Conservation Justice a effectué une mission dans le département de Tsamba-Magotsi (Fougamou), dans la province de la Ngounié, du 10 au 19 février. L’ONG a constaté la toute-puissance de certains exploitants forestiers, exerçant leurs activités en violation de la loi sans être inquiétés le moins du monde.

L’ONG Conservation Justice a épinglé deux entreprises forestières hors-la-loi à Fougamou. © D.R.

 

En dépit dénonciations, les exploitants forestiers violent toujours autant la loi au Gabon, notamment dans le département de Tsamba-Magotsi (Fougamou), dans la province de la Ngounié. L’ONG Conservation Justice l’a constaté lors d’une mission dans cette contrée, du 10 au 19 février, pour «informer les communautés villageoises sur la législation en matière d’exploitation forestière afin de leur permettre de faire valoir et de faire respecter leurs droits tout en respectant leurs devoirs».

Conservation Justice s’est rendue au village Mandilou, où la communauté demeure dans l’incompréhension face au comportement de la société Exploitation forestière Quentin (EFQ) exerçant dans cette zone.  Alors qu’un premier cahier des charges contractuelles a été exécuté, il n’en demeure pas moins que la poursuite des activités de cette société était conditionnée par l’administration des Eaux et Forêts, avec la signature d’un avenant. Cet accord était prévu au mois de janvier 2021 entre EFQ et la communauté. Cet avenant est une prolongation de contrat lui permettant de reprendre l’exploitation, mais il n’a pas encore été signé. A la grande surprise des villageois, cet opérateur, qui aurait régulièrement été épinglé pour des actes d’exploitation forestière illégale, a repris ses activités. Il a quasiment sorti tout le bois qui se trouvait sur le site d’exploitation, au détriment des communautés, de la législation, et donc du pays.

«Lors de la visite aux parcs à bois qui ont été vidés, il a été constaté que certaines billes d’Okoumé n’étaient pas marquées. Mais aussi des culées d’Ovangkol, une essence de bois particulièrement recherchée, marquées à l’effigie de la société EFQ. Ceci constitue un délit car l’article 128 du code forestier prévoit que tout arbre abattu doit être marqué de l’empreinte du marteau sec et d’un code d’identification de l’arbre», a regretté Conservation Justice. Même son de cloche au village Kouagna, où la communauté dénonce les pratiques de la Société des bois de la Ngounié (SBN). L’autorisation d’exercer de l’exploitant forestier devait prendre fin le 6 février dernier et toute activité devait normalement cesser comme précisé dans un courrier de l’administration.

Risque d’affrontement populations-exploitant forestier

«Malheureusement, l’exploitant continue à sortir du bois qui se trouve sur le site d’exploitation, au grand mécontentement des villageois. A ce sujet, l’opérateur affirme qu’il s’agit d’un plateau chargé depuis le mois d’octobre 2020 mais qui était tombé en panne. Selon lui, ce bois avait déjà été rentabilisé dans le bordereau et il estime avoir le droit de le sortir du site. Mais ce n’est pas ce qui est prévu dans un courrier envoyé par l’administration des Eaux et Forêts, qui essaie de concilier les deux parties», a regretté Conservation Justice. Dans ce courrier, il est question d’établir une résiliation de contrat en toute transparence et dans le respect des engagements pris par les deux parties.

A cet effet, un chronogramme avait été établi par l’administration à savoir, l’arrêt de toute activité d’exploitation forestière dans la forêt communautaire de Tokano, la restitution du marteau forestier et de tous les documents administratifs détenus par le fermier, l’inventaire de tout le bois se trouvant sur les différents parcs du site et enfin, une réunion avec les différentes parties sur le bilan financier de l’exploitation du bloc 3 de la forêt communautaire de Tokano.  «Mais le dialogue semble avoir été rompu. La colère grandit au sein du village et la possibilité d’une rixe entre les villageois et la société SBN devient de plus en plus probable», a prévenu Conservation Justice.

 
GR
 

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