Plus de trois mois après la suspension de leur mouvement de grève, et alors même que les militaires ont vu leurs revendications prises en compte par le dernier Conseil des ministres, les magistrats attendent toujours le décret d’application lié à leur statut. Gare à une nouvelle paralysie du système judiciaire !

Germain Nguema Ella, président du Synamag, invité à sortir de son mutisme pour convoquer une AG sur le statut des magistrats. © Gabonreview

 

Le silence qui prévaut au palais de justice de Libreville n’a rien de rassurant. Bien au contraire. Près de quatre mois après la suspension de leur mouvement de grève, les magistrats syndiqués pourraient relancer le bras de fer avec le gouvernement, du fait de la lenteur observée dans la reconnaissance officielle de leur statut.

«Le 26 octobre 2023, la loi n°040/2023 du 26 octobre 2023 portant statut des magistrats fut votée et publiée le lendemain. Trois mois après avoir été publié, le décret d’application, pourtant déjà préparé, peine à être présenté en Conseil des ministres par le ministre de la Justice prétextant de ce qu’il serait dans le circuit en raison de la forte incidence financière qu’il revêt», s’étonnent des membres du Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) dans un courrier adressé au président de cette organisation.

Si les syndicalistes ont dû mal à croire aux explications de la tutelle, c’est parce qu’ils estiment que d’autres corps de métier semblent bénéficier de plus d’intérêt de la part des autorités. Sinon, «pourquoi des textes à plus forte incidence financière préparés par d’autres départements ministériels et, en un laps de temps présentés et adoptés en Conseil des ministres, ne suivent-ils pas le fameux circuit ?» s’interrogent-ils.

Vers une nouvelle AG

«L’expérience de la lutte doit vous permettre de percevoir en certaines actions de l’administration un dessein de fourberie et de roublardise», conseillent les magistrats au président du Synamag, Germain Nguema Ella, qu’ils invitent à convoquer une assemblée générale au plus vite. Ils ne manquent d’ailleurs pas de lui rappeler que la dernière AG, tenue le 29 septembre 2023, s’était soldée par la suspension de la grève pour une durée de trois mois.

Or, ce délai étant dépassé depuis le 29 décembre dernier, les choses ne se sont toujours pas arrangées. Aussi, la tenue d’une nouvelle concertation permettrait-elle, selon les syndicalistes, de «dire s’il y a lieu ou non de proroger le délai de trois mois accordé au gouvernement pour prendre les mesures utiles aux fins d’adoption du texte d’application du statut des magistrats». Cette AG aura également à statuer sur la question de la disponibilité des postes budgétaires ainsi que du retard observé dans la mise en solde des magistrats nouvellement intégrés et affectés.

Si une nouvelle grève pend au nez du gouvernement, les magistrats syndiqués assurent toutefois ne pas vouloir en arriver là. «Après avoir suspendu toute activité juridictionnelle pendant une année judiciaire,nous ne voulons pas revivre cette expérience qui a été fort dommageable à l’activité juridictionnelle, mais surtout au peuple gabonais au nom duquel nous rendons justice», écrivent-ils à leur leader.

 

 
GR
 

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