La nouvelle répandue ces derniers temps sur les réseaux sociaux et par certains médias a rappelé de la dévaluation, en 1994, de la monnaie commune des anciennes colonies françaises en Afrique. Économiste chevronné, le président de la Commission de la Cémac, Pr Daniel Ona Ondo, balaie cette information d’un revers de la main.

Le Pr Daniel Ona Ondo se veut rassurant quant à la situation du FCFA pour les pays de la Cémac. © Montage Gabonreview

 

Le franc CFA une nouvelle fois dévaluée ? L’information fait, depuis quelques semaines, le tour de la toile. Et même de certains médias. «Urgent ! 1 euro = 671 FCFA au lieu de 655,957. Le FCFA vient de subir une dévaluation secrète de -2,4%», ont en effet publié plusieurs médias.

Largement relayée, cette (dés)-information a suscité diverses réactions au sein des États utilisant le FCFA. © Capture d’écran / Gabonreview

Il n’en est rien, rassure le président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), le Pr Daniel Ona Ondo. «Pour le franc CFA, les gens confondent dépréciation et dévaluation», dit-il. L’ancien chef du gouvernement gabonais apaise ainsi les inquiétudes qui turlupinaient déjà certaines populations et certaines économies des pays utilisant cette monnaie. Une crainte consécutive aux conséquences de la dévaluation du franc CFA en 1994.

Dépréciation ou dévaluation de la monnaie

Ce qu’il faut savoir, c’est que la dépréciation est l’évolution de la parité sur le marché des changes, en fonction de l’offre et de la demande. En d’autres termes, la dépréciation d’une monnaie représente la baisse de la valeur d’une devise par rapport à une autre. Elle fait plus particulièrement référence aux devises ayant un taux de change flottant. C’est un système selon lequel la valeur d’une devise est définie par le marché du Forex, selon l’offre et la demande. La dépréciation d’une monnaie peut se produire pour des raisons diverses. Les principales causes étant une baisse des recettes d’exportation, une hausse soudaine des importations, une réduction des taux directeurs et une intervention de la Banque centrale.

À ce qu’il semble, ces aspects ne seraient pas encore à l’ordre du jour au niveau des États utilisant le franc CFA, malgré la baisse de leurs activités et de la rentabilité de leurs économies liées à la pandémie de la Covid-19.

De son côté, la dévaluation monétaire est une décision politique de changer la parité entre deux monnaies, en fonction de la situation économique. Cela revient à modifier le taux de change officiel d’une monnaie, c’est-à-dire sa valeur exprimée en or ou dans une autre monnaie internationale de référence, en l’abaissant.

La dévaluation monétaire a des conséquences. Nous n’en citerons que deux

Il y a d’abord la baisse des prix des produits exportés par rapport au prix de la production nationale des pays importateurs. Cela permet, selon les experts en la matière, de favoriser les exportations et d’augmenter les quantités vendues à l’étranger puisque le coût de ces produits baisse en même temps que la valeur de la monnaie du pays.

Ensuite, il y a la hausse du prix et de la valeur des importations effectuées dans d’autres monnaies. Ce qui incite à importer moins de produits de l’étranger, en dehors des matières premières stratégiques rares et donc indispensables.

Pour le moment, la zone CFA n’en est pas là, rassure le président de la Commission de la Cémac. «Certains confondent parfois dévaluation monétaire et dépréciation. C’est une erreur. Les deux concepts sont à bien distinguer l’un de l’autre», conclut le Pr Daniel Ona Ondo.

 
GR
 

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