole sanitaire mis en place depuis septembre. Nous savons tous qu’un enfant porteur du virus Covid19, le danger ce n’est pas nécessairement pour lui. C’est pour ses parents, ses grands parents et les autres parents et proches en situation de fragilité. Dans un tel contexte, il n’y a aucune volonté de cacher quoi que ce soit. Au contraire, tout le monde doit être solidaire car de la responsabilité de chacun dépend la santé de tous

Pour conclure ?

Moussa O.B : Le lycée sera désinfecté par un prestataire. Nous sommes en contact avec le Copil pour organiser un dépistage massif et les parents seront informés en temps utile afin que les enfants se fassent dépister. Mais il faut retenir que la situation n’est pas dramatique. Certains réseaux sociaux se sont saisis de l’affaire et des informations très exagérées et parfois même erronées ont circulé dans tous les sens. Les choses se sont faites de manière transparente et nous travaillons avec les autorités tant Gabonaises que Françaises pour une réouverture du Lycée aussi rapide que possible, et la reprise de la scolarité en présentiel.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    Pauvres menteurs !! Finalement c’est vous qui amenez de France cette saleté de VIRUS. A Ntare Nzame !! Bande d’hypocrites !!

  2. idiata idiata dit :

    LA Situation n’es pas dramatique> c’est vraiment FOU!!!!
    Pauvre du Gabon!!!!

  3. Owono dit :

    Effectivement je le confirme. La situation n’est pas dramatique. Arrêtons de céder à l’émotion. Visiblement, tous les cas contacts signalés sont négatifs dont ma fille. Que les cas positifs suivent les cours à distance. Et puis, fermer le lycée n’a aucun sens, en revanche fermer pour tester oui, c’est un plus sensé.

  4. diogene dit :

    Il semble que le virus s’installe et pour longtemps dans notre quotidien !

    Les enfants et les jeunes adultes sont des vecteurs de la maladie d’une certaine façon comme les moustiques pour le palud…

    Des moustiquaires suffisent à éradiquer la malaria ! Nous n’avons pas su le faire alors le covid va nous en faire voir de toutes les couleurs…

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