Par la voix de son président Guy-Pierre Biteghe, l’Organisation patronale des médias (Opam) a exigé mardi lors d’une conférence de presse à Libreville, le limogeage du président de la Haute autorité de la communication (Hac), Raphaël Ntoutoume Nkoghé. Celui-ci est devenu, selon ce collectif d’éditeurs de presse, un «bourreau des médias», eu égard aux récurrentes sanctions «arbitraires» qu’il inflige aux journalistes et entreprises de presse. 

Le président de l’Opam, Guy-Pierre Biteghé (au centre) lors de la conférence organisée au siège de l’Opam à Libreville, le 27 août 2019. © Gabonreview

 

«Au-delà de la simple mise en garde au président de cette institution, Monsieur Raphaël Ntoutoume Nkoghe, nous exigeons aujourd’hui son départ de la tête de cette institution. Car, il ne réunit pas les conditions et les exigences requises à ce niveau de responsabilité», a martelé M. Biteghé lors de la conférence organisée au siège de l’Opam à Libreville .

Pour l’Opam, la suspension par la Hac, le 22 août courant, pour une durée de trois mois du média en ligne Gabonreview et du journaliste Yves-Laurent Goma, correspondant de RFI au Gabon pour une durée de 2 mois, constitue les sanctions de trop.

Occultation de certaines lois

L’organisation patronale estime que la Hac qui s’est transformée en pourfendeur de la liberté d’expression au Gabon, occulte la pertinence des principes contenus dans la loi n°019/2016 du 09 août 2016, portant Code de la Communication en République Gabonaise. En cas de faute professionnelle, le texte juridique prévoit notamment, aux termes de son article 12 alinéa premier que «Tout professionnel de la communication est tenu de diffuser gratuitement, dans un délai de 48 heures, un droit de réponse ou de rectification, dans les conditions techniques et d’audiences équivalentes à celles du contenu mis en cause», la Hac opte systématiquement pour la suspension», rappelle l’Opam.

Celle-ci pense que Raphaël Ntoutoume Nkoghé bafoue ces principes et impose son dictat pour faire disparaitre de l’espace médiatique du pays la presse libre et non inféodée au pouvoir. Il viole régulièrement les principes et règles fondamentaux du Code de la Communication prévues aux articles 3 et suivants, notamment l’article 11 disposant que «toute censure en matière de communication, en dehors des cas prévus par la loi constitue une violation des droits de l’Homme». Il viole également l’article 19 de la Déclaration des Droits de l’Homme indiquant : «Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions».

Entreprises mises à mort et familles dans l’indigence

Les éditeurs de journaux ont rappelé les fermetures à répétition de l’hebdomadaire Echos du Nord débouchant sur de longues mises en « congés techniques » des employés du titre. Les suspensions de La Loupe, L’Aube et Moutouki ayant amené une réduction du personnel de 16 à 3 membres ou encore de Gabon Media Time et Gabonreview jetant respectivement dans l’indigence 10 et 9 personnes et autant de «familles qui seront privés eux aussi de salaires un mois avant la rentrée des classes», ont notamment été relevées. «L’Opam condamne vertement, la mise à mort des entreprises éditrice de presse et de la liberté d’opinion au Gabon par la Haute autorité de la communication», a fustigé l’organisation.

Entouré de tous les membres de son bureau,  le président de l’Opam a annoncé la mise en œuvre, très prochainement, d’actions graduelles pour endiguer les velléités «autoritaristes» de la Hac.

ICI, l’intégralité de la communication de l’Opam

 

 

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GR
 

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