Confrontés à la discrimination salariale alors qu’ils occupaient les mêmes postes et accomplissaient les mêmes tâches que leurs collègues du Groupe Sinopec, les employés de EIM Mine Power broient du noir depuis qu’ils réclament réparation du tort. Utilisateur de ces travailleurs, Sinopec garde le mutisme. Lors d’un point-presse, le 31 octobre à Libreville, le Conseil de cette PME, Ruffin Nkoulou-Ondo, a présenté les tenants et les aboutissants de cette affaire. Il invite les autorités de la Transition à jeter un regard sur le dossier.

Le Conseil de cette PME, Ruffin Nkoulou-Ondo, accompagné de la directrice, Muriel Meviane Dupre et du représentant du personnel, Gérard Philippe Ollomo Nkogho. © Gabonreview

 

Petite et moyenne entreprise gabonaise (PME), prestataire des services dans le secteur du pétrole, EIM Mine Power, basé à Port-Gentil, navigue en eaux troubles depuis un bon moment. Dans le cadre de ses activités, elle avait signé un contrat de mise à disposition du personnel avec le groupe Sinopec (Addax Gabon et Sino Gabon) en septembre 2021, pour une durée de trois (3) ans. Sauf que quelques mois plus tard, en 2022, l’un de ses employés a «découvert en court d’exécution du contrat l’illégalité de traitement, au niveau salarial, entre le personnel de la société EIM et celui du groupe Sinopec à partir d’une autre grille salariale en vigueur au sein du groupe». L’avocat, Me Ruffin Nkoulou-Ondo était donc face à la presse, le 31 octobre, pour présenter la situation qui prévaut et interpeller les responsables de Sinopec, mais aussi les autorités de la Transition.

À décembre 2023, a informé l’avocat, «la convention de concession qui lie le groupe Sinopec à l’État gabonais arrivera à terme». Du coup, il se demande «quel sort sera réservé à ces employés ainsi qu’à leur employeur, à la suite de ces agissements malveillants et frauduleux du groupe Sinopec ?» 

«À travail égal, salaire égal»

À la presse, Me Ruffin Nkoulou-Ondo a en effet expliqué qu’à la découverte de ce désaccord, «la question s’est posée de savoir si le salarié mis à disposition doit être moins rémunéré que celui occupant le même poste que lui au sein de l’entreprise utilisatrice». 

Pour lui, «la réponse à cette question est assurément et incontestablement négative à l’examen des textes de loi qui s’y rapportent». En République gabonaise, a-t-il fait noter, «à travail égal, salaire égal». L’article 13 de la loi n°20/2007 du 15 janvier 2008 dispose en effet que «le salaire de base du travailleur sous contrat de mission est au moins égal à celui prévu pour sa catégorie dans la grille salariale interne de l’entreprise utilisatrice». Mieux, l’article 14 de la même loi ajoute que, «outre le salaire de base visé à l’article 13, le travailleur sous contrat de mission bénéficie de primes et indemnités attachées au poste de travail occupé au sein de l’entreprise utilisatrice». 

Me Nkoulou-Ondo fait donc observer que «c’est la consécration du principe de non-discrimination consacré par le droit du travail gabonais, lequel principe est lui-même le corollaire du principe de l’égalité énoncé par l’article préliminaire de la Constitution gabonaise». 

Au bout de cette histoire, une grève des employés d’EIM Mine Power, une crise de confiance avec leur employeur. Depuis lors, a fait savoir le Conseil accompagné de la directrice générale de cette PME, Muriel Meviane Dupre, à l’effet de trouver une solution à ce problème, «le groupe Sinopec, saisi par sa contractante, a ouvert des discussions. Mais quelques mois après, il a unilatéralement décidé de ne plus recevoir dans ses locaux la société EIM pour débattre du sujet». 

«Nous avons été abusivement licenciés et financièrement grugés»

Il s’en suit alors, ont-ils ajouté, que «depuis le 9 octobre 2022, le groupe Sinopec n’a plus jamais adressé de demande de mobilisation du personnel à la société EIM, et ce, malgré la sommation interpellative du 2 mars 2023 qui lui a été adressée». Ce qui fait que la cinquantaine d’employés engagés dans le cadre du contrat de mise à disposition du personnel se retrouve à ce jour sans activité et dans une situation confuse. «Nous estimons que nous avons été abusivement licenciés et financièrement grugés», a dénoncé le Gérard Philippe Ollomo Nkogho, le représentant du personnel. 

S’il rappelle que le «Gabon n’est pas une terre d’impunité», il fait observer que «les écarts sur les indemnités et les primes sont grands». «Que l’État trouve une solution amiable pour tous. Qu’on ne nous laisse pas comme ça», a-t-il déclaré à l’endroit des autorités du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI).

Pour sa part, Muriel Meviane Dupre a indiqué que son entreprise est en banqueroute. «Nous avons essayé d’avoir un règlement à l’amiable, mais Sinopec est resté silencieux», a-t-elle dit ajoutant : «ce que nous souhaitons de tout cœur, c’est que les autorités se penchent réellement sur ce dossier». «Il est inadmissible que les faits de discrimination salariale soient visibles dans une entreprise», a-t-elle aussi dénoncé. 

Si le dossier se trouve en ce moment à l’Inspection spéciale du travail, Me Nkoulou-Ondo a voulu interpeller «parce qu’il y a urgence et des personnes qui vivent dans une précarité extrême, qui n’arrivent pas à payer leur loyer, à envoyer leurs enfants à l’école…». Il faut donc agir et vite d’autant plus que Sinopec pourrait quitter le Gabon avec ses entreprises Addax Gabon et Sino Gabon.  

 
GR
 

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