Au Gabon, la quête d’une silhouette pulpeuse est devenue un phénomène de société. De nombreuses femmes, désireuses d’obtenir des formes généreuses et de prendre du poids, se tournent vers des solutions rapides et non réglementées. Sirop, comprimés ou encore pommades, souvent présentés comme des «produits miracle», posent un risque sanitaire grave et silencieux.

Pour prendre du poids ou pour augmenter les fesses, au Gabon, des centaines de femmes se mettent en danger. © GabonReview

 

Les produits de prise de poids ou formes, souvent vendus sous des noms tels qu’Apetamin, Heptolif, Super appétit, C4, aby Vita ou encore Nurabol, sont consommés sans aucune surveillance médicale le plus souvent par des femmes au Gabon. Les utilisatrices les achètent dans les marchés, tels que Nkembo, ou sur les réseaux sociaux, et les prennent à leur propre rythme, leur seul objectif  étant d’atteindre la silhouette désirée.  Mais derrière la recherche d’un corps de rêve se cache une réalité sombre, faite de dépendance et de problèmes de santé.

Entre addiction et problème de santé, les expériences sont multiples.  Une jeune fille de, 27 ans, W.A, témoigne de son parcours avec ces produits et des conséquences qui en ont découlé. «J’en ai pris de toutes les marques. À un moment, je ne pouvais plus manger normalement sans ça. Si j’arrêtais de prendre le sirop, je perdais complètement l’appétit. Je devais absolument en avoir un pour pouvoir manger», confie-t-elle, révélant une véritable dépendance.

D’après son témoignage, elle a commencé à prendre ces sirops pour grossir après avoir beaucoup maigri pendant la préparation de son baccalauréat. Un vendeur lui aurait conseillé de combiner le sirop Apetamin et le super appétit en comprimés, lui assurant que cela lui donnerait également des formes. Cependant, cette pratique a eu des répercussions inquiétantes sur sa santé. «À un moment donné, j’ai eu des problèmes d’étouffement, je n’arrivais plus à bien respirer», se souvient-elle. Malgré l’atteinte de la silhouette désirée, son bien-être général se détériorait. Elle a finalement décidé d’arrêter, regrettant amèrement son choix. « J’avais trop honte d’aller à l’hôpital pour expliquer ce qui m’arrivait. Dès que je décidais d’arrêter, je m’étouffais. C’était devenu comme une drogue», explique W.A., qui a retrouvé un appétit normal un an après avoir tout arrêté.

Des conséquences qui vont au-delà de la prise de poids

Une autre jeune femme, qui a souhaité rester anonyme, raconte les effets insoutenables des comprimés qu’elle a utilisés pour prendre du poids. «J’étais fatiguée en permanence, je passais mon temps à dormir. Ça m’empêchait d’être productive au travail. Je pouvais dormir de 11h à 17h, et quand je me réveillais, je voulais juste manger et retourner dormir. Ça rend gourmand. Je ne pouvais pas passer quatre heures sans manger », rapporte-t-elle. Ces produits, en altérant son rythme de vie, l’ont rendue incapable d’être productive et l’ont enfermée dans un cycle de fatigue et de suralimentation.

Des méthodes encore plus extrêmes et risquées

Certaines femmes, dans leur quête de formes, ne se limitent pas aux sirops et comprimés. Angelina E, 29 ans, résidant à Owendo, a reçu d’une amie en Côte d’Ivoire une pommade à base de fenugrec et de beurre de karité. L’amie lui a également conseillé une méthode très dangereuse pour un effet rapide : «Elle m’avait demandé d’ajouter de l’ail brûlé dans l’anus», s’est-elle ouverte.

Mais ce conseil n’était pas sans conséquences. En effet, elles ont été immédiates et douloureuses. «Non seulement je faisais énormément de gaz mais, en plus de ça, j’ai eu un écoulement du ventre d’environ quatre jours. C’était insupportable. J’ai tout arrêté», confie Angelina. Un témoignage qui, sans aucun doute, met en lumière le danger des pratiques non conventionnelles et des conseils non médicaux sur la prise de poids.

Du point de vue médical

L’infirmière de l’hôpital de Setrag et l’étudiant en médecine Gildas sont unanimes sur les risques liés à  l’automédication. Selon le corps médical, il est essentiel de consulter un professionnel de santé avant de prendre un quelconque traitement pour prendre du poids. 

Il révèle, par ailleurs, que la perte de poids peut être le symptôme d’une autre maladie sous-jacente, comme une anémie ou un problème hormonal qui nécessite un diagnostic et un traitement approprié. «La personne qui consomme ces produits est exposée à une surcharge pondérale. Et cette surcharge pondérale pourra lui entrainer des maladies cardiaques », autrement dit, d’après l’agent de santé, le corps en prenant  du volume peut entrainer le fait que le squelette ne  supporte pas le poids et peut lui causer des douleurs articulaires, surtout au niveau du genou.  Il est donc préférable de voir un médecin, car lui seul, peut : «Établir les causes réelles de la perte de poids, prescrire des médicaments pour stimuler l’appétit, tout en s’assurant qu’ils sont compatibles avec la santé du patient. Contrôler la prise de poids pour éviter la surcharge pondérale et ses conséquences sur la santé», précise l’infirmière. 

Pour Gildas, les produits en vente libre, sans encadrement médical, peuvent provoquer des dommages irréversibles sur le foie, les reins, le cœur et le système hormonal. «La prise de poids non maîtrisée peut rapidement mener à l’obésité et aux maladies cardiovasculaires, car ces produits sont souvent composés de substances chimiques», insiste-t-il. 

Ainsi, donc, bien que la beauté et la santé soient liées, il est important de souligner que la quête de la beauté ne devrait jamais se faire au détriment de la santé, car les critères de beauté changent aussi vite que les saisons, et si la santé est le prix à payer pour les atteindre, est-ce que ce jeu en vaut vraiment la chandelle ? Peut-être que la seule compétition qui vaille est celle de s’aimer soi-même, peu importe la silhouette, et de faire de notre bien-être la plus belle de nos récompenses.

Thécia Nyomba (Stagiaire) 

 
GR
 

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