Créée en 2013 à Port-Gentil, l’ONG «Mandji moins cher» a fait de la lutte contre la vie chère l’un de ses chevaux de batail. Dans le cadre de ses activités, la structure dirigée par Alban Migueli a initié un programme permettant d’acheter des fournitures scolaires à des prix préférentiels à Libreville et Port-Gentil à travers des offres négociées. Le responsable de l’ONG s’est confié à Gabonreview sur ce programme, son intérêt et ses difficultés.

Alban Migueli (centre) en compagnie de deux de ses collaboratrices. © Gabonreview

 

Gabonreview : Pouvez-vous présenter l’ONG «Mandji moins cher»

Alban Migueli : Je suis le responsable de l’ONG «Mandji moins cher». Nous avons mis en place une activité génératrice de revenus (AGR) dans le cadre de notre ONG, pour lutter contre la vie chère, le chômage et développer l’entreprenariat grâce au numérique. Ce programme existe depuis 2013, il est né à Port-Gentil et depuis 2017, nous avons étendu nos activités sur Libreville pour aller au cœur des produits sollicités par les habitants de Port-Gentil. Chaque année, nous initions des campagnes pour amoindrir le coût d’achat des fournitures scolaires ou des jouets, par exemple.

Il est important pour nous d’informer les différents consommateurs que les produits et marchandises circulent toujours malgré la pandémie de Covid-19. Et la Douane fait des efforts pour contenir les prix. Car les consommateurs sont très souvent trompés par des commerçants qui majorent les prix de certains produits sur la base de faux frais. Notre travail consiste à informer les consommateurs pour éviter de tomber dans ce piège-là. Nous travaillons également en étroite collaboration avec certains commerçants, à qui nous demandons de baisser les prix de certains produits si un client se présente à eux avec notre carte de fidélité. Ce programme est apprécié de plusieurs opérateurs économiques et c’est à nous de le vulgariser davantage.

Comment fonctionne votre programme de fournitures scolaires ?

Nous créons des librairies virtuelles. C’est-à-dire que quelqu’un peut nous transmettre une copie scannée d’une liste de fournitures, peu importe où il se trouve. Nous lui proposons alors des prix légèrement en deçà de ceux du marché. Si la personne accepte notre proposition, nous l’orientons vers un commerçant partenaire ou une librairie de son choix à qui il présentera un ticket d’identification pour l’achat des fournitures à un prix moindre. Et dans le cas où quelqu’un serait dans l’incapacité de suivre ces étapes, nous mettons à disposition des volontaires qui peuvent le faire à sa place et livrer les courses. Le tout grâce aux partenariats de paiement virtuel avec les maisons de téléphonie mobile qui ont accepté de nous accompagner dans notre projet.

Quel est votre intérêt et celui des opérateurs économiques à travers ce programme ?

Nous faisons le travail des commerçants. Le programme permet notamment de réduire les charges des commerçants et librairies en termes de frais de communication, faire davantage du chiffre avec les clients que nous orientons vers eux, tout en leur permettant de fidéliser la clientèle. C’est tout bénéfique pour ces opérateurs économiques et les consommateurs, qui eux qui bénéficient d’offres négociées. Ce dernier élément constitue un intérêt pour nous-mêmes, membres de l’ONG, car nous sommes également des consommateurs. Avec ses offres négociées, nous pouvons par exemple acheter des fournitures de 150 000 francs à 130 000 francs CFA. Et les réductions peuvent être encore plus conséquentes, en accord avec les commerçants, si notre programme lui fournit encore plus de clients. En gros, plus les clients  sont nombreux plus les baisses tarifaires sont conséquentes. Nous tenons également à souligner que souvent, nous bénéficions de ristournes de clients pour nous remercier de les avoir aidés. Cela nous aide énormément dans le cadre de l’amélioration du service offert et le développement de nos activités. D’autant que nous ne bénéficions d’aucune subvention.

Quelles sont vos difficultés ?

Nous évoquerons en premier l’intégrité des volontaires. Nous rencontrons souvent des personnes de mauvaise foi qui, après avoir encaissé de l’argent du client, disparaissent dans la nature. Mais également des commerçants qui disent être d’accord sur le principe du programme et une fois que le client arrive, ils majorent les prix et le baisse à un niveau légèrement supérieur à celui auquel on s’est entendu. Sur ce dernier point, nous avons mis en place une unité de veille anonyme, chargée de prélever le mouvement des prix pendant la compagne, prévue jusqu’en février 2021, qui sont ensuite envoyés aux clients par fichiers scannés. Cela permet en quelque sorte de stabiliser les prix, le client ayant présenté au commerçant les prix des produits pratiqués dans son magasin. Par ailleurs, en tant qu’ONG orientée dans l’entraide, nous manquons sérieusement d’effectifs, de volontaires. Nous soulignons au passage que nos volontaires sont rémunérés. Ce n’est pas grand-chose, juste une petite compensation pour l’effort fourni.

Autre difficulté, l’absence de volonté de certains volontaires à s’impliquer dans l’apprentissage de certains mécanismes et systèmes économiques en rapport avec la concurrence, par exemple. Nous souhaitons donc avoir des collaborateurs au fait de ces questions-là, qui joueraient un peu le rôle sur le terrain des agents de la Direction générale de la concurrence et la consommation (DGCC). Nous sommes également confrontés problème d’accès aux pouvoirs publics. Car l’une de nos ambitions est de nous faire connaitre auprès des fonctionnaires, qui représentent une niche de clients considérable dans le cadre de nos activités. Enfin, nous éprouvons d’énormes difficultés à communiquer et vulgariser notre ONG : la communication coûte excessivement chère au Gabon. Nous souhaiterions être accompagnés par des partenaires pour nous aider dans la communication visuelle ou audiovisuelle. Certains médias écrits font écho de nos activités, mais beaucoup ne lisent plus ou très peu de nos jours.

Après Libreville et Port-Gentil, envisagez-vous d’étendre vos activités dans d’autres villes ?

Nous avons prévu d’ouvrir une représentation au niveau de Tchibanga, par exemple, où nous avons déjà intéressé une trentaine de jeunes à nos activités. Mais il faut les former. Cela est possible grâce au numérique mais une présence physique du formateur sur place est toujours nécessaire. Notre ambition est vraiment d’uniformiser les prix de certains produits dans les 32 villes et divisions territoriales nationales que nous avons recensées. Et cela passe par l’implication de tous et chacun.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Ben Moustapha dit :

    Bonjour,

    Je suis un sénégalais, étudiant en mastère un en administration systèmes, réseaux et infrastructures virtuelles.

    Votre projet m’intéresse beaucoup et j’aimerai vos comptes mail, numéro téléphonique whatsapp ou de bureau.

    Bien des choses !!

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