L’Institut de recherche pour le développement (I.R.D.) de France et le Centre national de la recherche scientifique et de développement technologique (Cenarest) ont signé, le 3 mars dernier, une convention pour la cession des droits de diffusion et de valorisation scientifique et culturelle de la base de données du fonds ethnomusicologique du Gabon. L’importante compilation est issue d’une collecte entreprise au Gabon en 1960 par Herbert Pepper, ethnomusicologue de l’Orstom (aujourd’hui IRD), à la demande de Léon Mba.

Échange de parapheurs entre le Commissaire général du Cenarest, le professeur Alfred Ngomanda et la directrice générale déléguée de l’IRD, Corinne Brunon-Meunier. © Gabonreview

 

A la suite de la remise officielle par le président de la République française, Emmanuel Macron, à son homologue gabonais, Ali Bongo, d’anciens enregistrements de musiques et traditions orales du Gabon, l’IRD de France et le Cenarest ont signé, le 3 mars dernier, une convention pour la cession des droits de diffusion et de valorisation scientifique et culturelle de la base de données du fonds ethnomusicologique du Gabon, patrimoine d’une immense valeur artistique, culturelle et scientifique.

Le ministre de l’Enseignement supérieur, Patrick Mouguiama-Daouda, lors de la réception du disque dur de plus de 700 heures d’enregistrement. © Gabonreview

La cérémonie a été rehaussée par la présence du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, du Transfert de technologies, Patrick Mouguiama-Daouda, et de l’ambassadeur de France au Gabon, Alexis Lamek.

Ces enregistrements étaient à l’origine conservés au Musée des arts et traditions du Gabon à Libreville. Mais une partie n’ayant pu être conservée du fait des conditions climatiques, le gouvernement gabonais avait sollicité en 2005 auprès de l’IRD une duplication du fonds. L’Institut lance alors un important plan de sauvegarde, restaurant et numérisant les bandes analogiques originales, et créant une base de données attenantes (instruments utilisés, localisation, dates, etc.)

«C’est avec grand plaisir que nous venons de signer cette convention de partage du fonds musicologique ethnomusicologique qui a été développé dans les années 60 et qui a permis de sauvegarder une bonne partie de la culture musicale du Gabon. Il participera à mieux partager cette culture musicale du Gabon au milieu de la communauté scientifique», s’est réjoui le Commissaire général du Cenarest, le professeur Alfred Ngomanda.

Le trésor radiophonique compte de 900 séquences sonores offrant un panorama très complet dans la diversité des traditions musicales et orales du Gabon au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Chacune d’entre elles est associée à une description minutieuse réalisée à l’époque par les chercheurs. Grâce à ces informations, on connaît les villages dont elles sont issues, les instruments et les musiques utilisés, le nom de leurs interprètes, etc.

«Avec ces enregistrements anciens revivifiés grâce aux progrès de ta technologie, je me réjouis de voir les traditions orales et musicales du Gabon retrouver le territoire qui les a vues naître. Je me réjouis que la détermination des autorités gabonaises et celle de l’IRD aient permis de les préserver pour que le peuple gabonais, ses générations présentes et futures, puissent les découvrir et s’en nourrir. C’est ce qu’avait souhaité Léon Mba, premier président de la République du Gabon, qui considérait ce fond d’une richesse incalculable pour la formation humaine et l’éducation artistique des jeunes», a confié la directrice générale déléguée de l’IRD, Corinne Brunon-Meunier.

La composition du fonds

A l’issue de la signature de cette convention pour la cession des droits de diffusion et de valorisation scientifique et culturelle de la base de données du fonds ethnomusicologique du Gabon, un disque dur a été remis au ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, du Transfert de technologies, Patrick Mouguiama-Daouda. Le support magnétique de stockage d’information contient la copie des 900 séquences sonores enregistrées dès les premières collectes en 1954 et jusqu’en 1970, soit plus de 700 heures d’enregistrement. Il offre un panorama très complet de la diversité des traditions musicales et orales qui avaient cours pendant cette période sur l’ensemble du territoire gabonais : pièces musicales réalisées avec les groupes majeurs d’instruments utilisés par les principales ethnies du pays, chants, contes, épopées (Mvet), cérémonies cultuelles (Bwiti) et rites initiatiques, etc.

«Nous sommes heureux de recevoir, aujourd’hui, le fruit de ce travail que je n’hésite pas de dire qui est unique en Afrique et qui devrait être utile à toute la communauté scientifique dans le cadre de la recherche et de la valorisation de la culture. La diversité culturelle, il faut la sauvegarder, car la diversité linguistique et culturelle renseigne sur la diversité biologique», a déclaré Patrick Mouguiama-Daouda.

Ces enregistrements peuvent être considérés comme des éléments représentatifs du « patrimoine culturel immatériel » gabonais, tel que le concept a pu être défini par la convention de l’Unesco en 2003. De nombreux pays comme le Gabon, dont les traditions se transmettent de manière orale, étaient jusqu’alors rarement représentés sur la liste du patrimoine mondial. Aujourd’hui, l’avènement des médias numériques a considérablement modifié les pratiques et conceptions dans le domaine de la conservation et de la valorisation du patrimoine. Grâce à la numérisation, les traditions orales bénéficient désormais d’outils adaptés à leur diffusion et il est possible de poursuivre le travail amorcé par Herbert Pepper lorsqu’il souhaitait conserver le caractère total des expressions culturelles gabonaises.

 
GR
 

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