Le Tribunal correctionnel spécial (TCS) a rendu le 3 juillet dernier, son premier verdict dans une affaire d’exploitation illégale de Kévazingo au Gabon. Au terme de l’audience, le Chinois Huang Ren Ren dont la société ‘’SKBG’’ exploitait illégalement cette espèce protégée a été condamné à six mois d’emprisonnement et une amende de 100 millions de francs CFA à verser à l’Etat gabonais.

Le Tribunal correctionnel spécial a rendu un premier verdict dans une affaire d’exploitation illégale de bois. Le Chinois Huang Ren Ren a écopé d’une peine de 6 mois d’emprisonnement et d’une amende de 100 millions à verser à l’Etat. © D.R.

 

Une affaire d’exploitation illégale de Kévazingo vient d’être tranchée par le Tribunal correctionnel spécial (TCS) à Libreville. L’audience, tenue le 3 juillet dernier, a livré son verdict. Le mis en cause, un exploitant forestier chinois, Huang Ren Ren, présenté comme «un petit poisson» a écopé d’une amende de 100 millions de francs CFA à verser à l’Etat gabonais et d’une condamnation de six mois d’emprisonnement maximum. Le bois ayant déjà fait l’objet de confiscation.

Le prévenu a été déclaré coupable «d’exploitation d’une essence de bois interdite, de non-respect des normes et classification des produits forestiers, de manœuvres frauduleuses et non-présentation des documents techniques et comptables à l’administration des Eaux et Forêts», au terme de l’audience dirigée par Olga Elisa Ikoumbanguia-Lubanda, présidente de ce tribunal.

La décision rendue par le TCS se réfère au décret n°00099/PR/MEF, portant mise en réserve du Kévazingo qui stipule, en son article 2, qu’«en vue de poursuivre la conservation de la biodiversité et de lutter contre l’exploitation forestière illégale, l’espèce ci-après (Kévazingo) est interdite d’abattage et classée non-exploitable à compter du 19 mars 2018, date de signature du décret». Le TCS s’appuie également sur la loi n°016 portant Code forestier en République gabonaise qui stipule, en son article 275, que «sont punis d’un emprisonnement de trois à six (6) mois et d’une amende de 100 mille à 10 millions de francs CFA ou de l’une de ces deux peines seulement, les auteurs des infractions citées plus haut».

L’avocate de Huang Ren Ren, Me Juldine Carmenn Sangala, a plaidé, à titre principal, la relaxe pure et simple de son client. Elle a précisé aux juges du TCS que les espèces trouvées sur les lieux n’appartenaient pas à son client, mais à l’ancien propriétaire de l’usine. A titre subsidiaire, elle a plaidé, en cas de non considération de son argumentaire, que son client soit déclaré coupable et qu’il lui soit reconnu de larges circonstances atténuantes. Elle a enfin demandé l’indulgence du Tribunal parce que son client est «un délinquant primaire».

Le corps du délit

Le Conseil de l’Etat Gabonais, Me Norbert Issialh est, quant à lui, revenu sur les faits établis et l’intérêt de condamner le prévenu aux peines prévues par la loi. Le 25 octobre 2019, des agents des Eaux et Forêts chargés d’une mission de lutte contre l’exploitation illégale de bois ont découvert dans l’enceinte de la société ‘’SKBG’’ à Essassa, au PK 27, trois conteneurs de 20 pieds ouverts contenant du bois. Trois autres conteneurs de 20 pieds scellés avec des cadenas contenant des colis d’Ovengkol mélangés à du Kévazingo et un parc à bois dans lequel se trouvaient des billes d’Okoumé. Après le constat du procureur de la République accompagné de la Police judiciaire, le 28 octobre 2019, Sieur Huang Ren Ren a été interpellé à son domicile, le 29 octobre 2019. Présenté au Parquet de Libreville, le prévenu a été placé sous mandat de dépôt. Il est sorti de prison puisqu’ayant largement dépassé sa période de détention.

Ce procès devrait certainement ouvrir la voie à d’autres procès, notamment ceux du ‘’Kévagate’’ ayant secoué les milieux d’affaire gabonais, ainsi que le sommet de l’Etat.

 
GR
 

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