Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Julien Nkoghe Bekale, le 15 avril, le président du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) met le gouvernement en garde contre toutes tentatives de détournement, de corruption ou d’usage illicite des moyens alloués à la lutte contre le Covid-19.

Le Premier ministre Julien Nkoghé Bekalé et son équipe dans le viseur du ROLBG. © D.R.

 

La propagation de la pandémie du Covid-19 a déclenché un élan de solidarité venu de tous les horizons : partenaires internationaux, entreprises publiques et privées, etc. L’idéal attendu par tous est que chaque franc collecté soit réellement affecté à la lutte contre le Covid-19. Le Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) doute que cet idéal soit partagé par tous. Il a interpellé, le 15 avril, le Premier ministre sur la transparence dans la gestion des ressources mobilisées, dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus.

«Monsieur le Premier ministre, les membres du gouvernement gestionnaires de la chose publique sont dans l’œil du cyclone en ce moment, étant surveillés par la société civile et même par le pouvoir. La moindre incartade leur serait fatale. Ceci est aussi valable pour les membres du Copil qui seraient tentés de profiter de la crise pour s’enrichir sur le dos des Gabonais», déclare le président du ROLBG, Georges Mpaga.

Selon le ROLBG, de graves manquements ont été constaté dans la gouvernance du Copil, notamment une certaine opacité dans la gestion des moyens alloués à la lutte, et une absence de prise en compte du volet communautaire.

«Le fait que le Copil soit constitué uniquement de représentants de l’État favorise l’opacité et toutes les dérives habituelles de gestion des finances publiques que nous connaissons. La gestion de la pandémie ne doit pas s’écarter des règles établies par la loi et encourager des détournements massifs des fonds publics», souligne le ROLBG. Le réseau souhaite que soit portés à la connaissance du public la destination finale et le plan d’utilisation détaillé des 88 milliards affectés à la lutte contre le fléau qui seront versés par le Fonds monétaire international dans le compte du Gabon à la Beac, pour plus de transparence.

Le ROLBG entend exercer une vigilance citoyenne accrue sur la conduite des marchés obtenus par les opérateurs économiques dans le cadre de la mise en œuvre des mesures socioéconomiques prise par le président de la République. Celles-ci doivent continuer à obéir à l’appel d’offres et à la transparence, puis au contrôle a posteriori, estime le ROLBG, qui doute du respect et de l’application de ces règles, dans le cadre de la réquisition de l’hôtel Ré-Ndama, et du choix des structures commerciales SanGel et Ckdo pour l’approvisionnement par bons d’achats des populations censées être classées économiquement faibles.

«Il se murmure que les nouveaux propriétaires du Ré-Ndama seraient des apparatchiks du régime. Combien cette réquisition va-t-elle coûter à l’Etat ? Il serait licite de rendre publique cette information. Qui vérifiera que la facture totale délivrée par SanGel et Ckdo ne sera pas surévaluée par ces deux entreprises ? Une dotation en argent frais aurait laissé la liberté aux citoyens de s’approvisionner dans les magasins de leur choix, tandis que ces bons les obligent à se rendre uniquement chez ces deux fournisseurs. Et que dire de la tentation que pourraient avoir ces opérateurs d’écouler leurs stocks de nourriture avariés ou périmés, comme ce fut récemment le cas avec le scandale de SanGel ?», interroge le président du ROLBG.

«Dans une crise de cette envergure où la vie des Gabonais est gravement menacée, aucune corruption et aucun détournement de l’argent public ne peut être accepté. La société civile mènera une guerre sans merci à tout détenteur de l’autorité publique ou à tout agent public qui se livrerait à des actes de corruption, de détournements de l’argent public où à l’enrichissement illicite dans la circonstance actuelle», promet Georges Mpaga.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. diogene dit :

    Des vœux pieux ne servent guère : un bois au marigot ne devient caïman.

    Ceux qui se goinfrèrent des dons pour le sida, ébola et autres ont encore faim, d’autant que l’impunité règne pour eux.

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