Annoncé le 3 avril par Ali Bongo, le dépistage de masse des populations, pour freiner la propagation du Coronavirus, n’a toujours pas été mis en œuvre par le gouvernement. Cette méthode a pourtant fait ses preuves dans certains pays d’Asie. Manque d’expertise ou de moyens ?

Julien Nkoghe Bekale et son équipe tardent à matérialiser le dépistage de masse des populations. © afrik.com

 

Conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le chef de l’Etat a annoncé, le 3 avril, la mise en place d’un dépistage de masse des populations pour freiner la propagation du Coronavirus. Si le Gabon a été le premier pays a annoncer cette mesure en Afrique, force est de constater que 12 jours après, rien n’a bougé sur ce front.

Un retard à l’allumage qui attire les regards sur le gouvernement et plus précisément, le Premier le ministre. Car c’est à Julien Nkoghe Bekale et son équipe qu’Ali Bongo a instruit de mettre en oeuvre cette mesure censée permettre de connaître le statut de chacun et de mieux protéger ceux qui sont testés positif au Covid-19, ainsi que leurs proches.

Le 9 avril, le chef de l’Etat a déploré le retard accusé dans la mise en œuvre des mesures sociales et économiques par le gouvernement. Le lendemain, le Premier ministre a fait sa déclaration sur le «Plan de riposte et de soutien économique et social» face à pandémie du Coronavirus. Si les modalités de mise en œuvre de plusieurs mesures ont été abordées lors de la déclaration du Premier ministre, rien n’a filtré sur dépistage massif des populations.

Un chantier trop gargantuesque ?

Pourtant, Julien Nkoghe Bekale a reconnu l’efficacité du dépistage massif des populations dans d’autres pays, tout en se déchargeant astucieusement ou maladroitement, c’est selon, de la question. «Comme il s’agit d’une mesure de santé publique, je voudrais inviter les populations cibles à y souscrire volontairement selon les modalités qui seront précisées par le ministre de la Santé», a déclaré le Premier ministre. Depuis, c’est le silence radio.

Ce chantier est-il si gargantuesque au point que plus de dix jours après son annonce, le gouvernement ne l’ait pas encore mise en œuvre ? Le dépistage massif des populations implique certes la création de 60 centres de test sur l’ensemble du territoire, ainsi que la gratuité des tests dans les structures publiques. Est-ce pour autant qu’aucune communication n’accompagne ce qui se fait ou a déjà été fait sur ce volet ?

Dans son discours, Julien Nkoghe Bekale évoqué la «nécessité de l’adoption des textes réglementaires devant encadrer le dispositif de mise en exécution des décisions présidentielles» pour justifier ce retard. Cet argument est-il valable face à la menace grandissante et persistante du Coronavirus ? Les mauvaises langues évoquent le manque d’expertise et ressources humaines qualifiées pour la mise en place de ce chantier d’envergure.

Peut-être ont-elles raison mais, dans tous les cas, ce n’est certainement pas une question de moyens. En plus de ses fonds propres, le Gabon a reçu suffisamment d’argent de l’extérieur pour organiser la riposte contre l’ennemi invisible qui gagne du terrain dans le pays. Plus que jamais, il serait peut-être temps pour le gouvernement de faire taire ses détracteurs et matérialiser, enfin, le dépistage de masse des populations, dans l’intérêt de tous.

D’autant que cette méthode, expérimentée en premier dans les pays d’Asie, est considérée par les autorités sanitaires mondiales comme très efficace. Avec le port systématique de masque (dans les lieux publics), désormais en vigueur au Gabon, le dépistage de masse des populations permet de limiter les mesures de confinement, dont le coût n’est pas anodin sur le plan social et économique.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. diogene dit :

    Trop gros chantier, ce n’est qu’un chantier et pour qui ne sait pas ce que c’est !

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