Ouvrant les travaux de la première convention annuelle du système judiciaire, le Premier ministre de la Transition a, au nom du général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, reconnu que «l’institution judiciaire gabonaise a failli». Entre corruption, concussion, contradictions et incongruités, les autorités de la Transition attendent du symposium des résolutions pour sauver le système judiciaire.

Raymond Ndong Sima ouvrant les travaux le 21 novembre. © Gabonreview

 

«Les antivaleurs de la corruption, de la concussion, du vol qui font beaucoup de mal à notre pays sont ici partagées dans le corps judiciaire», a admis à l’ouverture des travaux de la première convention annuelle du système judiciaire, le ministre de la Justice garde des Sceaux, Paul-Marie Gondjout. «Depuis longtemps, on a compris que celui qui possède le pouvoir a tendance à en abuser», a renchéri le Premier ministre de la transition. S’exprimant au nom du président de la transition, Raymond Ndong Sima a fait état de la désincarnation au Gabon, des trois pouvoirs définis par la Constitution tant dit-il, leurs rapports étaient devenus flous et illisibles.

«Cette grave dérégulation avait atteint son apogée avec la confusion des rôles des institutions dont certaines ne se privaient plus de sortir de leur champ de compétence», a-t-il relevé assurant que les fondamentaux de la République dont le principal pilier reste la séparation des pouvoirs, étaient totalement galvaudés. «L’institution judiciaire gabonaise a failli», a affirmé au nom du général de brigade Brice Oligui Nguema, Raymond Ndong Sima. Le Gabon, a-t-il confessé, avait atteint le fond du gouffre d’un déclin qui aurait ou pu être irréversible sans «le coup libérateur» réalisé par les Forces de défense et de sécurité (FDS). «L’occasion est donnée à la Justice de se ressaisir moyennant une autocritique sans complaisance», a-t-il dit.

Photo de famille à l’issue de l’ouverture du symposium. © Gabonreview

Sauver l’appareil judiciaire

Ce, à la suite de Paul-Marie Gondjout selon qui, le symposium devra parler de tous les maux du système judiciaire pour sauver l’appareil judiciaire. «Le président de la transition en fait un cheval de bataille pour paver la nouvelle République», a déclaré le Garde des Sceaux d’autant plus que, le Gabon s’est engagé dans une nouvelle ère dont l’axe majeur demeure l’édification d’un véritable état de droit qui implique que la Justice garantisse «la sécurité juridique sur le plan judiciaire». «Lorsque la Justice fonctionne mal il faut interroger la qualité et les capacités de ses ressources humaines ainsi que la fiabilité de ses instruments de travail au premier chef desquels, les textes de loi», a affirmé Raymond Ndong Sima.

Le symposium, croit-il savoir, est une opportunité unique pour moderniser le corpus juridique en le dépouillant des contradictions et des incongruités qui en pratique, nourrissent les inerties et les abus. «Le premier devoir du magistrat est d’être juste avant d’être formaliste», a déclaré le Premier ministre qui a exhorté les participants à porter leurs réflexions sur le besoin d’une Justice qui protège efficacement l’enfance. «Notre système judiciaire a été doté de juridictions pour enfants dont le fonctionnement est loin d’être satisfaisant», a-t-il relevé. «Il est intolérable que des enfants soient en détention préventive sans jugement pendant de longs mois, voire des années, au mépris de nos engagements internationaux», a-t-il ajouté.

Plusieurs attentes

Entre autres attentes, des résolutions fortes en faveur du renforcement de la protection de la veuve et de l’orphelin ainsi que des personnes vulnérables ; la mise en place dans de brefs délais d’un système d’assistance judiciaire efficace pour garantir l’égal accès de tous les citoyens à la Justice. «Le coût des actes de procédure judiciaire et extrajudiciaire doit figurer en bonne place dans vos échanges», a conseillé Raymond Ndong Sima qui a appelé les participants à accorder une attention particulière au phénomène de la lenteur judiciaire, généralement dit-il, «entretenue à des fins perfides et spéculatives au même titre que l’usage des mandats d’arrêt et des mandats de dépôt».

Les autorités de la transition invitent tout aussi les participants à se pencher sur la restauration des tribunaux coutumiers qui pourrait contribuer à la dynamisation du système judiciaire gabonais en désengorgeant les tribunaux d’un certain nombre de conflits. «De nos travaux et les résultats qui en sont attendus, sortiront des solutions porteuses d’espoir pour tous ceux qui croient que notre essor vers la félicité ne se fera pas sans une justice performante au service du peuple gabonais», a déclaré Paul-Marie Gondjout.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Maganga Octave dit :

    Paul Marie Gondjout est ministre de la Justice ? On est où là sauf dans kakocratie ? Vous blagues avec le pays…

  2. messowomekewo dit :

    La magistrature , comme l’armée était devenue sous le régime déchu un instrument de conservation du pouvoir. Le concours d’accès à l’ENM était organisé juste pour la forme, les tenants du pouvoir veillaient à ce que les leurs y soient majoritairement représentés, surtout au moment où les commissions électorales étaient dirigées par les hommes en toge noire. Ils n’essayaient même plus de faire semblant comme on dit, les pouvoirs exécutif et judiciaire avaient une communauté d’intérêts , de ce fait étaient confondus. Autant le dire, nous sortons d’une période très sombre de notre histoire et ensemble nous devons dire « plus jamais ça ». Certains de nos compatriotes ont pris de liberté avec les exigences du vivre ensemble, la seule alternative qui restait aux autres était l’exile dans le meilleur des cas, voire le suicide…

  3. DesireNGUEMANZONG dit :

    Bonjour Mme A.-I Mussavu,

    « L’institution judiciaire gabonaise a failli » selon le Général B.C. Oligui Nguema (Président de la Transition, Chef d’Etat).

    « Faillir », d’après le Petit Larousse illustré (2022, p.484), signifie : Ne pas faire ce que l’on s’est engagé à faire; manquer à (je suppose à ses obligations légales). Et le substantif « faillite » se définit comme l’insuccès (échec) complet d’une système.

    Faut-il comprendre, à la lumière du sens du verbe faillir, que le système judiciaire gabonais ait fonctionné, mais de manière imparfaite, contrainte? Donc ce qui est imparfait est à parfaire. Je m’inscris en faux par rapport à cette analyse. Car le système judiciaire gabonais n’a jamais fonctionné. Phagocyter par un système politique aux ambitions démesurées.

    Lorsqu’on établit un bilan de notre pays, au regard des inégalités criardes constatées actuellement, on remarquera que la justice a été un pilier de la dictature dont a profité la métropole française, une famille et leurs courtisans.

    Il y a un « contrat synallagmatique » entre les justiciables et les justiciers. S’il n’y a pas de justice (ne pas faire ce qu’on s’est engagé de faire), il n’y a pas de démocratie. C’est la justice qui rétablit la vérité et la dignité des hommes, en principe égaux devant la loi. Or dans notre pays, c’est deux poids, deux mesures. Il y a la justice des pauvres, expéditives (sur la forme vous avez raison, sur le fond il manque des preuves peut-on souvent lire dans ls décisions de justice); et la justice des riches, classée sans suite majoritairement. Car instrumentalisée.

    J’ose espérer que l’hibernation de la justice de notre pays ait permis un moment de réflexion et de prise conscience collective des attentes des gabonais.es. Bien vous rappeler chers (chères) professionnels (professionnelles) du droit que l’histoire n’est pas indissociable de la justice.

    Cordialement.

  4. vision dit :

    le Gref social du tribunal de premier instance de Port-Gentil est toujours non fonctionnel, toutes les requêtes et PV de non conciliation Transmis par l’inspection du Travail de l’Ogooué maritime restent toujours sans suite. Et les chefs d’entreprise continuent de bafoué la législation en vigueur dans notre pays

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