Gabon : l’offensive verte de la CDC pour conquérir les financements climat

Libreville a donné, ce lundi 15 septembre, le ton d’une mobilisation inédite pour la finance verte. Durant cinq jours, décideurs publics, acteurs privés et société civile se réunissent autour d’un atelier national voué à ouvrir les portes des financements internationaux pour la biodiversité et le climat, avec la Caisse des Dépôts et Consignations en fer de lance.

Photo pour la postérité, au terme du lancement des travaux. © D.R.
Sous les lustres de l’hôtel Radisson Blu, l’atmosphère respirait à la fois l’urgence et l’espérance. Urgence, parce que le Gabon veut tenir son pari de réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre. Espérance, parce que cette rencontre offre la promesse d’une autonomie financière verte. L’atelier, organisé par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) du Gabon, en partenariat avec l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable, se veut un laboratoire de savoir-faire et d’audace pour transformer des ambitions écologiques en projets bancables.
Un chantier pour l’autonomie financière verte

De haut en bas, la représentante du ministre de l’Economie ; celui du ministre de l’Environnement ; l’ADG de la CDC, Marius Nkori ; et quelques moments de la journée d’ouverture de l’atelier. © D.R.
Ouvrant la cérémonie, Huguette Nyama Ekoume Epse. Awori Onanga qui représentait le ministre d’État, ministre de l’Économie et des Finances, Henri Claude Oyima, représenté par a placé d’emblée le débat au cœur des réalités : «Le Gabon a toujours été à l’avant-garde en matière de préservation de la biodiversité et de promotion du développement durable. Mais les financements climatiques internationaux sont souvent complexes à accéder et nécessitent des capacités techniques et institutionnelles que nous devons renforcer.» Saluant l’initiative portée par l’Organisation Internationale de la Francophonie et l’IFDD, la Secrétaire générale du ministère de l’Econimie a ajouté : «Ce projet nous permettra de former cinquante experts locaux, notamment de la société civile et du secteur privé, aux montages de projets climatiques et à la mobilisation des financements internationaux.» Pour lui, l’enjeu est clair: «Nous devons renforcer les capacités de nos experts à concevoir et à mettre en œuvre des projets qui répondent aux besoins de notre pays et qui contribuent à la lutte contre le changement climatique et à la préservation de la biodiversité. »
La CDC, catalyseur de la finance verte
Le maître d’œuvre de la rencontre, Marius Nkori, Administrateur Directeur Général de la CDC, a décliné une vision ambitieuse :«Notre institution est appelée à jouer un rôle de catalyseur de la finance verte au Gabon.» Rappelant qu’en 2016 déjà la CDC a obtenu « le statut de partenaire de prestation pour le Fonds Vert pour le Climat, devenant ainsi la première institution de la sous-région à en être l’intermédiaire financier», il a détaillé les acquis : «Ce statut nous donne la capacité de gérer jusqu’à un million de dollars par projet pour financer des études de faisabilité. Au total, nous avons déjà administré près d’un milliard de FCFA à travers trois subventions, notamment au bénéfice du Conseil National Climat et de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux.» Pour Marius Nkori, l’objectif est désormais d’«accélérer la mise en œuvre de projets structurants et de renforcer l’impact de nos politiques publiques sur la biodiversité et le climat», en misant sur «des outils financiers innovants – obligations vertes, prêts durables, fonds d’investissement responsables – pour soutenir la transition vers une économie respectueuse de l’environnement.»
Une dynamique collective et citoyenne
Pour sa part, le ministre de l’Environnement, Mays Mouissi, représenté par son conseiller technique, a insisté sur l’élan partagé : «En renforçant les capacités de nos administrations, de notre société civile et du secteur privé, nous posons les bases d’une meilleure préparation des projets et d’une plus grande crédibilité vis-à-vis des partenaires techniques et financiers.» Avec gravité et conviction, il a lancé un appel : « Je vous invite à tirer le meilleur parti de cette formation, à vous approprier les outils et les connaissances qui seront partagés, et à vous en servir pour concevoir des projets porteurs d’impact, capables de transformer les ambitions du Gabon en résultats concrets pour nos populations et nos écosystèmes. » Et de conclure : «Les décisions et les initiatives que nous prenons aujourd’hui détermineront la qualité de l’environnement et la résilience de notre économie de demain.»
En structurant trois projets prioritaires alignés sur les politiques nationales, en développant des notes conceptuelles bancables et en tissant une synergie entre acteurs publics, privés et société civile, cet atelier de cinq jours s’impose comme une étape décisive. Il trace la voie d’un Gabon maître de son destin climatique, résolu à conjuguer vision, expertise et financement pour préserver sa biodiversité et bâtir une économie durable.

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