Par le Bureau pour l’Afrique centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA)

Pour le président Ali Bongo « l’économie verte s’annonce, en effet, comme un des vecteurs de l’économie mondiale du XXIème siècle et notre pays dispose des atouts pour y devenir un grand acteur ». © Gabonreview/Shutterstock

 

Le passage d’une économie basée sur l’extraction de pétrole ou économie brune à une économie verte est un processus dont l’appropriation, au-delà du discours officiel volontariste, nécessite un accompagnement des institutions et organismes outillés en la matière. Ceci est d’autant plus vrai pour des économies en quête d’émergence ayant opté dans le passé pour un modèle de développement centré sur l’extraction des matières premières et des énergies fossiles, dont les prix fluctuent souvent sur le marché international.

Avant l’irruption brutale de la crise sanitaire liée à la nouvelle maladie à coronavirus (covid19) qui a grippé l’outil de production et déstructurée les économies, le Gabon était déjà confronté à une conjoncture difficile du fait de la dépréciation des cours des matières premières sur le marché international. Cette situation était peu favorable à la croissance d’autant que l’économie gabonaise est fortement dépendante du pétrole qui représente 39% du Produit intérieur brut (PIB), 49% des recettes budgétaires et 85% des recettes d’exportation. Dans ce contexte, toute baisse des cours du pétrole entraine des conséquences néfastes pour le Gabon ; cette très forte dépendance à l’or noir appelle à une transformation structurelle de son économie. Et pourtant, ce ne sont pas les opportunités de diversification économique qui manquent.

Partant des insuffisances qu’offre le modèle de développement porté par l’exportation des matières premières non transformées, la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et d’autres partenaires ont mis en place un projet pour appuyer l’ambition du Gabon d’engranger d’importants bénéfices découlant de la richesse de ses forêts et de ses autres ressources naturelles. Ce projet du système des Nations unies vient en appui au Plan stratégique Gabon émergent (PSGE 2009-2025) dont le Gouvernement a fait une priorité dans le processus de valorisation et de préservation des écosystèmes.

Un pays aux potentielles immenses

Le potentiel forestier et naturel est énorme et son exploitation judicieuse apporterait indéniablement beaucoup de valeur ajoutée à l’économie nationale. Avec 23 millions d’hectares de forêt dense et riche couvrant 85% du territoire, plus de 15 millions d’hectares de terres fertiles, une biodiversité riche de 400 essences de bois et plus de 10 000 espèces de plantes, les potentialités pour le développement d’une économie verte sont réelles. Le gouvernement indique cependant qu’en 2013 les filières du Gabon Vert ne représentaient que 4% du PIB, pour une valeur cumulée de 355 milliards de FCFA, soit environ 615 millions de dollars. En 2025, ces filières contribueront à hauteur de 22% du PIB pour une valeur de 2 140 milliards de FCFA, soit près de 4 milliards de dollars.

Ces chiffres prouvent que l’économie verte pourrait constituer une réelle alternative au pétrole dont l’extraction extensive depuis des décennies a énormément contribué à la destruction de la biosphère. Tant en Afrique que dans d’autres régions du monde, l’exploitation du pétrole et du gaz contribue au changement climatique, à la dégradation de l’environnement, au déplacement des populations ; ce qui souvent engendre ou renforce des inégalités économiques et sociales provoquant parfois des conflits armés aux lourdes conséquences humaines et matérielles.

Ce projet « le Gabon et les Objectifs de développement durable (ODD) au-delà du pétrole : financer une transition rapide et durable d’une économie brune vers une économie verte » comprend deux principaux axes, à savoir la production et la consommation durable et la comptabilité du capital naturel (CCN). La première composante a pour but d’opérer la transition d’une économie brune vers une économie verte à travers l’exploitation durable des ressources forestières, minières et foncières dans le but d’intensifier la diversification économique et la transformation structurelle, de développer les chaines de valeur et de mettre en place des systèmes de production innovants permettant de créer des emplois. La seconde composante, quant à elle, repose sur un système de quantification et d’unités d’identification granulaire de l’ensemble de la biodiversité écologique du Gabon et de ses ressources minières et forestières dans l’optique d’évaluer leur valeur monétaire globale réelle et redéfinir le niveau de richesse du pays.

Depuis plus d’une décennie, les autorités ont lancé le plan Gabon Vert dans l’optique de donner une nouvelle orientation à l’économie nationale. Cette démarche innovante résulte du plaidoyer des Nations Unies en faveur de la diversification des sources de revenus et de la préservation de la nature en vue de lutter contre les changements climatiques.

Pour le président Ali Bongo Ondimba « l’économie verte s’annonce, en effet, comme un des vecteurs de l’économie mondiale du XXIème siècle et notre pays dispose des atouts pour y devenir un grand acteur. Pour cela, nous devons préserver notre forêt et nous assurer que sa contribution à la lutte mondiale contre le changement climatique est rémunérée à sa juste valeur. Nous devons transformer entièrement notre bois localement à travers un artisanat et une industrie dynamique. Nous devons bâtir une agriculture, une pêche et une aquaculture modernes, garantissant notre sécurité alimentaire. Nous devons exploiter pleinement nos fortes potentialités dans l’écotourisme que nous confèrent nos immenses espaces forestiers », a-t-il souligné.

Plaidoyer pour une économie verte et diversifiée

La réalisation du PSGE nécessite plus d’engagement et de volonté de la part des autorités. La chute des cours du pétrole et le contexte économique difficile qui impactent sur le développement du pays ont fait passer le taux de croissance de 5% en 2019 à 1,5% en 2020.

Pour relever le défi du développement, la diversification économique s’impose comme une priorité pour le Gabon où les ressources pétrolières représentent actuellement 85% des recettes d’exportation du pays. Cette dépendance criarde au pétrole rend l’économie gabonaise vulnérable aux chocs externes, toute crise pétrolière pouvant entrainer une récession économique dans le pays et une mise en cause des progrès dans la poursuite des ODDs et de l’agenda 2063 de l’Union Africaine. Il est donc impérieux que le Gabon saisisse les opportunités offertes par l’économie verte pour repenser son modèle de développement car la bonne combinaison de toutes ces richesses devrait constituer un réel catalyseur pour son émergence projetée avant 2030.

En définitive, il revient au Gabon d’intégrer dans les principes guidant ses orientations stratégiques le fait que le développement durable exige des choix stratégiques pour le long terme, même si l’urgence de certains problèmes sociaux pourrait pousser les autorités à choisir des solutions rapides mais généralement peu pérennes. En outre, le Gabon devrait adhérer au principe que rendre la forêt plus productive ne doit pas se faire au détriment de ses autres missions écologiques, sociales et sociétales. Ce qui suppose que l’exploitation des ressources naturelles doit tenir compte de la protection des écosystèmes et la conservation de la biodiversité. Dans la même veine, il revient au Gabon de veiller à la valorisation des écosystèmes et des produits qui en sont prélevés ainsi qu’à la régularité et la durabilité de la production et en assurer une gestion équitable. A l’instar des autorités du pays, le système des Nations Unies démontre ainsi son engagement pour que le Gabon avance autrement mais surement, avec le programme « Gabon Vert ».

Le Bureau pour l’Afrique centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA)

 
GR
 

1 Commentaire

  1. diogene dit :

    La seule alternative c’est continuer avec ces crétins ou s’en débarrasser !

    L’économie verte quand on a pas d’économie, c’est pisser dans un violon…

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