Affectés début octobre 2024 dans des structures sanitaires publiques à l’intérieur du pays, plusieurs dizaines de jeunes médecins et pharmaciens disent vivre un calvaire, d’autant qu’ils n’ont toujours pas obtenu leurs postes budgétaires et donc leurs salaires. Menaçant de déserter leurs postes respectifs, ils rappellent les autorités à leurs engagements.

Des membres du collectif lors de leur déclaration, le 3 février 2025 (capture d’écran). © GabonReview

 

«Allez et vos postes budgétaires vous suivront», les avait-on assurés. Trois mois après, la centaine de jeunes médecins et pharmaciens affectés début octobre 2024 dans des structures sanitaires publiques à l’intérieur du pays n’ont toujours rien vu venir. Aujourd’hui, ils menacent de déserter leurs postes respectifs si leur situation ne s’améliore pas dans les meilleurs délais. D’autant qu’ils disent avoir épuisé tous les recours possibles pour appeler l’attention des autorités. Lundi 3 février, réunis au sein du collectif baptisé «COLL-MP7», ils se sont résolus à faire une déclaration de presse, disent-ils, pour «tenir l’opinion publique à témoin».

Le collectif rappelle notamment que ses membres ont accepté ces affections en dépit de l’article 117 de la loi n°1/2005 portant Statut général de la Fonction publique disposant que la prise de service ne peut être antérieure à l’obtention du poste budgétaire. «Nous y sommes allés sans demande de garantie, car notre confiance d’une part en nos institutions […] est sans équivoque, et le demeure d’ailleurs toujours aujourd’hui. Et d’autre part [à cause de] la promesse de 400 postes budgétaires [faite] par le président de la transition, le 7 juin 2024 au cours de la cérémonie de remise des diplômes à la 42e promotion des médecins et à la 7e promotion des pharmaciens de l’Université des sciences de la santé (USS) dont il est le parrain», expliquent-ils.

«Nous avons atteint nos limites»

Seulement, les autorités ne semblent plus être en mesure de tenir leurs promesses. Or, le quotidien de ces jeunes Gabonais devient de plus en plus éprouvant. «Les conditions de travail et de vie sont très difficiles dans certaines localités où les médecins dorment dans des chambres d’hôpital, se ravitaillent en eau à des pompes publiques, où on évacue les patients en taxi faute d’ambulance», racontent-ils, assurant que les techniciens supérieurs et ingénieurs en maintenance biomédicale affectés en novembre 2024 vivent les mêmes réalités qu’eux.

«En dépit de toute la bonne volonté du monde, nous avons quasiment atteint nos limites non seulement financières, mais également psychologiques et physiques. Malgré la patience et l’attachement à notre pays, nos charges quotidiennes deviennent une pénitence en tout point […] Si, comme nous l’a toujours rappelé le ministre de la Santé, la médecine est avant tout un sacerdoce et que nous avons prêté serment, il est nécessaire de rappeler que cela est rendu compliqué par la non-perception de notre dû, chaque ouvrier méritant son salaire. Nous revendiquons de ce fait nos salaires, incluant bien évidemment les rappels de ces mois de travail», appelle le «COLL-MP7».

Si le collectif assure qu’il n’existait aucun suivi ni communication avec les autorités de tutelle jusqu’à ce que le ministre de la Santé requiert une séance de travail, le 31 janvier dernier. Aussi espère-t-il «une résolution rapide et efficace de cette situation pour tout le personnel médical concerné». À défaut, le groupe pourrait initier «un mouvement pacifique». L’objectif étant, là encore, d’appeler l’attention desdites autorités. «Si nous n’obtenons quand même pas satisfaction en dépit de tout cela, préviennent-ils, nous entrevoyons, à contrecœur, la possibilité d’un retrait collectif de nos postes d’affectation jusqu’à obtention effective et définitive de nos matricules et postes budgétaires. Bien entendu, nous ne souhaitons pas que les choses atteignent ce niveau, mais il devient extrêmement difficile de continuer à travailler sans aucune ressource au détriment de notre bien-être et de nos familles».

 
GR
 

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