Ouvert lundi 23 mai à l’arboretum Raponda-Walker d’Akanda, l’atelier de formation et de sensibilisation permettra trois jours durant aux officiers de police judiciaire de renforcer leurs compétences dans le cadre de la lutte contre la criminalité faunique, grâce notamment au Laboratoire de génétique de la faune développé par l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN).

Les officiels, lors de l’ouverture de l’atelier, le 23 mai 2022, à Akanda (de gauche à droite : Rosario Bento Pais, Général Ebang Edou, Christian Tchemambela, Alejandra Euceda). © Gabonreview

 

Des OPJ en formation. © Gabonreview

S’il est vrai qu’en matière de lutte contre la criminalité faunique le Gabon dispose d’un arsenal juridique plutôt efficace, contrairement à d’autres pays de la sous-région de l’Afrique centrale, pour le général d’armée aérienne Maxime Ebang Edou, «les interrogations et les aveux ne suffisent plus face à la lourdeur des peines. Des preuves irréfutables basées sur les techniques scientifiques de qualité sont désormais essentielles pour que la justice puisse condamner les membres des organisations criminelles actives dans le trafic des espèces protégées et des ressources naturelles». Une attente à laquelle est censé répondre le Laboratoire génétique de la faune développé par l’ANPN.

Premier laboratoire du genre dans la sous-région, cet outil permet de produire des analyses forensiques de la faune (ensemble de techniques visant à rechercher la preuve d’un délit et d’identifier son auteur), dans le but de soutenir les enquêtes et les poursuites judiciaires. Aussi, l’atelier ouvert le 25 mai pour s’achever le 25 mai prochain vise-t-il à rappeler aux 28 OPJ (magistrats, juristes, agents de la police nationale, conservateurs des parcs nationaux) qui y prennent part que le laboratoire est à leur disposition pour leur permettre de mener à bien leurs enquêtes et de parvenir à confondre les criminels.

© Gabonreview

Trois jours durant, les experts invités par l’ONUDC présenteront aux participants les différents tests génétiques proposés par le laboratoire de l’ANPN. Ils procèderont à des cas pratiques «afin de traduire les questions scientifiques en questions d’enquêtes».

«C’est seulement grâce au strict respect des procédures pénales et de la chaîne de traçabilité, à la fois par les OPJ agissant sur la scène de crime et les scientifiques œuvrant au laboratoire, que les rapports d’expertise pourront être recevables au tribunal», rappelle le général d’armée aérienne Maxime Ebang Edou, invitant les participants à saisir l’opportunité de cet atelier pour accorder leurs langages et leur coopération pour faire échec à la criminalité faunique considérée comme la 4e activité criminelle internationale du monde après le trafic de drogue, les produits de contrefaçon et des personnes.

Une salle du laboratoire, sis au siège de l’ANPN, à Libreville. © Gabonreview

Jusqu’à 281 milliards d’euros par an

Le trafic des espèces sauvages est un fléau qui, assure-t-on au ministère des Eaux et Forêts, constitue «un obstacle de taille à la stabilité nationale, sous-régionale et régionale, à la sécurité et à la croissance économique». Au bureau régional de l’ONUDC pour l’Afrique de l’Ouest et du centre, on le présente comme une des activités criminelles parmi les plus lucratives au monde.

«Extrêmement lucrative et peu risquée, la criminalité environnementale générerait, selon un rapport de 2018 du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et Interpol, entre 110 et 281 milliards de dollars par an», rappelle Alejandra Euceda. Pour la chargée du Programme mondial de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts, ces énormes profits sont notamment liés à la corruption et au blanchiment d’argent.

 
GR
 

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