La police a dispersé ce 27 mai le rassemblement du Mouvement social des travailleurs gabonais vaillants (MSTGV) à coups de gaz lacrymogène. Pierre Mintsa, le président de la plateforme syndicale a été embarqué avec d’autres membres avant d’être relâché quelques temps après. Depuis le 25 mai, les membres de ce regroupement syndical manifestent devant le portail du ministère de la Fonction publique pour revendiquer l’application des recommandations du Forum de la Fonction publique et dénoncer la deuxième phase du recensement des agents de l’Etat.

Les syndicalistes entretenus par Pierre Minstsa sous le regard de la police. © Gabonreview

 

A l’appel du président du Mouvement social des travailleurs gabonais vaillants (MSTGV), des dizaines de personnes en attente de postes budgétaires se sont retrouvées ce 27 mai, au ministère de la Fonction publique. Entretenus à l’extérieur du ministère par Pierre Minsta, président de la plateforme, ils exigent du gouvernement la prise en compte de leurs revendications, l’application immédiate des recommandations issues du Forum de la Fonction publique et l’arrêt de la deuxième phase du recensement biométrique des agents de l’Etat qu’ils considèrent comme une entourloupe. Rassemblés, alors que se tenait à l’intérieur du ministère une réunion relative à ces questions et à laquelle prenaient part d’autres leaders syndicaux, il leur a été exigé de quitter les lieux. Opposant une fin de non-recevoir à cette injonction, ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène par la police.

«Le spectacle était ahurissant. On a d’abord cru que la police poursuivait des bandits avant de se rendre compte qu’il s’agissait de pauvres gens qui mettent simplement la pression sur le gouvernement pour rentrer dans leurs droits», a regretté un témoin qui a failli prendre la fuite, de peur d’être confondu par les policiers qui n’ont pas hésité à frapper les syndicalistes. Dans la foulée, Pierre Mintsa et quelques sympathisants ont été embarqués après avoir été roués de coups. «Je me battrai jusqu’à la mort», a lâché le syndicaliste convaincu de la noblesse de son combat. «Cette violence policière intervient dans un contexte de chômage entretenu par le gouvernement alors que les gens souffrent. Ils n’ont qu’à nous libérer les postes budgétaires» s’est insurgée une manifestante ayant réussi à se cacher.

Mintsa lâché par les autres leaders syndicaux ?

«Nous ne pouvons que regretter l’intrusion de la police et nous pensons que la réelle motivation de la police, c’était qu’il y a eu attroupement de plus de 10 personnes et le respect des mesures barrières n’était pas de mise», a réagi Joël Ondo Ella, syndicaliste prenant part à la rencontre qui se tenait dans l’enceinte du ministère et à laquelle Pierre Mintsa aurait refusé de participer. Estimant qu’en période de pandémie, le respect des mesures barrières s’impose à tous, il a refusé d’assumer que des personnes se réunissent au regard des risques encourus. «Le principe du syndicalisme c’est la solidarité mais il faut mettre des normes. Nous pensons que la pression du camarade Mintsa ne doit pas aller contre la loi», a-t-il ajouté.

De gauche à droite, Cyrille Angoué et Joël Ondo Ella. © D.R.

Invitant ses camarades à prendre part aux travaux, Joël Ondo Ella assure que les recommandations du Forum de la Fonction ne seront pas appliquées dans l’immédiat, d’autant plus qu’elles doivent être transformées en loi et en exercice de faisabilité. «Nous sommes en milieu d’année budgétaire, s’il y a arrimage de postes budgétaires, de pensions, il faut qu’il y ait une incidence au niveau de la loi des finances. Nous sommes tous républicains, je ne défends pas le gouvernement mais nous devons être dans la norme», a-t-il renchéri.

Les syndicalistes embarqués ont été relâchés pour calmer l’ébullition du front social, mais le directeur de cabinet du ministre de la Fonction publique soutient que le recensement en cours ne peut être arrêté et que les recommandations du Forum ne peuvent, pour l’heure, être appliquées. «On ne peut pas empêcher le recensement biométrique, exiger l’application immédiate des décisions d’Angondjé alors que les comités qui sont chargés de les mettre en œuvre ne se sont même pas encore réunis pour entamer les travaux», a répliqué Cyrille Angoué. «Il y a une incohérence qui n’est pas acceptable et nous avons fait savoir aux manifestants que la sérénité était de mise, il est inutile de faire de la provocation parce que nous avons besoin de quiétude pour nous occuper de nos compatriotes dans la gestion de leurs carrières administratives», a-t-il ajouté.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. FINE BOUCHE dit :

    Sous ses atouts de préciseuse ayant évoluée dans des sociétés moins barbares, la Ministre de la fonction publique confirme que pour rester au sommet des cieux la matraque et les grenades lacrymogènes sont les moyens dont il faut disposer. Elle argue le rassemblement certes mais à y regarder de plus prêt c’est peut-être la peur qui guider son choix. Leurs viendraient-ils à l’esprit qu’il ne faudrait pas grand chose pour contenter la population, voyez comme nous sommes peu exigeants il suffit de voir les conditions de vie misérables, dans un pays qui se targuait depuis kalakala d’être un petit émirat (je vous conseille d’aller prendre le dictionnaire afin d’en connaître la définition exacte). Le système est vérolé et nous sommes contaminés combien d’entre nous usons de notre parenté, de nos connaissances et de notre réseau afin de spolier la place de ces personnes qui manifestent pour leur demande d’intégration dans des ministères sans toilette, sans eau et électricité………. Un petit bout d’histoire du Gabon va continuer à s’écrire en 2023, c’est à dire demain. Espérons que l’opposition toute forme d’opposition ne nous demandera pas de surfer sur la vague TOUT SAUF…….la suite nous la connaissons tous.

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