Le Centre de rééducation Mot à Mot, fondé en 1993 par la première orthophoniste gabonaise, Monique Mozogo, est en proie à de nombreuses difficultés. C’est en substance ce qu’il ressort des propos de la fondatrice de cette structure de prise en charge des enfants trisomiques, déficients intellectuels, auditifs, paralysés cérébraux et autres autistes.

La fondatrice et directrice du Centre de rééducation Mot à Mot, Monique Mozogo, le 20 juillet 2021. © Gabonreview

 

Au terme de l’année académique 2020-2021, la fondatrice et directrice du Centre de rééducation Mot à Mot, Monique Mozogo, estime que le bilan est positif. Le 20 juillet, elle a fait savoir que ce bilan est positif dans la mesure où à la fin de l’année, plusieurs pensionnaires «qui parlent, lisent et comprennent ce qu’ils lisent», devront être intégrés dans un système éducatif normal. Malheureusement, le centre ne bénéficie d’aucune subvention pour fonctionner.

Crée en 1993, le centre Mot à Mot prend en charge les enfants en situation de handicap, précisément les trisomiques, autistes, les déficients auditifs présentant des troubles de langages, retard de langages, troubles de comportement. La tranche d’âge des enfants reçus au sein de cet établissement varie entre 3 et 12 ans. «On a réussi à orienter un peu plus de 8 élèves à 12 élèves en pédagogie. Mais un enfant handicapé n’apprend pas vite. Il n’apprend pas lentement. Il apprend autrement. C’est ça la pédagogie adaptée», a fait savoir Madame Mzogo qui, avec ses collaborateurs, n’en peuvent plus du sort qui leur est réservé par leur tutelle.

«Au départ, Mot à Mot est une association». «On s’était entendu avec la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) d’adapter les tarifs sociaux, que ce soit en rééducation ou en prise en charge éducative et pédagogique», a-t-elle dit. «En Europe, une prise en charge d’un enfant handicapé qui demande l’intervention d’un ergothérapeute, d’un psychomotricien, de tous les spécialistes est de 250 euros (164.000 francs CFA) par jour, parce que ce sont des enfants qui ont des troubles de comportement, qui ne sont pas autonomes. C’est-à-dire que dans la vie quotidienne, ils ne savent même pas aller aux toilettes».

En d’autres termes, il faut prévoir au moins 4, 9 millions de francs CFA par mois pour la prise en charge d’un seul enfant. «Il nous manque du personnel», a regretté Monique Mozogo qui précise que lorsque «vous avez six ou huit enfants dans une salle, il faut au moins cinq intervenants. Ça peut être des vacataires comme ça peut être des permanents. Nous avons ce problème-là».

Si le problème de personnel se pose avec acuité, celui des moyens financiers l’est autant. «Normalement, on a toujours eu une Convention avec les Affaires sociales. La dernière Convention a été signée en 2017 par Biyoghé Mba qui nous donnait droit à l’affectation du personnel et à une petite subvention».

Selon Monique Mozogo, le ministère des Affaires sociales a récemment indiqué que la Convention est caduque. «On ne nous a envoyé aucun courrier pour nous le signifier, parce qu’il faut quand même adresser une correspondance pour dire que la Convention signée en 2017, et qui n’a même pas encore fait dix ans, est caduque». «Je ne trouve pas ça normal», a-t-elle fustigé.

20 millions, c’est vraiment dérisoire !

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Rappelant avoir participé à la mise en place et dirigé quelques services de la Fondation Horizon nouveau, la promotrice de Mot à Mot fait savoir que ce centre mis en place par l’ancienne Première dame, Edith Lucie Bongo, bénéficiait jusqu’à récemment de 600 millions de francs CFA de subvention. «Ce n’était pas pour rien. C’est parce que les enfants handicapés coûtent plus chers que ça», a-t-elle précisé, avant d’ajouter : «on nous avait accordé 20 millions l’année dernière. Mais je ne les ai jamais eu». «Il faut les nourrir, les éduquer, les transporter. Il faut payer les vacataires, il faut acheter la nourriture. Si on donne 20 millions, c’est vraiment dérisoire. Et pourtant je sais qu’on peut donner plus», a-t-elle regretté.

La promotrice de Mot à Mot et ses collaborateurs sont davantage frustrés d’autant plus que le personnel qui lui a été affecté a été réaffecté dans d’autres lieux. «Non seulement on ne donne rien, mais en plus on enlève le personnel qui travaille ici. On avait des fonctionnaires qui n’avaient pas de postes budgétaires. Mais dès qu’ils ont eu des postes budgétaires, ils ont été affectés. Ce n’est pas Mot à Mot qu’on est en train de sanctionner, mais les enfants du Gabon, les enfants handicapés qui n’auront pas de prise en charge» a-t-elle dénoncé, se demandant «à quoi sert le ministère des Affaires sociales».

Le centre participe à des projets mis en place par la Fondation Sylvia Bongo Ondimba, a des conventions avec l’Université Omar-Bongo, l’Institut national de formation d’action sanitaire et sociale (Infass) qui y envoient des stagiaires. Il y en a qui viennent de l’extérieur du pays pour y préparer leur mémoire. «Malheureusement, lorsqu’on forme ceux qui viennent de l’Infass, ils sont effectués dans les bureaux, sauf dans les centre comme Mot à Mot».

«Nous avons décidé d’aider la population. On veut emboîter le pas du chef de l’Etat qui demande d’être solidaire les uns envers les autres. Nous on se disait qu’on peut former du personnel et ouvrir d’autres centres en province et même à Libreville. Il faut aider la personne handicapée. Les parents n’ont pas demandé à avoir des enfants handicapés». Malheureusement, l’Etat botte en touche.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. L.Egazo dit :

    Bonjour,

    Existe t-il un lien sur lequel faire un don pour cette association?

    Cordialement.

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