Si cela n’est pas forcément connu du grand public, Junior Achiement Gabon (JA Gabon), association à but non lucratif de droit gabonais, appartenant au réseau mondial de Junior Achievement (JA), installé dans 121 pays à travers le monde, broie du noir dans le pays. Entre malversation financière, mauvaise gestion, non-atteinte des objectifs fixés, les agents traversent un vaste désert. Face aux arriérés de salaire et autres manquements dans la gestion, ils interpellent les plus autorités afin qu’elles jettent un regard sur la situation, chaotique.

Arriérés de salaire, dette aux fournisseurs et autres manquements dans la gestion plombent le fonctionnement de JA Gabon. © D.R.

 

Organisation non gouvernementale spécialisée dans l’éducation financière, l’entreprenariat et l’employabilité des jeunes, Junior Achiement Gabon (JA Gabon) avait à charge le déploiement du programme «Cap sur l’autonomisation des jeunes au Gabon». Un projet censé mettre en place et gérer un réseau d’incubateurs (dans les 9 provinces), mais également former des jeunes à divers métiers afin de les autonomiser. Sauf qu’au bout du parcours, depuis fin mars 2023, date butoir de ce programme, c’est le flou total et même la désolation. Les agents dénoncent un certain nombre de problèmes n’ayant pas permis l’aboutissement et l’atteinte des objectifs assignés à cette association.

«… Soutenir les jeunes à mieux s’insérer dans le monde du travail au Gabon»

Dans un courrier adressé récemment au ministre du Commerce avec copie au Premier ministre, les 32 agents, qui ne savent plus à quel saint se vouer, ont présenté plusieurs faits jugés «très inconfortables» auxquels ils sont confrontés depuis plusieurs mois. Ils rappellent en effet que «dans le cadre le cadre du 11e Fonds européen de développement (FED) dédié à la société civile, et faisant suite à un mandat reçu du gouvernement, en février 2018», les instruisant «de développer un réseau d’incubateurs sectoriels à partir de 2019 à travers tout le pays, il a été défini comme objectif global du programme, celui de soutenir les jeunes à mieux s’insérer dans le monde du travail au Gabon».

Deux objectifs spécifiques avaient donc été définis à savoir «aider les jeunes vulnérables à obtenir des emplois décents» et «renforcer l’adéquation entre la formation et l’emploi des jeunes». Baptisé «Cap sur l’autonomisation des jeunes au Gabon», ce programme de trois ans prévoyait la mise en place, la fourniture d’équipements, la gestion du réseau d’incubateurs dans les 9 provinces, mais aussi la formation des jeunes. Il était co-financé par l’Union européenne (UE), l’Etat gabonais et des partenaires stratégiques tant publics que privés.

Selon des sources de JA Gabon, ce projet représentait une subvention de plus de 3,578 milliards de francs CFA dont 12%, soit près de 430 millions de francs CFA, comme cote part du gouvernement gabonais. La subvention prenait en charge les salaires des employés de JA Gabon, les équipements et fournitures, le mobilier et matériel informatique, les machines et outillages, les travaux et aménagement des incubateurs et la communication du projet.

«La Caon n’a pas objet à gérer les financements de projets»

Elle avait également pour objectif l’implantation des programmes, la prise en charge des supports pédagogiques, les honoraires des formateurs et du personnel mis à disposition, ainsi que les bourses. Nos sources ajoutent et expliquent encore que «lors de la réunion de travail du 12 aout 2021 relative aux Conférences budgétaires en vue de l’élaboration du projet de Loi de finance (PLF) 2022, le ministre du Commerce, des PME et de l’Industrie de l’époque a pris soin de défendre les besoins de dotation budgétaire au titre de la subvention 2020 et 2021 de JA Gabon». Et Etat s’est engagé auprès de l’UE pour sa contrepartie conventionnelle.

Ce qui fait dire que le courrier n°0926/MCPMEI/CAB-M du 7 septembre 2021 a confirmé la demande d’accompagnement de JA Gabon par une Autorisation d’engagement d’un montant de 806 millions de francs CFA dans la loi de finances et de crédits de paiement pour les exercices 2022 et 2023. Là encore, les agents rapportent que le Journal officiel du 23 mars 2022 a publié l’inscription au budget, dans la rubrique fonds de concours d’un montant de 1,094 milliards de francs CFA attribué au titre de Cap sur l’autonomisation des jeunes au Gabon.

«JA Gabon doit encore solder… »

Mais à ce jour, ils fustigent le fait que seuls un peu plus 365 millions de francs CFA soient disponible au Trésor public. Pis, dénoncent-ils, «cette somme est gérée par la Cellule d’appui à l’ordonnateur national (Caon) qui n’est pas le metteur en œuvre du projet». Et «les responsables de cette cellule refusent de solder la dette des fournisseurs liés au projet Cap», précisent les agents qui insistent sur le fait que la «Caon n’a pas objet à gérer les financements de projets. Or c’est ce qu’il faut actuellement». Dans ce contexte, au 31 mars 2023, c’est-à-dire à la fin du projet Cap, JA Gabon doit encore solder les fournisseurs, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), Gabon Télécom, les formateurs et le personnel mis à disposition.

A cette liste, les bourses, mais également les salariés. Or, indiquent les agents, lorsqu’ils ont sollicité la subvention, il était question de l’utiliser pour payer les dettes de JA Gabon, que ce soient les dettes fiscales, etc. A titre d’exemple, les fournisseurs réclament plus de 130 millions de francs CFA, tandis que la dette salariale s’élève, elle, à plus de 127 millions francs CFA. D’où l’interpellation du gouvernement quant aux agissements de la «Caon» dont les missions ne reposent pas sur la gestion financière des projets. Toute chose ayant d’ailleurs conduit l’organisation internationale à retirer à JA Gabon son label World-Wild.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Pour le président Chambrier dit :

    Beaucoup trop noyauté par les jeunes de l’ujpdg et leur culture de la corruption.

  2. Evariste dit :

    Il serait temps de suspendre et de chasser toutes ces associations internationales qui promeuvent les impératifs dits universels mais qui sont surtout propres à ceux qui les financent.
    Le Gabon n ‘a pas besoin de ça. Les gabonais n’ont plus.Nous avons nos valeurs , notre culture et elles ont vocation à rayonner au Gabon. chacun chez sois et les vaches seront bien gardées

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