Selon une étude publiée le 23 juillet 2021 dans la revue Nature Communications et conduite par une équipe de chercheurs de l’université de Galway (NUIG) et du Cirad, au Gabon, les réseaux de parenté d’échange de graines façonnent les modèles spatiaux de la diversité des virus végétaux et influencent la propagation des virus du manioc.

Les virus du manioc menacent la sécurité alimentaire. © USAID

 

D’après une étude axée sur le manioc, l’interaction des systèmes de parenté et des réseaux locaux d’échange de matériel génétique influence la dynamique des métapopulations des virus responsables de la maladie de la mosaïque du manioc (CMD). Conduite par des chercheurs de l’Université de Galway et du Cirad, la diversité virale est beaucoup plus élevée dans les communautés qui échangent activement des boutures de manioc. Une menace majeure pour la sécurité alimentaire en Afrique.

En structurant les réseaux informels d’échange de semences des agriculteurs, les systèmes de parenté jouent un rôle clé dans la dynamique de la diversité génétique des cultures dans les systèmes de petites exploitations agricoles. Selon l’étude, au Gabon, les mariages jouent un rôle important dans la régulation des échanges de variétés de maniocs entre les communautés de petits exploitants et influencent la propagation des virus du manioc.

«Au Gabon, différentes règles de transmission des boutures de manioc prévalent en fonction des deux principaux systèmes de filiation. On a d’un côté une transmission qui s’effectue de façon privilégiée du côté paternel, ce qu’on appelle un système patrilinéaire, et une autre qui se fait du côté maternel, le système matrilinéaire», précise Marc Delêtre, chercheur à l’Université de Galway et co-auteur de l’étude. «Ces différents systèmes ont des effets contrastés sur la dynamique de la diversité génétique du manioc».

La mosaïque peut causer 95 % de pertes

En effet, selon l’étude la diversité du manioc au Gabon présente une structure phylogéographique forte, avec une diversité variétale élevée dans le sud et une faible diversité dans le nord, résultant de la forte division géographique matrilinéaire/patrilinéaire qui a contribué à maintenir des modèles régionaux de diversité génétique qui reflètent la répartition géographique des espèces patrilinéaires et sociétés matrilinéaires. «Comme de nombreuses maladies des cultures se propagent par le biais de matériels génétiques infectés, les systèmes semenciers locaux peuvent également faciliter la dissémination d’agents pathogènes transmis par les semences».

La mosaïque du manioc est l’une des maladies les plus importantes en Afrique pour les cultures. Elle peut causer jusqu’à 95 % de pertes sur une récolte. L’impact économique de la mosaïque est estimé entre 1,2 et 2,3 milliards de dollars chaque année. «Afin de ralentir la propagation de ces pathogènes qui constituent une menace grave pour la sécurité alimentaire en Afrique, il est donc nécessaire de bien comprendre comment les systèmes sociaux peuvent favoriser la transmission des virus», estiment les auteurs de cette étude.

 
GR
 

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