E-gouvernement: le Gabon se dote d’un cadre juridique pour accélérer la digitalisation de son administration
Une ordonnance publiée au Journal officiel consacre pour la première fois l’e-gouvernement dans le pays. Le ministre Mark Alexandre Doumba y voit une « grosse réforme » pour rapprocher les services publics des citoyens et stimuler la souveraineté numérique.

Le Gabon se dote d’un cadre juridique pour accélérer la digitalisation de son administration. © D.R.
Le Gabon franchit une étape décisive dans sa transformation numérique. Signée par le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema et publiée au Journal officiel le 7 septembre 2025, l’ordonnance sur la digitalisation établit pour la première fois un cadre juridique complet visant à moderniser l’administration publique et à généraliser l’accès aux services en ligne. Cette réforme ambitieuse s’inscrit dans la stratégie « Digital Gabon » et vise à améliorer l’efficacité de l’État, renforcer la transparence et développer l’écosystème numérique local.
Pour Mark Alexandre Doumba, ministre de l’Économie numérique, de la Digitalisation et de l’Innovation, cette ordonnance représente une avancée majeure. « Nous avons réussi à faire passer notre ordonnance. Je souhaite remercier le chef de l’État pour avoir soutenu ce texte, pour l’avoir porté », a-t-il déclaré dans une capsule sur la page Facebook de son ministère. « Mais à quoi sert cette ordonnance sur la digitalisation ? L’idée déjà, c’est que pour la première fois en République gabonaise, nous avons enfin un cadre qui permet de faire ce qu’on appelle du e-gouvernement. »
Le ministre précise la portée concrète de cette réforme : « L’e-gouvernement, c’est tout simplement permettre à n’importe quel citoyen gabonais de se connecter sur une plateforme en ligne, sur Internet, et de pouvoir avoir accès à un service public. » Des exemples existent déjà, comme à l’Agence nationale de promotion des investissements (ANPI), « où les entreprises se créent en ligne depuis maintenant 4 ou 5 ans, et c’est près de 50 000 entreprises créées là-bas. »
D’autres services suivront bientôt. « Ça peut être bientôt auprès des caisses, la CNSS et la CNAMGS, pour que les déclarations trimestrielles de salaire puissent être faites en ligne, pour que les salariés puissent s’assurer que les employeurs payent réellement leur part de cotisation sociale, et tout ça sera disponible en ligne », explique Mark Alexandre Doumba. « E-gouvernement, mobile gouvernement, digital gouvernement, c’est la même chose, c’est l’accès des services publics à distance. C’est juste le support qui change. Donc ça, c’est la grosse réforme liée à la digitalisation dans notre ordonnance sur la digitalisation en République gabonaise. »
Des mesures structurantes pour la transformation numérique
L’ordonnance contient plusieurs dispositions clés destinées à accélérer la modernisation de l’administration publique. Elle impose notamment aux administrations publiques de digitaliser leurs services afin d’améliorer la qualité et la rapidité des prestations offertes aux usagers.
Le texte instaure également l’interconnexion obligatoire entre les différentes administrations pour faciliter les échanges d’information et simplifier les démarches administratives. Cette interopérabilité des systèmes d’information constitue un axe central de la réforme, permettant aux différents services de l’État de communiquer efficacement entre eux.
Autre innovation majeure : l’intégration du secteur privé national dans les projets de digitalisation. Une clause de préférence nationale dans les marchés publics liés à la transformation numérique vise à soutenir l’écosystème numérique gabonais et à stimuler la création d’emplois locaux dans ce secteur stratégique.
Souveraineté numérique et inclusion territoriale, un levier pour le développement économique
La promotion de la souveraineté numérique du Gabon figure parmi les priorités affichées par le texte. Celle-ci passe par le contrôle et la sécurisation des données publiques, ainsi que par des mesures garantissant la transparence, la sécurité des systèmes d’information et la protection des données personnelles.
Le cadre législatif met également l’accent sur l’inclusion numérique. Des initiatives spécifiques doivent favoriser l’accès équitable aux technologies numériques sur l’ensemble du territoire, notamment dans les zones rurales ou défavorisées, afin que la transformation digitale bénéficie à tous les citoyens.
Cette réforme intervient alors que le Gabon occupe actuellement la 174e place sur 193 pays selon l’indice des Nations unies sur le développement de l’e-gouvernement, avec un score de 0,5741. Les autorités espèrent que cette ordonnance permettra au pays de remonter dans le classement mondial et d’attirer davantage d’investissements dans l’économie numérique.
Ce secteur est perçu comme stratégique pour diversifier l’économie gabonaise et réduire sa dépendance à l’égard du pétrole.
La réforme s’inscrit dans la continuité des efforts menés par l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (ANINF), active depuis plus d’une décennie dans le développement des infrastructures numériques du pays. Le cadre juridique récemment adopté pourrait ainsi consolider les initiatives en cours et renforcer les capacités institutionnelles du Gabon en matière de services publics numériques, ouvrant la voie à un écosystème numérique durable et inclusif.

















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