S’il n’est pas assuré d’avoir gain de cause, le Gabon ne s’est pas moins lancé depuis quelques mois dans une campagne, souhaitant contraindre les Nations unies à revoir leur méthode de calcul du bilan carbone, REDD (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation). Ce qui devrait lui permettre de récolter plus d’argent à travers la vente de ses crédits carbone, grâce notamment à la politique de préservation des forêts du pays. L’affaire n’est pas facile.

Le Gabon entend pousser la CCNUCC à changer sa méthode de calcul baptisée REDD (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation), pas vraiment avantageuse pour lui. © Gabonreview

 

Dans le cadre de l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (CAFI) qui réunit plusieurs pays industrialisés et dont la Norvège est le principal bailleur, le Gabon est parvenu à récolter cette année 17 millions de dollars, soit près de 9,4 milliards de francs CFA, versés en contrepartie des tonnes de carbone supplémentaires séquestrées entre 2016 et 2017. Si ce chèque constitue déjà un joli petit pactole, les autorités gabonaises sont convaincues d’en mériter plus. Et à quelques semaines de la prochaine COP à Glasgow, en Écosse, elles tentent de faire accepter cette idée à la communauté internationale.

Capable de séquestrer 3,4 millions de tonnes en deux ans, le Gabon estime en effet que sa politique en matière de préservation des forêts devrait logiquement lui permettre de gagner plus d’argent. Aussi, le pays entend-il changer les règles du jeu, et envisage bien de contraindre la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à changer sa méthode de calcul baptisée REDD (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation), qui serait désavantageuse pour le pays. D’autant que celle-ci privilégie les progrès des pays dans la mise en œuvre de leur politique de réduction de la déforestation.

Or, la politique environnementale du Gabon réside plutôt dans l’arrêt de la déforestation depuis plus de 10 ans. Ce qui a, par exemple, permis au pays d’absorber 140 millions de tonnes de CO2 en 2010 contre 35 millions de tonnes émises la même année. C’est donc sur ces chiffres que Libreville souhaite que la CCNUCC se base pour faire son calcul. Ce qui lui permettrait de vendre plus de crédits carbone.

Bien décidées à faire adopter ce nouveau mode de calcul basé sur la capacité nette de séquestration de carbone, les autorités gabonaises sont en campagne auprès de leurs homologues internationaux, révèle Africa Intelligence, qui rapporte que trois heures durant, le secrétaire d’État brésilien chargé des relations bilatérales avec l’Afrique, Kenneth Félix Haczynski da Nóbrega, s’est entretenu le 3 septembre dernier en visioconférence avec des responsables gabonais qui tentaient de convaincre son pays d’adhérer à l’idée du Gabon. Ce qui risque d’être difficile, d’autant que le Brésil tire plutôt avantage de la méthode de calcul actuelle. Il en est de même pour la Malaisie avec laquelle le Gabon entretient des relations de coopération économique.

Si le pays n’est pas également sûr d’avoir le soutien du Congo, il devrait poursuivre sa campagne auprès de la RDC et d’autres pays tels que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, «qui a déjà déposé des amendements en faveur d’un changement de méthode de calcul lors de la précédente COP», informent nos confrères d’Africa Intelligence. Le Costa Rica et le Suriname apparaissent également parmi les potentiels alliés du Gabon, chef de file des négociateurs africains à la COP26.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Teddy dit :

    Le Gabon veut plus, ou plutôt ceux qui volent le Gabon qui en réclament toujours plus ?

  2. diogene dit :

    De l’argent pour quoi en faire ? Et puis la forêt ne nous appartient pas!

    Le non développement du pays, dû à la corruption systématique et systémique et la collusion avec des maffias du type françafric ,ne saurait être enrayé juste par des valises de pognon…

  3. De Kermadec dit :

    Avec tout l’argent détourné depuis plusieurs décénis part le clan dirigé par une même famille ainsi, détournement pratiqué par tous ceux ou celles qui ont profité ou qui profite toujours « ce sport », ces « parasites » n’ont aucune honte, aucun scrupule à demander une aide financière internationale. Aucune de ces personnes de ces « erreurs de la nature » ne propose d’aider le pays, financièrement, en mettant la main à la poche, en remboursant ce qu’ils ont détourné sans vergogne?

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