Le rêve d’une formation et d’un emploi dans la Fonction publique s’est transformé en véritable cauchemar pour des milliers de jeunes Gabonais. L’organisation calamiteuse du concours d’entrée à l’École de préparation aux carrières administratives (EPCA) a engendré des scènes de chaos et de détresse inqualifiables, semant le doute sur la capacité des autorités à prendre en compte les réalités du chômage des jeunes. Tour d’horizon d’un fiasco révélateur des défaillances du système.

L’EPCA, pris d’assaut par des milliers de postulants. © Facebook

 

Le gouvernement gabonais avait suscité l’espoir de milliers de jeunes en annonçant la réouverture tant attendue des concours d’entrée à l’École de préparation aux carrières administratives (EPCA). Avec 470 places à pourvoir cette année, ce rendez-vous devait permettre à nombreux d’entre eux, au chômage, d’accéder à une formation qualifiante et à de réelles perspectives d’emploi dans la Fonction publique. Mais dès le lancement des inscriptions, la désillusion a rapidement pris le dessus.

Un parcours du combattant et une procédure kafkaïenne

En haut, une postulante tombée dans les pommes. De nombreuses vidéos de son évacuation des lieux circulent sur les réseaux sociaux. En bas, un petit aperçu de la foule de candidats. © Facebook

Des scènes de pagaille et de désarroi ont marqué le processus de dépôt des dossiers pour le concours d’entrée de l’EPCA, prévu les 4 et 5 mai prochains à Libreville. Malgré les 470 places offertes pour cette session, qui devait répondre à l’engouement des jeunes gabonais en quête d’emploi, l’organisation lacunaire a transformé ce rendez-vous tant attendu en un véritable parcours du combattant.

Dès l’annonce de la réouverture des inscriptions, de nombreux candidats se sont heurtés à une procédure kafkaïenne de constitution des dossiers. Celle-ci les a obligés à sillonner la capitale, de l’EPCA située au PK12 (à 12 km de Libreville), jusqu’à l’École Normale Supérieure à la périphérie de l’Université Omar Bongo (UOB), en passant par les services du contrôleur budgétaire, pour obtenir les précieux bordereaux et quittances indispensables.

La goutte d’eau

Le point d’orgue de ce chaos a été atteint lundi 16 avril. Plusieurs centaines de candidats ont fait la queue dès les premières heures à l’ENS pour régler les frais d’inscription de 20 000 FCFA. Mais aux environs de 22h, l’administration leur a signifié qu’il n’y avait plus de quittances disponibles, les renvoyant chez eux, certains habitant des zones reculées et peu sûres en cette période de couvre-feu.

Face à la foule compacte et remontée, les responsables ont dû dépêcher un agent à l’EPCA pour signer les bordereaux, permettant enfin d’obtenir les quittances manquantes. Mais le mal était fait : cette désorganisation a poussé certains candidats à bout, avec des évanouissements et l’intervention des secours pour transférer des personnes à l’hôpital.

Des interrogations sur le processus

Au-delà du manque de préparation criant, c’est la réflexion sur les modalités mêmes du concours qui interpelle. Pourquoi avoir maintenu un processus d’inscription si laborieux, quand une plateforme en ligne aurait pu être mise en place ? Les frais de dossiers, représentant près de 500 millions de FCFA pour un nombre estimé entre 5 000 et 10 000 candidats, n’auraient-ils pas mérité une meilleure gestion ?

La polémique entoure aussi le critère d’âge limité à 33 ans pour les candidats externes, remis en cause par de nombreux chômeurs de longue date qui se sentent exclus de ce concours censé leur offrir des perspectives.

Un avenir inquiétant pour la jeunesse ?

Ce chaos soulève des interrogations profondes sur la capacité des autorités à prendre en compte la réalité sociale et les attentes de la jeunesse gabonaise. Bien que le gouvernement soit conscient de l’enjeu du chômage des jeunes, force est de constater que les moyens déployés pour y remédier semblent en décalage total avec les difficultés rencontrées sur le terrain.

Dans une période de crispations sur l’avenir de la jeunesse, cet épisode laisse un goût amer et alimente les interrogations sur un éventuel «génocide intellectuel» ou une forme de «terrorisme contre l’intellectualisme» dénoncés par certains observateurs à travers de nombreux posts sur les réseaux sociaux. Si de telles situations perdurent, comment espérer remotiver les jeunes gabonais en quête de perspectives et d’insertion professionnelle ?

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Le ministre de la fonction publique devrait démissionner, le directeur général de l’epca limogé. C’est quel pays de merde, on se rend compte aujourd’hui que le CTRI est le prolongement du régime PDG.

Poster un commentaire