Accusés d’indifférence, voire de complicité face à la situation socio-politique de ces dernières années au Gabon, les prêtres de l’Église catholique apostolique et romaine au Gabon ont décidé, à la faveur de la Pentecôte, de sortir de leur réserve pour annoncer «une nouvelle espérance».

 

Les prêtres de l’Église catholique au Gabon rappellent qu’il leur revient « d’aider [le] peuple à réaliser que le respect des droits humains » (Ici, la cathédrale Sainte-Marie de Libreville). © Facebook/eglisecatholiqueaugabon

 

Les prêtres de l’Eglise catholique au Gabon ont lancé, le 23 mai lors de la célébration de la Pentecôte, un nouvel appel à la conscientisation face aux maux qui minent la société et le quotidien des populations. Pour les hommes aux toges blanches, il s’est d’abord agi d’expliquer ce que nombreux qualifient de « mutisme de l’Église » face aux cris de détresse exprimés de diverses manières.

Absence d’analyse face aux crises et interpellation récurrente de l’Église

À ce titre, ils notent que les « cris de détresse se multiplient au même titre que les interpellations » en provenance des différents leaders religieux, de la société civile et de différentes forces vives de la Nation. Prenant en exemple le récent challenge des danses dites « obscènes » des élèves de certains établissements du secondaire, ils indiquent qu’au-delà de l’indignation de l’opinion, les choses restent en l’état faute d’analyse. « Ce défaut d’analyse qui épouse les contours d’un court-circuit a, malheureusement, pour conséquence de ne pas régler les problèmes de manière durable. »

Rappelant que l’Église à maintes fois été interpellée, notamment par des graffitis sur les murs de la Cathédrale et de l’Archevêché, mais aussi par Raymond Ndong Sima s’interrogeant sur le positionnement de l’Église face à la situation politique du pays, par Paul Mba Abessole interpellant les chrétiens sur leurs positions devant la réalité socio-politique, ou encore par les bivouacs répétitifs devant la Cathédrale Sainte-Marie de « nombreux compatriotes soucieux de faire entendre leurs revendications », les prêtres de l’Église catholique au Gabon rappellent que leur « prise de parole s’inscrit dans le cadre des différentes actions pastorales et prophétiques que nous menons, en communion avec notre hiérarchie, et qui nous engagent à tous les niveaux de la société gabonaise.

Appel au recentrage et à la participation au débat gabonais

Rappelant notamment, à titre d’illustration, Rinaldi, le garçonnet de 3 ans enlevé en janvier 2020 et jamais retrouvé, ou encore la tentative de coup d’État du 4 janvier 2019 par les hommes du lieutenant Kelly Ondo Obiang, les hommes aux toges blanches rappellent qu’« d’aider notre peuple à réaliser que le respect des droits humains, tout au long de l’histoire, est l’œuvre d’individus qui attirent l’attention de leurs compatriotes sur l’injustice, au point de les mobiliser jusqu’à ce qu’ils arrivent non seulement à la gommer mais aussi à la réparer. »

Au terme d’une analyse de la situation de déchéance de la Nation gabonaise et de la clochardisation de son peuple, les membres du clergé catholique au Gabon proposent une démarche à trois niveaux d’intérêt permettant d’envisager la « nouvelle espérance » qu’ils prônent. Le premier est le recentrage de l’Église sur la mission première qu’elle a reçue du Christ, celle d’aller vers toutes les nations pour faire des disciples par l’annonce de l’Évangile (Cf. Matthieu 28, 19). Le second consistera pour le clergé catholique à se mettre à l’école de ses fondateurs, c’est-à-dire s’inspirer des « hommes et des femmes qui ont marqué d’une pierre blanche la vie de l’Église et de l’État, le prêtre devrait être capable d’identifier, lui aussi, les défis qui s’imposent au monde dans lequel il vit, réaliser les difficultés qui empêchent de relever ces défis et, enfin, participer au débat gabonais en proposant des solutions adéquates aux problèmes qui minent la société. » Le troisième est de « choisir de dire et vivre la vérité ». Un exercice qui s’impose si l’Église veut « vraiment sortir de la léthargie et construire un Gabon meilleur. »

Les prêtres de l’Église catholique au Gabon réaffirment donc leur volonté d’œuvrer aux côtés du peuple afin de trouver des réponses pastorales concrètes et durables aux problèmes qui minent le vivre ensemble gabonais. «En ce temps de pentecôte, nous implorons sur le Gabon et tous ses habitants, une abondance des dons de l’Esprit, pour que chacun soit éclairé sur les choix à faire et trouve la force nécessaire de les traduire en actes, au service du bien commun, pour la plus grande gloire de Dieu et la prospérité de notre cher et beau pays ! », ont-ils conclu, non sans appeler les évêques, les gouvernants et le peuple gabonais à la responsabilité collective, chacun selon son degré d’intervention.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. SERGE MAKAYA dit :

    A NTARE NZAME !!! MERCI AUX CHRÉTIENS. QUE NZAME PROTÈGE NOTRE GABON. JE VAIS TOUT DE SUITE PRIER NZAME SUITE A CETTE BONNE NOUVELLE.

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