L’école DigieWomen organise la deuxième édition des Journées portes ouvertes virtuelles (JPOV). Cet évènement qui se déboulera en ligne du 21 au 23 octobre, sur le thème «Start-up & Digital en Afrique», est marrainé par la présidente de la Fondation Sounga, qui vise à favoriser l’autonomisation de la femme congolaise. Dans cette interview accordée à Gabonreview, Danielle Sassou Nguesso revient sur l’intérêt de cette rencontre, non sans évoquer la place de l’entreprenariat féminin au Gabon.

Pour Danielle Sassou Nguesso, «l’entreprenariat féminin en Afrique est un des piliers du développement de nos sociétés». © D.R.

 

Gabonreview : Pourquoi avoir choisi de marrainer les Journées portes ouvertes virtuelles de DigieWomen ?

Danielle Sassou Nguesso : DigieWomen s’emploie à révolutionner le monde à sa manière, au travers du digital, en connectant les femmes, en les formant, en leur ouvrant de nouveaux horizons, au Gabon et au-delà. En effet, ses organisateurs, dont la fondatrice Christine Soro, démontrent leur fervente volonté d’instaurer des sociétés plus inclusives, plus justes et plus responsables en allant au-delà des générations, des frontières et du genre…en utilisant un outil innovant et fédérateur, le numérique. DigieWomen est donc selon moi une organisation qui ne peut qu’inspirer et encourager les femmes à révéler leur talent au travers du digital… Une conviction qui me tient également à cœur et que je mets en œuvre au travers de la Fondation Sounga.

Je n’ai donc pas hésité un instant à devenir marraine, car je pense que tenir un tel rôle c’est être actrice de la mixité dans les métiers du numérique. Mais c’est également encourager les femmes dans leurs choix d’orientation professionnelle…les encourager à oser embrasser de nouvelles carrières, en laissant derrière elles les tabous. Être marraine de cet évènement contribue selon moi tout simplement à déconstruire les stéréotypes et susciter de nouvelles vocations. Je suis donc très fière d’être la marraine de cette seconde édition des Journées portes ouvertes virtuelles de DigieWomen.

Pensez-vous que l’entreprenariat féminin a un avenir en Afrique, et plus particulièrement au Gabon ?

L’Afrique est championne du monde de l’entreprenariat féminin. 21,8 % des femmes en Afrique sont entrepreneures, produisant 65 % du PIB du continent et réinvestissant 90 % de leurs revenus pour l’avenir de leur foyer. Les femmes entrepreneures, représentant pas moins de 58% des employés travaillant en compte propre sur le continent, d’ailleurs souvent par manque d’alternative et d’accès à une éducation adaptée. En effet, selon le cabinet Mc Kinsey, dans un scénario plein potentiel «dans lequel les femmes et les hommes jouent des rôles identiques sur les marchés du travail, l’Afrique pourrait ajouter 1 000 milliards de dollars, soit 34%, à son PIB collectif d’ici 2025 en réduisant les inégalités liées au genre et un meilleur accès à l’éducation».

Il en faut donc peu pour mesurer à quel point la réalisation de leur potentiel économique peut massivement contribuer à la prospérité du continent. Le Gabon n’est pas en reste, puisqu’une récente étude de l’ANPI rappelle que 28% des entreprises créées chaque année, sont détenues par des femmes, principalement dans l’agriculture et les services de proximité. L’entreprenariat féminin en Afrique est un des piliers du développement de nos sociétés et doit bénéficier d’une vraie diversification, en encourageant les femmes dans leur éducation et leur formation. Investir dans l’entreprenariat féminin, c’est donc investir dans tout l’avenir du continent, sans aucun doute !

Quelles sont selon-vous, les pistes à emprunter pour développer davantage l’entreprenariat féminin au Gabon ?

Je pense qu’à l’instar de l’ensemble des pays où il existe de fortes asymétries du genre, il faut véritablement booster l’entreprenariat féminin en mettant en place des solutions pragmatiques, telles que la formation à la création d’entreprise, en somme un accompagnement pour la mise en place et la gestion d’une petite ou moyenne entreprise, mais surtout comment la faire croitre, au travers de programmes courts et accessibles. Outre la formation, il faut permettre aux femmes d’avoir un accès facilité au financement, au travers de partenariats de confiance avec les banques et les institutions de microfinance, afin de les encourager sur cette voie.

Par ailleurs, les femmes gabonaises doivent être membres à part entière de tout dialogue relatif au contexte des affaires au Gabon, afin de garantir une vision économique holistique et inclusive pour le pays. Enfin, les femmes étant la clé de voûte du développement africain, il convient de multiplier les associations de développement de réseau personnel, afin que les femmes elles-mêmes puissent devenir des relais de croissance entre elles et s’ouvrir à de nouvelles opportunités. Enfin, les femmes doivent acquérir l’ensemble des outils permettant de concrétiser l’innovation, dont les outils digitaux, pour déployer tout leur talent et contribuer à la création de valeur du Gabon sans oublier leur objectif d’émancipation et d’épanouissement personnel et social.

Qu’en est-il du partenariat que votre fondation entend nouer avec l’école DigieWomen ?

J’ai précédemment évoqué l’importance de développer des réseaux de femmes et il est important que cela s’applique également à des organisations telles que la Fondation SOUNGA -que j’ai créée au Congo Brazzaville, afin de venir en aide aux femmes en quête d’autonomisation- et DigieWomen au Gabon. Il est important de nouer de nouvelles alliances, de nouveaux partenariats basés sur des valeurs, des objectifs communs et des activités complémentaires. L’approche collaborative et intégrée de la résolution de problèmes relatifs aux femmes se doit aujourd’hui d’être adossée à des partenariats forts et complémentaires pour répondre aux défis de l’autonomisation des femmes de manière durable. Nous n’avons pas encore défini les contours de ce partenariat, mais je suis très enthousiaste quant à nos prochaines discussions. Car je suis convaincue que nos organisations respectives peuvent donner naissance à des projets très innovants et impactants pour les femmes africaines.

 
GR
 

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