Face aux brouillages récurrents et à l’itinérance involontaire qui perturbent les communications dans les zones frontalières, les autorités gabonaises et camerounaises viennent de conclure un accord inédit de coordination des fréquences radioélectriques. Une étape stratégique qui vise à optimiser l’usage du spectre, renforcer la sécurité et faire du numérique un moteur d’intégration régionale.

Célestin Kadjidja et le Pr Philémon Zoo Zame, scellant leur accord en présence du gouverneur du Woleu-Ntem, Jules Djeki, le 4 août 2025 à Bitam. © D.R.

 

À Bitam, un nouveau cap historique a été franchi entre les régulateurs gabonais et camerounais des communications électroniques pour renforcer la qualité des services et la sécurité des réseaux dans les zones frontalières.

Dans une dynamique de coopération technique et de partenariat stratégique, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) du Gabon et l’Agence de régulation des télécommunications (ART) du Cameroun ont signé, le 4 août 2025 à Bitam, un accord de coordination des fréquences radioélectriques le long de leur frontière commune. La cérémonie s’est déroulée en présence du gouverneur de la province du Woleu-Ntem, Jules Djeki, marquant ainsi une étape décisive vers la construction d’un espace numérique sous-régional cohérent et performant.

Selon Célestin Kadjidja, président du Conseil de régulation de l’ARCEP Gabon, cet accord répond à des défis importants : «Les ondes hertziennes ignorent les frontières administratives, le phénomène d’interférence préjudiciable survient dans les réseaux en l’absence de planification et de coordination, le roaming involontaire est un phénomène préjudiciable aux populations environnantes et les risques en matière de sécurité nationale constituent un problème majeur». Dans un contexte de montée en puissance du numérique, une gestion optimale du spectre radioélectrique devient indispensable pour soutenir le développement économique et social des deux pays.

Le processus ayant abouti à cette signature a débuté en 2022 après plusieurs cas de brouillages et d’itinérance accidentelle observés dans la localité camerounaise de Kye-Ossi, frontalière du Gabon. Les deux institutions avaient alors défini une feuille de route articulée autour de trois axes : l’interconnexion accrue des réseaux, l’harmonisation des réglementations et le partage des meilleures pratiques en matière de coordination technique. Aujourd’hui, la validation de l’accord symbolise l’aboutissement de ces travaux et l’engagement mutuel à en assurer l’exécution effective.

Des résultats concrets attendus 

La phase des signatures. © D.R.

Du côté camerounais, le directeur général de l’ART, le Pr Philémon Zoo Zame, espère désormais voir se matérialiser rapidement des résultats tangibles. Selon lui, cet accord doit permettre aux deux institutions de réaliser «un saut qualitatif» dans la mise en œuvre de leur vision communautaire et faire du secteur des communications électroniques «un véritable levier de développement économique et social». Concrètement, la coordination des fréquences devrait limiter les interférences nuisibles aux opérateurs et éviter à de nombreux usagers des zones frontalières de basculer involontairement sur un réseau étranger, avec les surcoûts que cela implique.

Pour le gouverneur du Woleu-Ntem, cette convergence réglementaire dépasse même le seul cadre bilatéral : «Au-delà de la coopération, c’est un pas décisif vers une intégration régionale plus forte. En harmonisant nos réglementations, nous renforçons les liens historiques qui unissent nos deux peuples. Nous passons des discours aux actes concrets pour bâtir une Afrique centrale plus unie». L’accord est en outre conforme aux exigences de l’Union internationale des télécommunications (UIT), ce qui renforce la crédibilité des régulateurs gabonais et camerounais sur la scène internationale.

En scellant cet engagement commun, le Gabon et le Cameroun affirment leur volonté de gérer de façon autonome et responsable une ressource stratégique rare — le spectre radioélectrique — tout en offrant de meilleures garanties de qualité, de sécurité et de continuité de service à leurs populations. Cette avancée pourrait servir de modèle aux autres pays de la sous-région confrontés à des défis similaires.

 
GR
 

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