Arrestations arbitraires, manifestations interdites ou réprimées, journaux suspendus et coupures d’internet, autant de restriction de liberté favorisant le rétrécissement de l’espace civique au Gabon depuis l’élection présidentielle de 2016, relève Tournons La Page (TLP), un mouvement citoyen constitué de plus de 200 organisations de la société civile militant pour l’alternance démocratique et la bonne gouvernance.

L’espace civique au Gabon est de plus en plus mis à mal. © Rachid Tiouni

 

À quelques jours des élections générales au Gabon, le mouvement citoyen Tournons La Page tire la sonnette d’alarme sur les risques du rétrécissement de l’espace civique en période électorale. Dans son rapport intitulé « L’espace civique en République gabonaise : le paravent d’un arbitraire », fruit d’un travail collaboratif, cette coalition de plusieurs organisations de la société civile analyse les textes juridiques nationaux et internationaux applicables en matière de droits humains et met en lumière les dispositions liberticides actuellement en vigueur au Gabon, qui vont à l’encontre des obligations que le pays a prises en ratifiant des traités internationaux.

Il dresse également un état des lieux des différents types de violations commises (détentions arbitraires, interdictions de manifestation et de réunion, coupures d’internet…) afin de démontrer leur récurrence et la dynamique de rétrécissement de l’espace civique à l’œuvre au Gabon et qui s’est accélérée depuis 2016, date de la dernière élection présidentielle aux résultats largement contestés par l’opposition et l’opinion internationale. Ainsi, d’août 2016 à aujourd’hui, l’ONG a dénombré «au moins 864 arrestations arbitraires, au moins 12 manifestations interdites ou réprimées, au moins 13 journaux suspendus et au moins 34 jours de coupures d’internet, enregistrés au Gabon».

L’espace civique au Gabon est de plus en plus mis à mal !

© Gabonreview

Selon Tournons La Page, bien qu’étant consacré par les textes juridiques nationaux et internationaux, l’espace civique au Gabon est de plus en plus mis à mal, notamment lors de tensions sociopolitiques. «Le manque de transparence électorale et le rétrécissement de l’espace civique engendrent systématiquement, à chaque échéance électorale, une montée des tensions sociales manifestées par des actes de désobéissance civile et des tentatives de soulèvement populaires réprimées dans la violence avec pertes en vie humaine, disparitions, arrestations et allégations de torture», souligne-t-elle, regrettant le fait que malgré les engagements internationaux, aucune mesure effective n’a été prise à ce jour par le Gabon pour garantir les droits fondamentaux des citoyens ou pour conduire des enquêtes indépendantes sur les allégations de violations de droits humains commises par les forces de l’ordre. «Il est, dans un tel contexte, à craindre que les prochaines échéances électorales d’août 2023 soient le nouveau théâtre de violences et de violations des droits humains».

Cependant, pour un espace civique protégé et élargi, garantissant à tous les citoyens le respect de leurs droits humains, inviolables et imprescriptibles, Tournons La Page recommande dans son rapport « L’espace civique en République gabonaise : le paravent d’un arbitraire », 22 actions à l’État gabonais, aux partenaires du Gabon et à la société civile gabonaise.

 
GR
 

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