Complicité de bradage des forêts via l’attribution de permis forestiers hors la loi, utilisation des comptes parallèles pour un décaissement rapide de fonds, documents brûlés dans l’enceinte du ministère des Eaux et forêts et bien plus. Au Gabon, plusieurs griefs sont faits au ministre des Forêts sortant, Lee White. A la suite de certains de ses collaborateurs, il a été interpellé depuis le 17 septembre «pour des besoins d’enquête».

Lee White serait-il aux portes de ‘’Sans-Famille’’ ? © GabonReview (Montage)

 

Dans la vague des remous nés de la prise du pouvoir par les Forces de défense et de sécurité au Gabon, les interpellations se poursuivent. Entre Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire ou B2 et Direction générale des recherches (DGR), plusieurs personnalités et cadres de l’administration se succèdent et y passent des nuits. Recherché par l’opinion au soir de la prise du pouvoir par l’armée et redécouvert lors de sa passation des charges au ministère des Eaux et forêts où il a été hué par les agents la semaine écoulée, Lee White se compte désormais parmi ces personnalités. Le 17 septembre, assurent des sources bien introduites, il a été interpellé «pour des besoins d’enquête».

Peu avant lui, certains de ses proches collaborateurs étaient pris dans la nasse. Parmi eux, le directeur des Forêts, Ghislain Moussavou, soupçonné de complicité d’exploitation illégale, complicité de détournements de fonds publics, faux et concussion, usurpation de titre et tentative d’intimidations. Des reproches tout aussi adressées à l’ex-ministre des Eaux et forêts qui serait entendu dans ce cadre. «Ce qu’on lui reproche c’est d’avoir été à la tête d’une organisation mafieuse», assure le secrétaire général adjoint (SGA) du Syndicat national des professionnels des eaux et des forêts (Synapef).

Bradage des forêts

Selon Maurice Steed Mve Angue, sous Lee White il y a eu plusieurs égarements. En matière d’attribution de permis forestiers, plusieurs fraudes ont été relevées par le Syndicat. Lee White, affirme le SGA du Synapef, a attribué, par arrêté, plusieurs permis forestiers hors la loi, y compris à des majors liés à l’Etat gabonais par des partenariats public/privé (PPP). A travers ces permis décriés, les forêts ou terres attribués dépassent la limite de la superficie autorisée par la loi. «Ce sont des arrêtés signés par ses proches collaborateurs dont le directeur général des Forêts et le ministre, lui-même, en passant par son conseiller juridique», a commenté le syndicaliste qui rappelle que c’est sur la base de ces éléments découverts et relevés qu’une plainte avait été déposé par le Synapef contre le directeur général des Forêts.

Selon la loi dans le pays, le plafond pour l’octroi des permis forestiers est de 50 000 hectares. Or, Lee White et ses équipes seraient souvent allés bien au-delà en octroyant jusqu’au double. «Nous avons retrouvé deux arrêtés dont l’un porte sur une superficie de 57 000 hectares et l’autre pour une superficie de 97 000 hectares. Soit le double de ce que la loi attribue», a fait savoir le syndicaliste qui y voit «des faits de complicité flagrante d’exploitation illicite de bois, qui impliquent directement le ministre», et pour lesquels il devrait répondre devant la Justice. «À par ces éléments, il y a des faits orchestrés par le même ministre», affirme-t-il évoquant un détournement de fonds publics.

Détournement de fonds, documents brûlés

La réglementation, affirme Maurice Steed Mve Angue, exige que toutes les recettes produites dans le secteur forêt/bois en termes de taxes, de redevance, d’amendes transactionnelles, et autres, soient logées dans un compte tenu au Trésor public. «Mais, monsieur Lee White a utilisé des comptes parallèles où il envoyait les opérateurs. La manœuvre consistait à envoyer les opérateurs pour pouvoir décaisser ces fonds le plus rapidement possible hors du circuit légal», a-t-il fait savoir. «Ce sont des faits flagrants, avérés dont il a été malheureusement à la manœuvre. Ce qui justifie le fait que la justice se penche sur son cas», a-t-il commenté.

Autre fait qui pourrait faire l’objet de son interpellation, la destruction de certains documents administratifs au sein du ministère des Eaux et forêts, peu après le coup d’Etat. À ce propos, la secrétaire particulière du directeur général de l’Environnement a été convoquée au même titre que le directeur lui-même ainsi que l’agent ayant mis le feu aux documents. «C’est par elle que l’ordre parti du directeur, a été exécuté. Elle aurait instruit un autre agent, en service à la direction générale, de brûler des documents. Ils ont été entendus de façon séparée pour pouvoir rétablir la vérité», a-t-il expliqué.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Yann Levy Boussougou-Bouassa dit :

    Je ne suis pas le conseil de Lee-White, mais sur l’octroi de certains permis d’exploitation en méconnaissance de la loi, je me dis qu’il s’agit peut-être de simples illégalités. L’article ne nous dit sans doute pas tout, mais en l’absence de soupçons de corruption ou de tout autre comportement qui tomberait sous le coup de la loi pénale,je ne vois pas pourquoi on inquiéterait une personne en charge d’appliquer le droit ou de l’éditer sur la seule base d’avoir méconnu les textes qui s’imposent à elle. Pour les autres griefs, la base des accusations me parait plus sérieuse.

    • DesireNGUEMANZONG dit :

      Bonsoir,

      « Nemo censetur ignorare legem » (Code civil de 1804 dit « Code Napoléon »). Nul n’est censé ignorer la loi. Une personne ne peut pas se défendre d’une action (d’un fait) qu’on lui reproche en disant qu’elle ignorait la loi, de manière générale.

      Toutefois, il y a la présomption d’innocence. Monsieur Lee White qui est suspecté d’avoir commis des infractions caractérisées est innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit démontrée par le Tribunal pénal. De mon point de vue, un faisceau d’indices peut devenir une preuve « évidente » (accablante, flagrante).

      Cordialement.

  2. DesireNGUEMANZONG dit :

    Bonsoir Mme Alix-Ida Mussavu,

    Dans la rubrique Environnement, vous avez publié un article dont le titre est le suivant. « Gabon: Lee White reçoit le rapport sur l’impact de la filière bois dans l’économie nationale ».

    Ce rapport a été établit par le Cabinet de réalisations d’études socioéconomiques Mays Mouissi Consulting et Ernst and Young.

    De 2014 à 2022, l’exploitation forestière a connu un bond de 231%. Tandis que l’industrie forestière a eu une progression spectaculaire de 292%. Le segment placage s’est accru de 525% (selon les sources).

    Comment ne pas voir un lien entre cette croissance fulgurante (exponentielle) du secteur avec le nombre d’attribution « illégale » de permis d’exploitation forestière?

    Dans votre synthèse de ce rapport, il n’y a aucune mention du nombre d’hectares exploités et du nombre de permis attribués. Alors qu’il existe une forte corrélation linéaire (potentiellement) entre le nombre de permis accordés, la superficie d’exploitation et la production forestière. On peut supposer également que la surexploitation de la forêt peut engendrer un conflit homme-faune.

    Cela aurait dû vous interpeller!

    Lee White n’est pas le défenseur de notre environnement. Il ne l’a jamais été. Il se comporte comme un « colon » en terre conquise et tire tous les profits à son avantage. Un mercenaire de la jungle (Tintin de RG) venu faire fortune. Qui était censé contrôler l’action de Monsieur Lee White? Le parlement? Le Premier Ministre? En tout cas les syndicats ont produits des alertes en tant que mécanisme de gouvernance du secteur bois.

    Pour le moment, il y a le dossier « forêt ». Peut-être comme qu’on aura un dossier « eaux » s’agissant des activités de pêche illicite et illégal, d’une part. D’autre part, il y a la question du financement de la dette par la mise sous cloche de notre territoire maritime.

    Cordialement.

  3. Kobbe dit :

    LA COMPETENCE QU’IL FAUT À LA PLACE QU’IL FAUT (dixit CTRI): ACTUEL MINISTRES DES EAUX & FORÊTS ?
    Parlant de Lee White, que la justice s’en charge. Il en va de l’intérêt de l’Etat et la population. Mais aussi que cette meme nous rende des comptes car elle n’a pas les mains si propre depuis Omar Bongo à nos jours (…)

    N’ayant jamais participer à la gestion de l’appareil d’État, notons que seuls le Gabon et le peuple Gabonais sont en droit de demander des comptes. La junte en place doit a déjà beaucoup à clarifier, nous s’y reviendrons (…)

    Néanmoins, la notion de l’homme qu’il faut a la place qu’il faut a été très accentuée par Olingui… Parlons-en. En effet, s’agissant du Ministère des Eaux et Forêts : parachutiste beret-rouge de profession, quelle competence le ministre entrant a pour gérer ce ministere ? Réponse s’il vous plait (…)

    • DesireNGUEMANZONG dit :

      Bonjour Monsieur Kobbe,

      Il était important de remettre de l’ordre dans le pays. Y compris au Ministère des Eaux et Forêts en particulier. « Des bords de l’Océan au cœur de la forêt, demeurons vigilants sans faiblesse et sans haine » disait George DAMAS ALEKA (La Concorde). Défendre notre territoire c’est précisément défendre notre souveraineté. Le militaire a ce rôle précis: la défense du territoire. Il a l’avantage d’être rigoureux dans son action. ‘Ce n’est pas un chien qui a été fait Ministre ». Un militaire est un homme de terrain qui a une connaissance précise de la cartographie terrestre et maritime du pays. Là où la France a ses bases militaires, elle a systématique une cartographie précise des lieux. On peut y voir par image satellite des zones de forêt dévasté et en faire un bilan. Le nouveau Ministre n’est pas là pour planter des arbres. Par son expertise, il va conduire, je pense, des enquêtes pour débrouiller un système que Monsieur LW a mis en place pour « détourner les fonds publics ». Il faut redonner au pays de vraies valeurs telles la protection du territoire et la défense de la Patrie (lire la Charte transitionnelle).

      Au final, Monsieur Lee White (LW) a agi sans le contrôle (ni l’aval) du Parlement, du Conseil économique, social et environnemental (dit CESE) et du Premier Ministre sorti (incapable de diriger un gouvernement ni en 100 jours ni en 200 jours). Qui est-ce qui a donné à Monsieur LW un crédit illimité pour vendre nos forêts et nos eaux? Quels mécanismes auraient dû alerter le pays pour mettre fin aux agissement de Monsieur LW et son Directeur si ce n’est ceux cités plus haut?

      « L’homme qu’il faut à la place qu’il faut » doit intégrer le mode de recrutement des hauts fonctionnaires d’Etat pour qui la gestion du bien public doit être un sacerdoce. Nos hauts fonctionnaires, avant, en oubliaient parfois leur mission pour s’enrichir sans qu’ils soient contraints de répondre de leurs méfaits.

      Aujourd’hui, il y a « un nouvel élan » produit vers lequel il faut se diriger pour sanctionner à la mesure des faits commis les personnes véreuses. La justice ne doit plus trembler cette fois-ci. Tout pêché capital se verra imposer une sanction. Tu ne volera point ton prochain!

      Cordialement

  4. Jean Jacques Q dit :

    Militaires et leurs vaisseaux faux opposants et les criminels qui se déclarent société civile. oublient toutes actions retourner à contre vous tous un jour. Se lee Write a donné les permis forestières aux gabonais quel est un militaire,criminels et mendiants opposants QUI PLANTE LA FORÊT AU GABON ? vendez ou protéger le vent obscurité,le sol, c’est comme l’or tout ça L’œuvre de Dieu,et non un individu

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