Interrogé sur France Info ce 30 août, l’analyste africain Seidik Abba, ancien de Jeune Afrique et de France 24,  estime que la tentative de coup d’État au Gabon réunit tous les ingrédients classiques pour réussir. Il pointe l’impopularité d’Ali Bongo, affaibli depuis plusieurs années, et les tensions post-électorales.

Militaires surveillant le transport des urnes lors de l’élection présidentielle gabonaise, le 26 août 2023. © Reuters/Gerauds Wilfried Obangome

 

Dans un entretien à France Info, l’analyste spécialiste de l’Afrique Seidik Abba estime que la tentative de putsch au Gabon réunit «les ingrédients classiques d’un coup d’État».

Analyste reconnu de l’actualité africaine sur plusieurs médias (France 24, TV 5 Monde, RFI, Africa N° 1), Seidik Abba a été rédacteur en chef central de l’hebdomadaire panafricain Jeune-Afrique, chef du bureau parisien de l’agence Panapress et chroniqueur au Monde Afrique.

Le mandat de trop

S’interrogeant notamment sur la capacité d’Ali Bongo à gouverner, compte tenu de son état de santé, il estime qu’«Ali Bongo a peut-être fait le mandat de trop. Il était diminué par un accident cardiovasculaire depuis plusieurs années, beaucoup ne le sentaient pas capable de conduire une campagne présidentielle».

Pour Seidik Abba «les restrictions mises en place par le pouvoir à la suite de l’élection présidentielle ont ajouté de la tension» dans le pays, citant «la suspension d’internet et le couvre-feu», soulignant ainsi la méfiance grandissante entre le gouvernement et ses citoyens mais aussi ses adversaires politiques : «l’opposition soupçonnait déjà le pouvoir de vouloir inverser le résultat de l’élection présidentielle»

Pouvoir «impopulaire»

Amené à aborder la réaction populaire à la situation, Abba note une certaine apathie : «Pour l’heure, je ne vois pas beaucoup de Gabonais descendre dans la rue pour défendre ce régime», considérant ce dernier comme «impopulaire».

L’ancien rédacteur en chef de Jeune-Afrique estime qu’il reste à «voir comment [les militaires] vont prendre le contrôle des autres leviers du pouvoir et s’il y a une résistance de la part d’une poignée de loyalistes».

Pour lui, ce qu’il se passe au Gabon «est inquiétant pour la démocratie». Les récentes tentatives de putsch, non seulement au Gabon mais également au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le préoccupent. «Il y a une contagion inquiétante», s’inquiète-t-il. L’analyse pointue de l’actualité africaine exprime sa préoccupation face à la montée des pouvoirs militaires et s’interroge sur l’avenir de la démocratie dans la région. De plus, il questionne la position de la France dans ces développements, compte tenu de la tendance observée principalement dans ses anciennes colonies. «Le Gabon était un allié économique avec le pétrole… si le pays bascule, c’est un nouveau recul pour la France et son influence en Afrique», affirme Abba, rappelant par ailleurs la «présence permanente de près de 350 soldats» français sur le sol gabonais.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire