Au Gabon, pour scolariser leurs enfants, les parents devraient désormais, en plus des pièces administratives d’usage, présenter le carnet de vaccination à jour de leurs petits. Cette décision a été évoquée par le ministre de la Santé lors de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme.

Au Gabon, la présentation du carnet de vaccination devrait désormais être obligatoire pour la scolarisation des enfants. © D.R.

 

Dans un contexte gabonais marqué par une partie des parents suivant à la lettre le calendrier vaccinal quand l’autre refuse soit de faire vacciner les enfants, soit de suivre correctement le calendrier vaccinal, le ministre de la Santé a estimé que le carnet de vaccination «est un passeport sanitaire». «C’est un passeport sanitaire parce qu’avec le ministre de l’Éducation nationale, nous allons rendre obligatoire la présentation du carnet de santé de l’enfant, pour la scolarisation des enfants», a annoncé Guy Patrick Obiang. Si dans certains établissements scolaires privés de la capitale gabonaise la présentation d’un carnet de santé à jour en termes de vaccination est l’une des conditions pour que l’enfant soit accepté, cette exigence devrait donc s’étendre dans le public où, bien d’enfants ne sont pas à jour de leurs vaccinations.

«Je n’ai jamais été vacciné», témoigne d’ailleurs en toute innocence, Jonathan. Âgé de 9 ans, il assure en riant «je ne sais pas ce que ça fait de recevoir un vaccin, mais mes amis disent que ça pique, ça fait mal». L’enfant qui vit désormais avec sa tante n’avait  pas de carnet de santé. Sa mère n’aurait jamais jugé utile de suivre le calendrier vaccinal de Jonathan. «C’est le jour où j’ai dû l’amener à l’hôpital pour faire certains examens que je me suis rendu compte qu’il n’avait pas de carnet de santé. En discutant avec sa mère, je n’ai rien tiré de bon. J’ai dû acheter un carnet, mais il devra faire ses vaccins en rappel», relate sa tante certaine que comme Jonathan, beaucoup d’autres enfants scolarisés ou pas, n’ont pas de carnet de vaccination et par conséquent, pas de vaccins à jour. Un tour dans les hôpitaux ou centres de santé publics pourrait suffire pour s’en convaincre.

Le je-m’en-foutisme des parents

À la PMI de London par exemple, les parents comme la mère de Jonathan qui jugent cet acte médical tellement banal se succèdent. Devant la pression de la maladie de leurs petits, ils s’y rendent, mais sans carnet. Les infirmières ou hôtesses d’accueil sont parfois obligées d’envoyer certains chez le «boutiquier d’en face» pour se procurer un carnet quelconque. «On les envoie là-bas parce que quand on leur demande d’acheter le carnet ici, ils disent qu’ils n’ont pas d’argent. On ne peut pas les renvoyer chez eux. Mais comme il faut que le médecin ou l’infirmier note des choses, on n’a pas d’autres choix que de les envoyer là-bas puis on fait avec», explique l’une d’elles. «Et le plus souvent, ces enfants qui n’ont pas de carnet n’ont pas leurs vaccins à jour. Même les vaccins gratuits et pourtant ils vont à l’école», ajoute-t-elle.

Si le ministre de la Santé n’a pas été plus explicite en donnant entre autres, le début de l’effectivité de la mesure qu’il a annoncée, le contexte du je-m’en-foutisme de certains parents pourrait sans doute motiver la décision de rendre la présentation du carnet de vaccination obligatoire pour la scolarisation des enfants. «Un enfant qui doit bien apprendre à l’école doit être en bonne santé. Et pour qu’il soit en bonne santé, il faut qu’il soit bien vacciné», a déclaré Guy Patrick Obiang. Quoique dans le pays, en dehors des vaccins gratuits, les autres vaccins et rappels coûtent relativement cher, y compris au Centre international de vaccination de Libreville situé au sein de l’hôpital spécialisé de Nkembo.

 

 
GR
 

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